Il est des livres qui vieillissent moins bien que d'autres.
La piste du crime est de ceux-là.
Le roman, que j'ai lu en ebook sur la liseuse, est racontée par une narratrice. Soit. Mais elle n'est pas une héroïne de
Jane Austen, non. Elle est toute engoncée dans ce qu'elle peut et ne peut pas faire en tant que femme et affligée du plus vieux défaut féminin : la curiosité.
Elle était pourtant heureuse, en se mariant. Dès les premières pages, le lecteur sait pourtant qu'un événement est survenu qui a gâché son bonheur, puisque l'écriture est rétrospective. Il faut cependant le quart du roman, des atermoiements, des coïncidences un peu tirées par les cheveux pour que l'on découvre le « secret » de son mari, en même temps que Valéria. Rien ne serait sans doute arrivé si celle-ci n'était orpheline : des parents auraient demandé plus de renseignements sur leur futur beau-fils, et ne se seraient pas contentés de si peu. Rien ne serait arrivé non plus s'il avait eu confiance en sa femme. Celle-ci ayant découvert son secret, il la quitte, ne supportant plus de vivre avec elle. Vous avez dit « lâcheté » ? Non, délicatesse d'esprit ! Pour lui prouver son amour et sa bonne foi, Valéria va donc tout tenter pour innocenter son mari – mieux qu'un tribunal n'a su le faire trois ans plus tôt.
Ne croyez pas que le rythme s'accélère, Valéria passe son temps à présenter ses excuses pour sa témérité, à exprimer sa honte face à ce qu'elle a fait, à subir (et à suivre) les conseils des autres – je dois cependant dire que certains sont fort judicieux. Et les cent pages suivantes restent tout aussi statiques. Valéria lit, Valéria rencontre un ami de son mari, un personnage dont la difformité physique induit nécessairement (autre temps, autre idée) une déformation morale, une folie, dirait-on, bref, un être peu fréquentable, entouré de personnes à qui le qualificatif « d'humains » est à peine concédé.
Oui, il y aura quelques rebondissements, et si l'enquête nous mènera de l'Écosse à New York, l'héroïne se rendra en Espagne, au chevet de la petite nature qui lui tient lieu de mari. Les émotions violentes peuvent faire du mal à ce pauvre chéri. Tiens, déjà, à l'époque, on tenait compte du moral pour la guérison ? Magnifique ! Par contre, que sa femme, enceinte, s'épuise à son chevet, ne pose pas de problème – les femmes sont des infirmières nées, après tout.
Oui (bis), on saura qui est le coupable ! Ou la coupable. Encore heureux, au bout de 400 pages de lecture (sur 422). J'ai presque eu envie de dire « tout ça, pour ça ». Ce sont des choses qui arrivent…
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