C'est peut-être tout simplement ça le choix que nous aimerions avoir : de quel mal nous voulons souffrir.
Se sentir inutile, c'est l'un des pires sentiments que peuvent éprouver les personnes âgées.
Mon père a toujours enfreint les règles pour protéger ceux qu'il aime. Ma mere les a toujours suivies scrupuleusement pour les mêmes raisons.
Je lâche prise comme un enfant qui lâche une grappe de ballons pour célébrer sa première rentrée à l'école primaire. Ils s'envoient tâches vives dansant dans la brise, mais je ne les suis pas du regard, je n'essais pas de les rattrapper. Il faut que fasse le vide pour donner le meilleur de moi même et répondre à leurs attentes.
Parce que c'est à nous de faire nos propres choix. C'est ça, l'important, non ? Il ne s'agit pas juste de notre histoire, ça nous dépasse.
Ky avait raison, personne ne s'intéresse au passé.
(Malheureusement dans cette société où les Officiels règnent).
Em est toujours ma meilleure amie. Même si nous nous sommes éloignées, nous avons grandi côte à côte, nos racines sont entremêlées à jamais. Et j'en suis ravie.
Maintenant que j'ai découvert comment voler, dans quelle direction dois-je m'élancer? Mes ailes ne sont pas blanches, elles n'ont pas de plumes. Ce sont des ailes de soie verte, qui frémissent sous le vent, ondulent au moindre mouvement.
Le temps que nous passons ensemble à la puissance d'une tempête, vent déchaîné et pluie torrentielle, trop forte pour être maîtrisée, trop puissante pour y échapper. Orane
Avec ce ciel d’orage en arrière-plan, les yeux de Ky prennent une autre teinte, comme s’ils reflétaient le gris des nuages. Une idée étrange me vient alors : peut-être n’ont-ils pas vraiment de couleur propre. Ils changent en fonction des vêtements qu’il porte, de la fonction que les Officiers lui attribuent. Quand il était en marron, ils semblaient marron. Maintenant qu’il est en bleu, ils paraissent bleus.
-A quoi penses-tu ? me demande-t-il.
Je lui dis la vérité :
-A la couleur de tes yeux.
Ma franchise le prend au dépourvu mais, bien vite, il sourit. J’adore son sourire, car il me permet d’apercevoir le garçon que j’ai connu à la piscine. Avait-il les yeux bleus à l’époque ? Je ne m’en souviens pas. J’aurais dû faire plus attention.
-Et toi, a quoi tu penses ?
Je m’attends à ce qu’il se ferme, comme d’habitude. Il va me donner un réponse stéréotypée, du genre: Je réfléchissais à ce que je vais faire au travail aujourd’hui ou : A l’activité que je vais choisir samedi soir.
Mais je me trompe.
-A chez moi, dit-il simplement, sans détourner le regard.
Nous restons les yeux dans les yeux un long moment, sans aucune gêne, et j’ai l’impression qu’il sait. Quoi, je l’ignore. Quelque chose sur moi. Qui je suis.
Il n’ajoute pas un mot. Il me dévisage avec ses yeux changeants, que je croyais de la couleur de la terre alors qu’ils sont de la couleur du ciel. Et je le fixe aussi. Nous avons passe d’avantage de temps à nous regarder durant ces deux derniers jours que depuis que nous nous connaissons.