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Ce que j'aime avec cet auteur belge, c'est la liberté totale avec laquelle il mène ses intrigues pour nous livrer des romans kaléïdoscopiques qui ne vont jamais exactement là où on les attend.

Cela démarre pourtant très classiquement par la garde à vue de Nikola Stankovic, 35 ans, artiste-peintre, pour l'assassinat d'une jeune prostituée croate comme lui. Tout l'accuse, ses empreintes, ses croquis, tout. Mais lui nie , sans pour autant collaborer avec les forces de police.

Forcément, tu te dis que cela va partir en enquête policière pour découvrir si oui ou non il a commis ce crime ... sauf que l'enquête à proprement parler est mené par un duo atypique composé par son avocat et la directrice du centre psychiatrique dans lequel il est interné en attente de son jugement. le polar rebondit et se transforme en thriller psychiatrique intime pour fouiller l'âme, le passé et les traumatismes refoulés de Nikola.

Puis l'intrigue rebondit encore ailleurs avec la thématique des mystères de l'art. Nikola est un graffeur génial, surnommé le Funambule pour ses performances, capables de peindre d'immenses oeuvres d'une rare violence en des lieux improbables. Il est évident que ces oeuvres sont emplies de messages, de symboles et que celui qui les décryptera saura la vérité. le pinceau pour dire lorsque l'artiste se tait.

Paul Colize ne s'arrête pas là et propose encore une couche de lectures qui, superposée aux autres, donner la clef : la dimension historique avec un des épisodes les plus sanglants du conflit yougoslave, les 87 jours de siège de la ville croate de Vukovar, ville martyre rasée par les nationalistes serbes après viols et massacres.

Tous les thèmes abordés le sont avec intelligence et justesse, chaque mot à sa place, ce qui rend ce roman inclassable souvent passionnant, incarné par des personnages attachants, jusqu'à une fin lumineuse faisant la part belle à la résilience et à la chaleur humaine. Paul Colize est un humaniste.

Lu dans le cadre du Club Sang Bepolar.com
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Peut-être pour ceux qui sont belges, avez-vous déjà vu les fresques violentes qui ornent certains murs de Bruxelles ? Qualifiées de scandaleuses par certains, de chefs-d'oeuvre par d'autres, Paul Colize a imaginé que ces fresques nous racontaient quelque chose. Ainsi lui vient l'histoire de ce polar Toute la violence des hommes. Mon premier livre de cet auteur, conseillé par une lectrice qui se reconnaîtra, son enthousiasme et ses nuits blanches ont fait mouche chez moi. Merci dame Laurence, l'éclaireuse.

Banlieue de Bruxelles, une jeune femme est retrouvée morte, poignardée. Tout accuse Nikola Stankovic, pourtant celui-ci ne cesse de clamer son innocence « c'est pas moi ». Nikola surnommé le funambule, est l'auteur de fresques ultra-violentes comme celle sur la page de couverture montrant un égorgement. Nikola se terre dans le mutisme et semble prisonnier d'une souffrance indescriptible. Est-il coupable ? Qui est-il ?

Sa psychiatre et son avocat vont dénouer les pistes autour de ce meurtre et de ces fresques heurtantes. Petit à petit, on découvre l'histoire de Nikola né dans les années 80 dans l'ex Yougoslavie.

Je n'ai fait qu'une bouchée de ce thriller qui détourne les ficelles des polars habituels. Pas de flics, pas de scènes ultra gores mais une histoire sensible sur une période charnière de l'histoire pas si lointaine. La guerre en Yougoslavie. J'avais douze ans quand elle s'est déclarée et j'en tremble encore moi qui ai du sang yougoslave dans mes veines.

On vit ici de l'intérieur les traumas de la guerre. L'auteur fait revivre entre suspense et passages émouvants ce pan de l'histoire en y mêlant habilement réalisme, actualité, psychologie et ce, sans temps mort.

