Bruxelles.
Ivanka Jankovic, une jeune femme d'origine croate, qui se prostituait à l'occasion, a été assassinée.
Mais qui donc est ce Nikola Stankovic ? Un meurtrier ! Tout l'accable : images vidéo, le sang sur ses chaussures, l'appel téléphonique, ses empreintes digitales sur le lieu du crime, ses fresques gigantesques et très inquiétantes sur les façades des maisons bruxelloises que seul un maître de l'escalade tel que lui aurait pu accomplir, de nuit qui plus est, ses croquis préparatoires, le fait qu'il connaissait la victime…
Et quand policiers et psychiatres l'interrogent, tout ce qu'il déclare, c'est : « C'est pas moi ! »
Voilà qui est bien difficile à croire, mon bonhomme !
Critique :
Paul Colize n'est pas le premier à écrire un roman faisant référence à ces bien réelles fresques qu'un graffeur au talent exceptionnel a accomplies, de nuit, s'il vous plaît, sans échafaudage, probablement suspendu à une corde. Bien moins connue que
Paul Colize,
Clarence Pitz, nous a offert un magnifique thriller, «
Ineffaçables », dans lequel ces mêmes fresques sont le fil conducteur.
Il faut dire que l'indifférence n'était pas de mise à la vue de ces fresques gigantesques et que les réactions des spectateurs partaient dans toutes les directions. Les uns criaient au scandale et scandaient « Effacez-moi ça ! », tandis que d'autres se marraient en se demandant qui était le petit coquin qui provoquait de la sorte les autorités et la morale. D'aucuns s'interrogeaient sur la valeur artistique de ces oeuvres criant au génie et refusant qu'on les fasse disparaître, alors que les moralistes n'y voyaient qu'un faux art complètement dégénéré.
Paul Colize s'intéresse moins aux réactions de la population et des dirigeants qu'à l'homme qui a accompli ces prouesses. Son Nikola Stankovic est un Croate. Sa victime aussi. Nikola est un artiste très tourmenté. Il a de bonnes raisons de l'être. Enfant, il a été traumatisé par la destruction de sa bonne ville de Vukovar en Croatie par les Serbes. Et si encore seules les briques en avaient payé le prix ! Malheureusement, les êtres humains ont subi des dommages irréparables…
Pour la police, il ne fait aucun doute que Nikola est coupable. La question n'est pas là ! Ce qui compte, c'est de savoir s'il peut être jugé ou non ! S'il est déclaré « fou », pas de procès ! Il ira dans un EDS, Etablissement de Défense Sociale, où l'on place les cinglés, les timbrés, les percutés en tout genre, afin de les soigner car jugés irresponsables de leurs actes. Autrement, c'est la case « prison ».
Niko va avoir la chance de tomber sur un avocat qui ne demande pas à être payé pour lui porter assistance. Pourquoi ? Philippe Larivière est un homme généreux que l'affaire intrigue. Il se pose beaucoup de questions et veut sincèrement venir en aide à cet artiste sans le sou.
Plus étonnant, une femme dont, a priori, ce n'est pas la mission, va aider cet avocat. C'est elle, Pauline Derval, qui dirige l'EDS où est placé Niko afin de déterminer s'il est conscient de ses actes ou non. L'intelligence de cette femme la pousse à tenter de comprendre la personnalité des individus qui lui sont confiés plutôt que de les assommer de médicaments. La suite dans le roman de
Paul Colize…
C'est un roman bluffant où l'on retrouve des faits qui se sont déroulés à Bruxelles. Les fresques sont une réalité et en fin d'ouvrage son auteur s'exprime sans pour autant révéler son identité. Evidemment, ce que raconte
Paul Colize, cette histoire d'artiste croate traumatisé est purement imaginaire, mais mêlée aux épouvantables événements de la prise de Vukovar par l'armée serbe et ses milices composées bien souvent des pires crapules que la Serbie comptait à cette époque-là, le lecteur se retrouve plongé à fond dans le récit qui devient plus vrai que vrai.