Jérôme a quinze ans. Il est en colère contre à peu près tout ; ses parents, le monde, les monstres qui l'empêchent de dormir. Sur décision d'un juge, il est interné dans un centre de soins pour adolescents. Dans ce centre, il y rencontre «
les dragons ». Des enfants – parce qu'à quinze ans, on a tendance à l'oublier, mais on est encore un enfant, détruits par l'époque.
Dans ce centre, il rencontre surtout Colette. Crâne rasé, du noir sur les yeux, un anneau dans ne nez et les bras lacérés, des poignets jusqu'aux épaules. Il veut la sauver. Il veut qu'elle le sauve. Mais Colette veut mourir.
Une fois n'est pas coutume, le décor est planté.
Dans ce roman,
Jérôme Colin pousse un véritable cri d'alarme – c'est en tout cas comme ça que je l'ai ressenti, et se penche sur le mal-être des adolescents, sur la profonde détresse que certains d'entre eux ressentent. Parfois en raison de ce que leur famille ou entourage leur ont infligé. Parfois seulement parce qu'ils sont nés.
Il est vrai que, face à un adolescent, on a tendance à penser : « C'est un mauvais moment à passer », « L'adolescence est une période ingrate, mais tu verras, on s'en sort », oubliant parfois que certains d'entre eux débordent de colère, n'ont plus d'espoir, ne ressentent que de la souffrance face au monde tel qu'il est, tel qu'il devient.
Le récit de la jeunesse de Jérôme est captivant. Effrayant. L'auteur nous fait vivre ses sentiments passionnés – que ce soit sa colère contre le monde entier, ou son amour pour Colette, avec lui.
Par des mots justes et simples, des phrases très courtes et des chapitres aussi très brefs, l'auteur nous fait prendre conscience du monde dans lequel nous vivons : un monde où certains de nos enfants n'ont qu'une seule envie, celle de mourir.
Cette idée m'a glacée le sang. Même si les faits de société (et encore, je ne suis pas certaine que ce soit le mot le plus juste), qui nous sont relatés de plus en plus souvent, nous mettent déjà face à cette triste réalité. Les mots de
Jérôme Colin sont si justes qu'ils viennent encore accentuer ce malaise grandissant que nous devons tous ressentir face à cette réalité insoutenable.
Le pire, je crois, c'est lorsque Jérôme décrit
les dragons, qui vont partager son quotidien : « la rousse famélique », « le rondouillard coincé », « la petite brune qui caressait sa licorne », « le petit furieux » et « la petite qui pleurait » ; quel genre d'être humain peut un jour, ne serait-ce qu'envisager de faire subir de telles choses à un enfant ?
Mais, pour finir sur une note un peu plus positive,
Les dragons, c'est, certes un cri d'alarme, mais c'est aussi un bel hommage à ces soignants, thérapeutes, éducateurs, etc. qui font leur possible, au quotidien, pour aider ces enfants « perdus », pour tenter d'éloigner les monstres, tenter de les sauver… tout en sachant pertinemment qu'ils ne pourront pas tous les sauver.
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