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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est avec ce roman En attendant la montée des eaux que je découvre le talent de Maryse Condé. Née en Guadeloupe,diplômée de la Sorbonne en lettres classiques, elle a vécu longtemps en Afrique , Guinée, Ghana, Sénégal avant de rentrer en France et de se partager entre la Guadeloupe et les USA. Ce roman m'a littéralement envoutée . Je me suis laissée porter par l'écriture de Maryse Condé et par l'histoire de nos trois héros: Babakar le médecin, né au Mali d'une mère guadeloupéenne qui "fait peur" avec ses yeux bleus, Movar l'haïtien, analphabète ne parlant que le créole mais au coeur grand comme ça et Fouad le Palestinien établi en Haïti.Comment ces trois hommes se trouvent ils ? Pourquoi cette empathie entre eux ? Sans doute leur parcours chaotique, guerre, mort , misère , deuil, exil, leur envie d'aimer , de continuer à vivre si ce n'est pour eux que ce soit au moins pour les autres .
A travers le parcours de ces trois hommes c'est le parcours de centaines de milliers d'hommes femmes et enfants que Maryse Condé nous narre. Sobrement, simplement mais avec force les choses sont dites . Quand cette course au pouvoir, cette envie de détruire celui qui ne nous ressemble pas cesseront t'elles?
Un roman fort, douloureux, mais plein d'espoir, de tendresse ,d'amour et d'amitié . Un bien beau message .
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Écrit en 2010, l'année du tremblement de terre qui détruisit quasi entièrement Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, et fait plusieurs centaines de milliers de victimes, ce roman de Maryse Condé constitue lui-même un tsunami. On sort de sa lecture secoué par cette vision noire, très noire de l'humanité. Celle des Caraïbes et de l'Afrique, où se déplace notre héros Babakar au gré des tourments que lui vaut son "sang mêlé", mais bien au-delà, tant le propos semble universel. Corruption, haine de l'étranger, violence aveugle, perte totale de la conscience du bien et du mal, serait-ce là ce que des millénaires de civilisation ont construit, partout dans le monde ? Maryse Condé, dont on est pourtant habitué à l'amertume du propos, a fait très fort dans ce roman aux multiples personnages, morts et vivants, qui se battent pour assurer leur bonheur ou celui de leurs proches ou bien encore pour des causes en lesquelles ils ne croient même plus. Pauvre Babakar, qui voit tous ses amours détruits, et tente malgré tout de toujours se reconstruire et pratiquer ce qu'il sait le mieux faire : soigner, aider à naître, et à survivre, en dépit de tout…
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Après avoir lu « L'histoire de la femme cannibale » et l'avoir apprécié, je suis à mon deuxième titre de Maryse Condé que j'ai savouré grandement en tant qu'un magnifique récit, envoûtant sans une intrigue captivante, brossant les réalités du Tiers-Monde, des guerres civiles en Afrique, de la misère endémique d'Haïti et de ses imbroglios politiques.

J'aime beaucoup le style d'écriture de Maryse Condé. En tant qu'haïtien, j'apprécie sa riche prose dans un français créolisé où à ma grande surprise elle n'offre aucune traduction française des termes créole haïtien et guadeloupéen. C'est ainsi que l'on doit lire des mots et expressions comme : « pyé bwa » (arbre), « natif-natal » (natif du pays), « poto mitan » (personne principale), « volan » (peut-être du créole guadeloupéen : sorcière) – comprenne qui pourra pour les non-créolophones !

Elle écrit dans un langage raffiné, visuel et très descriptif, quelque fois ironique et moqueur et vous fait voir le monde à travers ses yeux d'auteure antillaise, ayant vécu en Afrique et possédant une profonde compréhension d'Haïti (non pas « de Haïti ») sur son histoire et sa culture. Une recherche sur Wikipédia rapporte qu'elle entretient un lien viscéral avec Haïti. Cela est évident pour moi car il me parait lire une écrivaine haïtienne qui a une révérence pour le pays et le présente dans toute la réalité de sa grandeur historique comme de son présent décevant.