J'aime ces thrillers qui vont au-delà de leurs codes, qui osent nous toucher, nous couler, nous rendre insomniaques, ces thrillers qui touchent à la mémoire, à l'Histoire sans jamais nous perdre ou nous écoeurer.
Lien : https://coccinelledeslivres...
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Un roman graffiti !
Niko est un graffeur clandestin d'origine croate, surnommé le Funambule. Il a choqué Bruxelles par des fresques à la violence provoquante qui tapissèrent les parois vertigineuses des immeubles les plus inaccessibles de la ville. Rien à voir avec les gribouillis pitoyables d'un adolescent en rébellion qui bombe son pseudo, décalcomanie aussi ratée qu'un tatouage tribal sur un coup de soleil, sur les murs d'un supermarché ou d'un panneau électrique. Niko est un vrai artiste, marginal, provocateur, qui rappelle un peu Bansky.
Son anonymat prend fin quand il est accusé du meurtre d'une jeune femme poignardée sauvagement. Des esquisses de la scène du crime sont retrouvées chez lui mais l'artiste reste muet devant les policiers et ses juges. Il est transféré dans un hôpital psychiatrique pour que les experts diagnostiquent si l'équilibriste n'est pas trop déséquilibré.
Chaque chapitre de ce polar est une performance. Comme à son habitude, l'auteur belge dévore son lecteur en taguant le mur de l'intrigue de scènes rythmées au chronomètre, comme si sa prose devait respecter l'urgence créatrice de son personnage. C'est une narration addictive, partage d'adrénaline entre le lecteur et le peintre « sur » bâtiment. Ce n'est pas nouveau. Paul Colize aime aller à l'essentiel. C'est un auteur de refrains, il laisse les couplets aux maçons paveurs de l'écriture. Aux scènes de transition, il préfère ici les souvenirs d'enfance de Niko à Vukovar, en pleine guerre des Balkans. Dans ces passages, la plume se fait pudique à travers le regard d'un enfant de 9 ans, témoin innocent de l'horreur des bombardements, des exécutions et autres atrocités qui frappèrent les civils.
Son avocat des causes perdues et la directrice de la clinique, beauté arctique impitoyable (un rôle fait pour Isabelle Huppert) vont essayer de décrypter le faux du vrai dans les oeuvres de Niko et dans son passé douloureux.
Je suis d'ordinaire assez frileux face aux récits qui alternent passé et présent. Je les trouve un peu boiteux, les allers-retours claudiquant dans l'espace-temps du roman. Les flashbacks tiennent lieu de psychanalyse pour les personnages et je m'assoupis souvent sur la méridienne de leurs pensées. Mais, ici, la foulée du récit est aussi gracieuse que soutenue. Des morts mais pas temps mort. Les chapitres conversent et se répondent à travers les oeuvres de l'artiste urbain qui exorcise ainsi ses cauchemars.
Paul Colize ne raconte pas toujours la même histoire, évite le recyclage des idées reçues. Dans les ruines fumantes de Vukovar, l'auteur a délaissé son humour noir pour un style concis. Les mots s'effacent face à l'incompréhension et à l'effroi.
" Cela n'avait aucun sens (...) Les Serbes et les Croates parlaient la même langue, habitaient les mêmes quartiers, riaient des mêmes blagues, jouaient, buvaient, mangeaient, dansaient ensemble. La seule chose qui les différenciait était leur écriture. Cyrillique pour eux, latine pour nous. Personne ne penserait à se battre pour une question d'écriture."
Un roman que j'ai trouvé très abouti qui mérite bien qu'on lui tague une nuée d'étoiles.
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A Bruxelles où, ces derniers temps, les murs ont vu fleurir de vastes fresques ultra-violentes anonymement exécutées de nuit par un graffeur de talent, un homme d'origine croate est arrêté pour le meurtre d'une jeune femme retrouvée poignardée chez elle. Alors que tout l'accuse, l'assassin présumé s'enferme dans le mutisme, se contentant de nier sans explication. Placé en observation psychiatrique, il ne semble intéressé que par le dessin, pour lequel il fait preuve d'un véritable don.


Paul Colize a inventé cette histoire à partir des vraies fresques, impressionnantes par leur taille et leur violence, parfois inspirées de tableaux célèbres de la peinture classique comme le sacrifice d'Isaac du Caravage et Les corps des frères Witt de Jan de Baen, qui sont apparues ces dernières années sur des immeubles de Bruxelles, sans que leur controversé mais talentueux auteur se soit jamais fait connaître. L'écrivain a imaginé un personnage atteint de trouble de stress post-traumatique, qui aurait trouvé un exutoire dans l'expression graphique urbaine. le récit alterne entre l'enfance de Nikola Stankovic pendant la guerre de Croatie, et son séjour en hôpital psychiatrique bien des années plus tard. Il nous fait vivre les terribles siège et massacre de la ville de Vukovar en 1991, nous enferme dans une souffrance psychique qui risque de déboucher sur une réclusion physique définitive faute du diagnostic adéquat, et nous interroge sur la puissance de l'art, véritable élan vital aux manifestations parfois très peu conventionnelles.


