« En fin de compte, il retourna à la vie puisque celle-ci est toujours la plus forte. »
De vie, il en sera question tout au long de ce roman. La vie, dont mon livre est imprégné de l'écriture de Maryse condé : « La vie, rien que la vie. » m'écrit-elle d'une main un peu fatiguée par les années, mais l'esprit vif et le regard droit dans les yeux d'une lectrice venue pour elle un dimanche de fin d'été.
Le roman est construit d'une manière assez singulière, mais sans lourdeur ni flou. L'auteur utilise plusieurs narrateurs, comme pour souligner la complexité de ces vies .Au narrateur principal s'ajoutent les différents personnages qui interviennent et se font à leur tour narrateurs lorsqu'ils sont mis en lumière.
De ce livre sort une puissance terrienne assez indéfinissable mais bien perceptible. Pas la terre au sens matériau du terme, mais la terre comme un territoire, comme une matrice, un berceau.
Cette histoire s'imprègne de cette terre, de cette ile d'Haïti, mais et surtout de l'Afrique des origines. On y retrouve des personnages pétris d'une atmosphère et d'une culture qui peuvent paraître si étranges à nous occidentaux.
Maryse Condé nous retrace le parcours chaotique de trois hommes et d'une petite fille à la recherche de leurs origines. Et c'est un voyage entre Afrique, Guadeloupe, et Haïti qu'elle va nous offrir ; un voyage teinté de la présence des esprits, des ancêtres.
Babakar est un médecin accoucheur de brousse, doté d'une humanité et d'une sensibilité à fleur de peau. Médecin de la vie, confronté à la mort, dans une ile accablée de malheurs, il n' de cesse de vouloir conjurer le mauvais sort. Il est doté d'une fibre paternelle extraordinaire pour une petite fille, Anais, au regard…….
L'ambiance est envoutante, surnaturelle. Les esprits ne lâchent Babakar, avec une mère aux yeux si bleus qui peuplent les rêves de son fils, et lui fera un cadeau si inattendu…….
Dans un style magnifique, dans un phrasé qui par moment se veut poétique, à d'autre plus féroce, avec des phrases en créole ici ou là ,
Maryse Condé ne lâche son lecteur qu'à la dernière phrase.
« Il caressa tendrement la menotte et l'enfant ouvrit les yeux. C'est à ce moment là que tout se joua. Comme elle semblait le fixer, une émotion poignante se fit jour en lui tandis qu'une idée se glissait dans on esprit. »
« Un nègre aux yeux bleus, ô miracle ! »
« Quelle belle couleur que la couleur noire, l'envers obscur de nos rêves. »