Elle décrit également le Mali, sa ville de prédilection Ségou qu'elle a déjà traité dans d'autres romans, le Liban et la Guadeloupe. On comprend l'origine des personnages principaux dans des chapitres où ils racontent leurs différents récits. On comprend alors ce qui les lie ensemble et perçoit leurs visions du monde. Cependant je n'ai pas encore compris pourquoi le choix du titre et le rapport avec le récit. Toutefois je commence à adopter Maryse Condé comme un de mes auteurs préférés et ai hâte de lire son autobiographie : « La vie sans fards » où elle raconte sa liaison avec le journaliste de renom haïtien : Jean Léopold Dominique. Ce roman-ci fut pour moi un vrai régal littéraire et je le recommande vivement !
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Maryse Condé est une magnifique conteuse qui nous emmène avec ce roman en Afrique et dans les Caraïbes, pour une bonne part à Haïti. Les personnages, simples hommes et femmes déracinés sont pris dans l'histoire, dans les tourments politiques qui dévorent les vies, séparent les être qu'ils aiment et qui se ressemblent tous. Désabusé, Babakar s'accroche a l'enfant que la vie lui offre et à son beau métier "de femme". Il s'attache aux gens, se lie de fortes amitiés qui se délient ensuite tandis qu'il continue, son destin monte et descend - comme la marée, en attendant que tout soit englouti par la mer.

Un roman très proches des âmes, avec de belles personnes à la recherche non pas tant d'eux-même que de leur tribu.
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« En fin de compte, il retourna à la vie puisque celle-ci est toujours la plus forte. »

De vie, il en sera question tout au long de ce roman. La vie, dont mon livre est imprégné de l'écriture de Maryse condé : « La vie, rien que la vie. » m'écrit-elle d'une main un peu fatiguée par les années, mais l'esprit vif et le regard droit dans les yeux d'une lectrice venue pour elle un dimanche de fin d'été.

Le roman est construit d'une manière assez singulière, mais sans lourdeur ni flou. L'auteur utilise plusieurs narrateurs, comme pour souligner la complexité de ces vies .Au narrateur principal s'ajoutent les différents personnages qui interviennent et se font à leur tour narrateurs lorsqu'ils sont mis en lumière.

De ce livre sort une puissance terrienne assez indéfinissable mais bien perceptible. Pas la terre au sens matériau du terme, mais la terre comme un territoire, comme une matrice, un berceau.
Cette histoire s'imprègne de cette terre, de cette ile d'Haïti, mais et surtout de l'Afrique des origines. On y retrouve des personnages pétris d'une atmosphère et d'une culture qui peuvent paraître si étranges à nous occidentaux.

Maryse Condé nous retrace le parcours chaotique de trois hommes et d'une petite fille à la recherche de leurs origines. Et c'est un voyage entre Afrique, Guadeloupe, et Haïti qu'elle va nous offrir ; un voyage teinté de la présence des esprits, des ancêtres.

Babakar est un médecin accoucheur de brousse, doté d'une humanité et d'une sensibilité à fleur de peau. Médecin de la vie, confronté à la mort, dans une ile accablée de malheurs, il n' de cesse de vouloir conjurer le mauvais sort. Il est doté d'une fibre paternelle extraordinaire pour une petite fille, Anais, au regard…….

L'ambiance est envoutante, surnaturelle. Les esprits ne lâchent Babakar, avec une mère aux yeux si bleus qui peuplent les rêves de son fils, et lui fera un cadeau si inattendu…….

Dans un style magnifique, dans un phrasé qui par moment se veut poétique, à d'autre plus féroce, avec des phrases en créole ici ou là , Maryse Condé ne lâche son lecteur qu'à la dernière phrase.

« Il caressa tendrement la menotte et l'enfant ouvrit les yeux. C'est à ce moment là que tout se joua. Comme elle semblait le fixer, une émotion poignante se fit jour en lui tandis qu'une idée se glissait dans on esprit. »
« Un nègre aux yeux bleus, ô miracle ! »
« Quelle belle couleur que la couleur noire, l'envers obscur de nos rêves. »
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Un très beau roman d'une très grande dame de la littérature française, qui mériterait toute sa place.
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