Le roman entretient le suspense autour du sort de Nikola, doublement victime de la violence des hommes puisqu'à son traumatisme répondent la répression et l'enfermement. Dans son univers de noirceur tremblotent quelques lueurs d'espoir auxquelles, tout comme le lecteur, il va tenter de se raccrocher : son art, et l'humanité de quelques personnages atypiques et attachants.


Histoire terrible inspirée par de dérangeantes et anonymes oeuvres de rues, ce livre illustre le pouvoir libérateur de l'art, cri muet universel et irrépressible, que ni l'indicible ni l'oppression ne sauront jamais faire taire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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J'ai déjà eu le privilège de lire deux ou trois romans de Paul Colize et je dois avouer que c'est avec plaisir et sans aucune crainte que je me suis lancé dans la lecture de cet opus paru en poche de l'écrivain belge .
Bonne pioche . Autant le dire de suite , j'ai beaucoup apprécié ce roman inspiré à l'auteur par des fresques murales découvertes dans la capitale belge .L'idée pouvait paraître osée , voire farfelue , le talent du bonhomme a fait le reste pour tisser le canevas.
Bon . Au fait . Une femme découverte poignardée dans un appartement .Un coupable que tout accuse et dont le seul aveu est :" C'est pas moi ! " , style "cour de récréation"...Saluons au passage les "chères petites têtes blondes "et leurs maîtres et maîtresses qui , jeudi , dès l'aube ....
Deux personnages aussi différents que complémentaires , un avocat et une psychiatre , vont alors entrer en scène pour démêler l'imbroglio crée par Niko ,auteur de fresques aussi remarquables qu'ultra violentes , un moyen d'expression mystérieux derrière lequel se dissimule un message bien peu explicite pour les profanes;
Croatie . Serbie . La guerre et ses horreurs et " toute la violence des hommes ".Rien de bien nouveau , hélas , si ce n'est le talent de Paul Colize qui a su extraire la substantifique moëlle des évènements les plus abjects et les placer au premier plan du récit .
"C'est pas moi !".
Nous voici au coeur d'un roman profondément humain ancré dans la violence et qui révèle au grand jour les conséquences des exactions commises par l'Humain sur ses semblables . "Oeil pour oeil , dent pour dent ".
L'organisation en chapitres " intercalés ", bien que devenue assez classique , nous transporte dans " des ailleurs "où notre connaissance s'affine peu à peu et où nos convictions se désagrègent au point de nous ébranler fortement .
L'ambiance gagne en pesanteur au fil des pages jusqu'au paroxysme d'un dénouement à la hauteur .
Paul Colize est un excellent auteur belge que je suis avec beaucoup d'intérêt . Merci à lui et , si vous ne le "connaissez " pas , laissez vous séduire : c'est un " trés bon ", cet avis , naturellement , n'engageant que moi .A bientôt.
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- 1991 : siège de Vukovar, massacre de milliers de Croates par les Serbes, tortures, viols.
- Septembre 2016 : apparition de la première fresque anonyme, peinte de nuit sur un des murs de Bruxelles, un pénis. Elle sera suivie par d'autres fresques, dont une scène de pénétration, une tentative d'égorgement, un homme pendu par les pieds.
- Mars 2018 : meurtre d'Ivanka Jankovic, poignardée dans son appartement de Bruxelles.

Les 2 premiers faits sont rigoureusement exacts, le 3e est inventé de toutes pièces.
A partir de faits qui ont défrayé la chronique, Paul Colize a inventé un polar haletant, super bien ficelé, où tout s'imbrique, où l'humour n'est pas en reste même si le sujet ne porte pas à rire.
Véracité, humour, et psychologie.
Car Paul Colize, dont j'avais apprécié l'excellent « Back up », manie ces données avec brio.

