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Citations sur Et toujours les forêts (246)

«  Corentin avait trop chaud, il avait trop sec. La ville l’étanchait.
La ville ensablée . La ville engluée, épaisse, opaque.
Tout manquait d’air .Tout arrivait feutré et hurlant en même temps. Le bruit se heurtait au silence des grandes peurs.
Tout continuait cependant.
Ça ne se voyait pas, qu’il ne manquait qu’une petite chose minuscule pour que tout s’enflamme .
Pour que tout s’écroule.
Le monde comme une ampoule » ...
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il pensa aux bébés endormis dans le lit avec Mathilde. le monde se remettait lentement en marche. Le monde avait un avenir.
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La lumière était dans le village.
A une fenêtre.
Petite lumière.
Il l'observa comme on observe un miracle.
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Il faisait beau ce jour-là et c'était injuste.
Il y avait trop de chagrin.
A nouveau quelque chose d'inconnu s'ouvrait, sans joie et sans impatience. Un bouleversement minuscule. Un enfant qui pleurait en silence dans une voiture rouge: cela ne changerait rien au monde.
Les arbres avaient commencé à perdre des morceaux d'écorce.
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Et qu’était devenu l’homme pour que, dans un monde où presque tout avait disparu, il s’obstine à détruire ses semblables un à un, à les dépouiller, à les achever ?
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Dévasté.

Y avait-il un autre mot ?

Corentin s’était assis à côté d’Albane, à côté des autres. Comme eux, il contemplait.

Mais contempler quoi ?

Tout ce qui était vif était devenu cendres.

Tout ce qui existait était détruit.

Tout n’était que silhouette noires et atrophiées et brûlées – les immeubles, les arbres, les voitures.

Les hommes.
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Marie se traînait dans la nuit sans pouvoir s’arrêter de pleurer. Elle finissait par ne plus avoir peur des Forêts, elle n’avait plus la force.
C’était la fin de l’été, il faisait tiède.
D’autres fois, cela l’aurait amusée de marcher en pleine obscurité en tenant la main à Jérémie – ou à Marc, n’importe lequel, pour la différence qu’il y avait. Ils auraient ouvert leurs mains à la brise, ils auraient écouté la chouette qui hululait même si Marie s’en foutait, ils auraient fait la course dans le noir. Ils auraient inventé des noms aux silhouettes des arbres géants, des noms rien qu’à eux, pour un monde rien qu’à eux.
Tout cela avait volé en éclats.
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Il écouta le silence de la nuit. Le souvenir des hululements des chouettes, des rossignols, des grillons était trop ancré dans sa mémoire pour avoir déjà disparu, il croyait les entendre, il se laissait bercer.
Et puis il y avait la détresse.
Cet univers où ses enfants ne connaîtraient jamais le cri des chouettes, des rossignols et des grillons.
Ni la couleur des fleurs, ni la brûlure du soleil. Pas le reflet argenté des poissons dans la rivière, pas la légèreté des graminées en fin d’après-midi dans la lumière de l’été, quand le vent les ondule – pas le goût des framboises que l’on écrase dans la main, ni celui des mirabelles ou des reines-claudes disputées aux guêpes.
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Alors, s'approchant du miroir, il comprit que le monde aurait gagné s'il devenait l'animal que lui renvoyait le reflet. S'il se bornait à manger à même la casserole, les mains prises dans les bouillies réchauffées au hasard des boîtes de conserve, s'essuyant sur ses manches, et quand ses manches seraient infectes, sur son pantalon déjà maculé de taches ; s'il oubliait qu'à présent il y avait Mathilde et Augustine et qu'il leur devait une sorte de retenue, celle qui l'empêcherait de se gratter comme un bestiau simplement parce que cela grattait, de baisser sa braguette pour pisser n'importe quand et n'importe où, de cesser de se laver, de puer et de s'en foutre, d'aller se rouler dans la boue avec l'Aveugle parce qu'il n'y avait rien d'autre à faire.
Il deviendrait moins qu'un homme s'il cessait de parler, s'il cessait d'espérer,
s'il cessait de créer pour chaque jour un but minuscule ; s'il fermait la porte du grenier en attendant que Mathilde lui apporte à manger, et il s'en tiendrait là, allongé sur le vieux plancher - manger, dormir, grogner, recommencer le lendemain, et le jour d'après, et tous ceux qui suivraient.
Et cela n'irait pas.

Homme.
Il était un homme et il aurait ce rôle jusqu'à son dernier jour, voilà ce qui prenait tout le dedans de sa tête.
Il serait celui qui tient les autres, et que personne ne tient jamais. Celui qui donne la main - pas celui qui la prend. Celui qui enveloppe, qui rassure, qui fait face, alors même qu'il crève de peur, de froid et de fatigue, celui sur lequel on compte et qui compte les heures qui le séparent du soir et les jours qui le séparent de la mort, là où l'on s'arrête, où l'on se repose enfin, oubliant qu'il faut mentir et être fort, et grand, et increvable.
Il serait tout cela - il fallait juste s'y habituer, se faire à l'idée.
Il le serait, il était revenu pour ça.
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Non, le pire, c'était le reste.
Mais il ne restait rien, alors - le reste, c'étaient les absences.
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