Toute la violence des hommes, elle vient de là elle vient des tripes. Les mots ne sont jamais les mêmes pour exprimer ce qu'est le Mal…
Paul Colize apporte depuis plusieurs romans sa pierre à l'édifice, et lapide certaines idées préconçues.
Exit pour un temps son humour pince-sans-rire, le ton est précis, parfois clinique (à raison), journalistique parfois. Mais à force de côtoyer certains personnages, l'émotion vient fleurir.
Il est question d'un meurtre, mais ce roman est assez inclassable. Pas vraiment un thriller, même s'il joue avec les codes du genre. Et toujours cette part importante de réalité qui est présente en fond, et qui donne du corps au récit.
Colize est un conteur mais aussi un auteur qui donne des clés pour comprendre, et qui dénonce également.
L'un des points de départ réel de son histoire est en lien avec des graffs qui sont apparus sur les murs de Bruxelles, il y a quelques années. Réalisés par un graffeur inconnu, qui a pris des risques inconsidérés pour les réaliser. Il a imaginé quelle pourrait être l'histoire qui se cache derrière.
Voilà une intrigue aux multiples entrées. Par le dessin, par le crime, par l'Histoire, par le traitement de la folie (du moins ce qu'on considère comme tel). Ce mélange de thématiques est passionnant et captive de bout en bout !
L'art est parfois rapproché de la folie. Alors, quand un graffeur aux dessins violents se retrouve soupçonné d'un meurtre sordide, la société se pose vite la question de sa santé mentale. A-t-il toute tête ? Vit-il dans notre réalité ?
Pour comprendre, il faut entendre. Manque de bol, le bonhomme reste mutique. Et, il est rare de trouver encore les personnes qui veulent bien écouter et déchiffrer. C'est ce que cherchent à faire son avocat et la directrice du centre où il est en « observation ». Deux personnages forts, complexes, qui se cachent sous des masques. Mais quand on creuse le vernis, on y découvre une vraie humanité.
C'est cette humanité qui permettra de déchiffrer les failles du « patient », celles venues de son passé. Touchant.
Tous les thèmes abordés le sont avec justesse, sans tomber dans certains excès trop courants de nos jours. Les chapitres sont donc courts. Une économie de mots, où chacun d'eux est pesé et à sa place.
Le livre est également l'occasion de dénoncer certaines conditions d'incarcération et d'internement, en Belgique (je doute qu'en France ce soit mieux…).
Toute la violence des hommes est un roman noir prenant et interpellant, à travers les mots justes, et le sens inné et unique de
Paul Colize pour en parler. Comme souvent avec lui. Et le cru 2020 est excellent.
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