Pour tout vous dire, j'ai commencé à lire ce roman qui dénonce la violence incessante des hommes hier soir, et ce midi, j'avais terminé.
Pas moyen de me détacher de l'histoire de ce Nikola, accusé du meurtre de sa compatriote croate Ivanka, et dont on vient de découvrir qu'il est l'auteur de ces fresques hallucinantes apparues sur les murs de Bruxelles.
Il est interné « en observation » dans un hôpital psychiatrique de Bruxelles, afin de décider s'il est responsable ou non de ses actes. La directrice de l'hôpital et l'avocat de Nikola vont essayer de dénouer ce mutisme qui le baillonne, et dont l'origine vient de son enfance, là-bas, pendant le siège de Vukovar…

Chapitres courts, phrases cinglantes, dialogues incisifs, descriptions concises et percutantes, tout cela exprime avec une maitrise incontestable l'univers des graffeurs, de la guerre et de toute la violence des hommes.

Paul Colize ? L'auteur belge de polars à suivre, à aimer, à lire !
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Nikola Stankovic est arrêté pour le meurtre d'Ivanka Jankovic. Tous deux sont d'origine croate habitant Bruxelles, lui est graffeur et, elle, serveuse dans un restaurant du centre. Elle se prostitue occasionnellement. Niko n'essaye pas de se défendre, il dit seulement: « C'est pas moi ». Pourtant, on a retrouvé le sang d'Ivanka sur ses chaussures et ses empreintes dans l'appartement. Il est incarcéré. Rapidement, face à son comportement et son mutisme, il est transféré dans un EDS, établissement de défense sociale. Il est placé en observation afin que l'équipe médicale évalue si oui ou non Niko est responsable de ses actes.
Un polar oui , il y eu meurtre, mais bien plus qu'un polar. le coupable est tout désigné. Mais deux questions se posent : et si ce n'était pas lui, le coupable? Et si c'était lui, pourquoi?
Son avocat, la directrice de l'EDS, l'aide-soignant vont tenter de comprendre ce mystérieux Niko et, ainsi tenter de retracer sa vie.
Le roman se construit sur deux récits parallèles et complémentaires. D'une part, l'enquête à Bruxelles et d'autre part, le récit de la vie de Niko depuis ses huit ans. L'auteur nous emmène sur les traces de la guerre en Croatie et plus particulièrement, la prise d'assaut de la ville de Vukovar par les Serbes.
Les mailles s'enchaînent et l'histoire se tricote. le suspens est maintenu et on ne peut s'empêcher de craindre le pire pour Niko ( perso, tout au long du livre, je lui voulais le plus grand bien qu'il soit coupable ou pas, amoral, me direz-vous mais lisez et, vous me direz si vous arrivez à ne pas vous attacher à Niko).
Les personnages sont remplis d'humanité et ont un même objectif: ce qui est le mieux et le plus juste.
L'auteur s'est inspiré des fresques murales ayant créé la polémique à Bruxelles en septembre 2016 et il en profite pour nous emmener au coeur du street art. de plus, en fin de livre, il nous fait l'honneur et le plaisir d'une interview du graffeur. Interview intéressante et touchante à l'image de ce roman.
J'ai complètement adhéré à ce roman et gros coup de coeur , un gros « Wouaw ». Auteur que j'ai hâte de relire. A vous de le lire, ne boudez pas votre plaisir et pour les non amateurs du genre, lisez-le aussi car il y a davantage de psychologie que d'hémoglobine. En écrivant cela, par contre, j'ai peut-être perdu les amateurs du genre... ;-)
Je termine, désolée d'être aussi longue, par un extrait de la 4ème de couverture qui résume bien le livre: « Entre Bruxelles et Vukovar, Paul Colize recompose l'Histoire. Au-delà de l'enquête, c'est dans les replis les plus noirs de la mémoire, à travers les dédales de la psychologie et la subtilité des relations humaines qu'il construit son intrigue. »
Belle lecture!

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Il y a un peu plus d'un an, je découvrais pour la première fois un livre de Paul Colize, « Un jour comme les autres », auteur dont j'avais dit le plus grand bien et qui partage la même nationalité que moi. Dès les premières pages, il avait su me conquérir par une plume tout en finesse et pourtant ô combien, forte.

