Un titre prometteur et un pitch très alléchant, il ne m'en fallait pas plus pour me plonger dans cette lecture. Délicieuse, lecture je dois dire, qui nous amène à nous interroger sur la vie commune après vingt-cinq ans de mariage. La routine, les habitudes, la tendresse qui remplace peu à peu la passion, les enfants et le poids des années qui pourrait rapprocher mais qui sépare parfois.
C'est une crise de la soixantaine que vivent deux couples, amis inséparables, rencontrés au cours d'une croisière. Un coup de foudre amical qui leur permet de vivre en miroir les étapes fondamentales de leurs vies respectives.
Mais un beau jour, ça ne va plus.
Marta quitte Andrea, sans motif, avec la seule volonté d'être seule, vivre de manière indépendante. Elle n'a pas grand-chose à reprocher à son mari mais c'est un point final qu'elle oppose à leur mariage. Elle ne veut plus vivre une seule vie, linéaire, mais s'imagine pouvoir être une autre et multiple.
Laura est quittée par Piero, infidèle dans son mariage, il reproche à sa femme la place infime qu'il pense avoir dans son coeur, évincé depuis des années par l'arrivée de leurs enfants, déjà grands. C'est un prétexte, on l'imagine, prétexte usuel pour rejeter la faute sur l'autre conjoint et s'offrir une nouvelle autonomie. Mais peut-être que cela est révélateur d'un véritable mal-être, une souffrance d'homme qui ne trouve plus sa place dans la famille.
Au fil du roman on suit le fil des pensées de chacun des quatre personnages, ses idéaux perdus, sa vision du mariage, ses espoirs d'avenir. Et si la crise de la quarantaine était aujourd'hui remplacée par la crise de la soixantaine ?
En effet, j'ai pu constater dans mon entourage proche un revirement vers l'âge de soixante ans, un virage de la dernière chance. Comme si au final un élan courageux pour quitter l'être qui partage sa vie était une question de vie ou de mort. Maintenant ou jamais. La dernière chance pour partir ou rester à jamais.
Ce roman m'a fait penser à l'expression « l'herbe est toujours plus verte ailleurs ». Ces couples, qui ont vécu tant de choses ensemble, des étapes fondamentales, des joies, des larmes, du bonheur et du désespoir, peuvent vaciller car l'un des deux ne suit plus.
C'est une leçon de vie car pour être un couple il faut être deux, et Laura et Andrea, les deux personnages quittés ne comprennent pas. Ils subissent cette décision et se rendent compte que tout seuls, ils ne peuvent plus tenir le radeau de leur couple.
L'écriture de
Cristina Comencini est belle, limpide et décrit avec précision les ressentis et les sentiments de ses protagonistes. Souvent tendre, parfois cruel, poétique et drôle, ce roman est un bijou sur les sentiments amoureux qui perdurent, qui s'éteignent ou se réveillent.