Citations sur La charmante librairie des flots tranquilles (28)
Zoé avait été une enfant joyeuse, qui aimait lire et ne se livrait pas souvent à l'introspection.
Quand elle avait passé une mauvaise journée à l'école, elle lisait Le Club des cinq, où l amitié était assumée et allait de soi ; dans le cas contraire, elle ouvrait Charlie et la Chocolaterie, où les souhaits d'un enfant sage et gentil se voyaient exaucés. Lorsqu'elle s' apitoyait sur son sort. elle choisissait What Katy Did, imaginant avec effroi être clouée au lit. Et quand elle était de bonne humeur, elle se plongeait dans La Forêt enchantée pour s'inventer ses propres mondes.
En résumé, elle s' automédicamentait avec ses lectures.
Des tas de gens vivent des choses tristes. Ils se lèvent le matin et gardent le sourire, alors qu'ils ont vécu des choses qu'on ne peut même pas imaginer.
- Alors. Les livres nous aident à tenir le coup et à mon avis, sont donc le meilleur des remèdes, mais tous les goûts sont dans la nature.
Elle avait troqué les trains sales et suffocants contre le grand air, dans lequel flottaient des odeurs de feux de joie ; le claquement des griffes de rats sur les rails du métro contre l’envol majestueux d’un aigle au-dessus des collines, le dandinement rigolo d’une perdrix partie en vadrouille, les oies sauvages sur l’eau, les hérons, les phoques qui prenaient un bain de soleil sur les rochers.
C’est ce qui est à l’intérieur du livre qui est important. Les mots qui restent en vous et qui vous accompagnent. La couverture, ce n’est qu’une couverture.
Zoe demanda à Patrick et Hari, chacun affublé d’une paire de bottes en caoutchouc trouvée dans le local, de sortir ramasser des feuilles sur la pelouse avant le petit déjeuner ; ils revinrent avec des feuilles rouges, orange et jaunes, aux couleurs éclatantes ; on aurait dit un grand bol de bonheur.
– Bref, quoi qu’il en soit, c’était un code. Le mot book vient du mot beech, « hêtre », les livres étant faits à partir de cet arbre, à l’origine. Les gens savaient qu’ils pouvaient venir cacher leur bibliothèque ici.
Mais, en qualité de lectrice [tous les écrivains sont des lecteurs qui ont fait un pas de côté], je ne suis pas vraiment certaine de croire en cette « vraie vie ». Je sais qu’une telle affirmation constitue une terrible trahison, mais, avouez-le, murmurez-le, les livres ne surpassent-ils pas la réalité ?
C’est pour nous rappeler notre condition, qu’on ne fait que passer sur ces terres, qui ont toujours été là et le seront toujours. Cela nous rappelle de les chérir et d’en prendre soin, et que les possessions matérielles (les maisons, les tasses, les bijoux, tous ces trucs) ne durent pas et ne sont pas importantes.
Au départ, elle ne fut pas certaine de ce que c’était. Mais il y avait une possibilité, infime, que ce soit… que ce soit un genre d’optimisme. Une lueur d’espoir. Comme si quelque chose – un minuscule semis, après avoir passé tant de temps dans l’obscurité – commençait à sortir de terre.