Son dernier livre a eu le « malheur » de sortir très peu de temps avant le confinement puisqu'il est paru début du mois de mars. Vu l'ampleur de cette crise sanitaire, de nombreux livres ont vu leurs publications passées sous quasi secret suite à l'annulation des salons et foires, les médias couvrant sans cesse la maladie et l'attention des gens se trouvant obnubilée par ce qu'il se déroulait à travers le monde, dans une ambiance anxiogène. Ce livre en a été, hélas pour lui mais aussi pour les potentiels lecteurs, l'un des nombreux exemples malgré toutes les qualités qu'il comporte.

Si je ne le sors que maintenant de ma pile à lire, il y a une raison toute simple. Quand j'apprécie un auteur, je n'aime pas me lancer toute de suite dès la parution de son prochain bouquin. Pourquoi? Tout simplement, parce qu'une fois lu, je ressentirai indéniablement un manque et impatiente que je suis, je devrai pourtant attendre sa prochaine publication. Vu que j'avais besoin d'une lecture qui me captive, « Toute la violence des hommes » s'est dès lors retrouvée dans mes mains.

En tout cas dès les premières pages, voire même lignes, j'ai été happée par l'histoire de ce Nikolas Stankovic, graffeur à Bruxelles qui en vient à être accusé du meurtre d'une jeune femme, retrouvée lardée de coups de couteau. A titre de défense, il ne fait que répéter : « Ce n'est pas moi » et est envoyé en observation dans un établissement de défense sociale. Vient alors une enquête palpitante sur ce meurtre mais aussi et surtout, sur les origines de notre héros.

Deux choses m'ont particulièrement marquées dans ce livre. Tout d'abord, les investigations sont menées par un avocat de la défense et par une directrice haute en couleurs d'un centre de défense sociale. En matière d'originalité pour un thriller ou un roman noir, je trouve que le niveau est mis haut. Ces deux personnages ont des caractères diamétralement opposés et pourtant, leur union fera leur force (et voilà encore un petit clin d'oeil à ma Belgique;).

Ensuite, l'alternance entre les chapitres relatifs à l'enquête sur le meurtre et ceux consacrés au passé du protagoniste principal s'articulent judicieusement car l'un et l'autre amènent des éléments importants quant à la quête de la vérité. L'auteur, Paul Colize s' « amuse » à les semer petit à petit pour qu'au final, ils s'emboîtent magistralement.

Lire un livre se déroulant en Belgique fait que je redécouvre mon pays, toujours sous une autre facette, sous un autre regard et finalement, je ne m'en lasse pas.

Voilà donc sûrement l'un des derniers livres lus en 2020 (même s'il reste presque une dizaine de jours) qui va s'ajouter à mes coups de coeur littéraires de l'année. S'il vous manque l'un ou l'autre cadeau pour l'un de vos proches ou tout simplement pour faire plaisir aux amateurs de belles plumes, je vous le conseille très vivement!

Je remercie Agnès Chalnot et HC Editions pour leur confiance.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Bruxelles.
Ivanka Jankovic, une jeune femme d'origine croate, qui se prostituait à l'occasion, a été assassinée.

Mais qui donc est ce Nikola Stankovic ? Un meurtrier ! Tout l'accable : images vidéo, le sang sur ses chaussures, l'appel téléphonique, ses empreintes digitales sur le lieu du crime, ses fresques gigantesques et très inquiétantes sur les façades des maisons bruxelloises que seul un maître de l'escalade tel que lui aurait pu accomplir, de nuit qui plus est, ses croquis préparatoires, le fait qu'il connaissait la victime…
Et quand policiers et psychiatres l'interrogent, tout ce qu'il déclare, c'est : « C'est pas moi ! »
Voilà qui est bien difficile à croire, mon bonhomme !


Critique :

Paul Colize n'est pas le premier à écrire un roman faisant référence à ces bien réelles fresques qu'un graffeur au talent exceptionnel a accomplies, de nuit, s'il vous plaît, sans échafaudage, probablement suspendu à une corde. Bien moins connue que Paul Colize, Clarence Pitz, nous a offert un magnifique thriller, « Ineffaçables », dans lequel ces mêmes fresques sont le fil conducteur.


Il faut dire que l'indifférence n'était pas de mise à la vue de ces fresques gigantesques et que les réactions des spectateurs partaient dans toutes les directions. Les uns criaient au scandale et scandaient « Effacez-moi ça ! », tandis que d'autres se marraient en se demandant qui était le petit coquin qui provoquait de la sorte les autorités et la morale. D'aucuns s'interrogeaient sur la valeur artistique de ces oeuvres criant au génie et refusant qu'on les fasse disparaître, alors que les moralistes n'y voyaient qu'un faux art complètement dégénéré.

Paul Colize s'intéresse moins aux réactions de la population et des dirigeants qu'à l'homme qui a accompli ces prouesses. Son Nikola Stankovic est un Croate. Sa victime aussi. Nikola est un artiste très tourmenté. Il a de bonnes raisons de l'être. Enfant, il a été traumatisé par la destruction de sa bonne ville de Vukovar en Croatie par les Serbes. Et si encore seules les briques en avaient payé le prix ! Malheureusement, les êtres humains ont subi des dommages irréparables…

Pour la police, il ne fait aucun doute que Nikola est coupable. La question n'est pas là ! Ce qui compte, c'est de savoir s'il peut être jugé ou non ! S'il est déclaré « fou », pas de procès ! Il ira dans un EDS, Etablissement de Défense Sociale, où l'on place les cinglés, les timbrés, les percutés en tout genre, afin de les soigner car jugés irresponsables de leurs actes. Autrement, c'est la case « prison ».

Niko va avoir la chance de tomber sur un avocat qui ne demande pas à être payé pour lui porter assistance. Pourquoi ? Philippe Larivière est un homme généreux que l'affaire intrigue. Il se pose beaucoup de questions et veut sincèrement venir en aide à cet artiste sans le sou.

Plus étonnant, une femme dont, a priori, ce n'est pas la mission, va aider cet avocat. C'est elle, Pauline Derval, qui dirige l'EDS où est placé Niko afin de déterminer s'il est conscient de ses actes ou non. L'intelligence de cette femme la pousse à tenter de comprendre la personnalité des individus qui lui sont confiés plutôt que de les assommer de médicaments. La suite dans le roman de Paul Colize

C'est un roman bluffant où l'on retrouve des faits qui se sont déroulés à Bruxelles. Les fresques sont une réalité et en fin d'ouvrage son auteur s'exprime sans pour autant révéler son identité. Evidemment, ce que raconte Paul Colize, cette histoire d'artiste croate traumatisé est purement imaginaire, mais mêlée aux épouvantables événements de la prise de Vukovar par l'armée serbe et ses milices composées bien souvent des pires crapules que la Serbie comptait à cette époque-là, le lecteur se retrouve plongé à fond dans le récit qui devient plus vrai que vrai.
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Un bon p'tit thriller en mode pageturner de temps à autres, je ne dis jamais non. Un genre bien plus difficile qu'il n'y paraît, qui ne souffre pas la facilité dans laquelle certains voudraient parfois le faire tomber. Un travers que ne connaît pas Paul Colize, maître belge du genre, qui ne m'a une fois de plus pas déçu avec Toute la violence des hommes.

« C'est pas moi ! » Difficile de croire Niko quand il n'apporte que cette simple réponse alors que tout l'accuse du meurtre d'Ivanka, prostituée croate retrouvée assassinée au couteau avec des traces de la présence de Niko dans son appartement. Introverti et mutique, il est transféré pour observation au sein d'un établissement psychiatrique afin de déterminer sa responsabilité psychique ou plutôt, sa part de conscience des faits.

Peu à peu, le dessin et les clés cachées dans ses oeuvres graphiques, mais aussi la conviction bienveillante de son avocat et de la directrice de son innocence, vont aider ce street-artiste-graffeur de génie à libérer sa parole. Remontent alors peu à peu les traumatismes du passé : une enfance à Vukovar, l'invasion des tenants d'une Grande Serbie, le siège interminable, puis l'horreur et l'indicible. Puis la fuite, qui sauvera le jeune Niko.

En bon virtuose qu'il est, Paul Colize est appliqué dans la maîtrise technique (chapitres courts, dialogues secs, rythme tenu, pas d'abus de twist à deux balles) mais donne toute sa valeur ajoutée dans l'apport d'une dimension historique (la bataille martyre de Vukovar) et contemporaine (les mystérieuses et funambulesques fresques apparues en quelques nuits sur les murs de Bruxelles).

Si on ajoute une vraie réussite dans le traitement des personnages (qu'on pourrait même imaginer devenir récurrents), vous comprendrez pourquoi ces 300 pages ont été avalées d'une traite !
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