Sentez- vous cet arôme âcre qui embaume vos narines!
Cette odeur chaude qui titille le matin au pied levé. Rien de tel qu'une tasse de café pour réveiller vos sens.
Raphaël Confiant propose dans son nouveau roman de découvrir les pérégrinations du café: de sa découverte en Abyssinie avec des chèvres danseuses à l'arrivée d'un plant de caféier à la Martinique.
Nous sommes sous le règne de Louis XV quand Gabriel-Mathieu de Clieu se pique d'aller aux Amériques. Ce dieppois devenu enseigne de vaisseau, fait son premier voyage sur le Maintenon pour arriver en Martinique. Sur cette île, il se lie d'amitié avec un mulâtre Théramène Claudius ( non Nothomb n'aura pas le monopole de ce prénom) qui l'initie à la culture de la canne à sucre. Adieu les plantations de tabac que de Clieu voulait instaurer.
Devenu propriétaire de terres et d'esclaves, il retourne en France pour trouver des plants de caféiers, dont la boisson est apprécié à cette époque pour sa nouveauté.
Pour se procurer les plants, il vole dans le jardin d'Acclimatation du roi deux arbrisseaux qu'il embarque sur une flûte équipée de marins aguerris.
La traversée est un véritable calvaire: la soif, la faim ,le calme plat de la mer des Sargasses, la folie des hommes et jusqu'aux pirates, rien ne sera épargné durant ce voyage épique. Mais de Clieu sauvera l'unique plant qu'il a bichonné durant la traversée jusqu'à se priver d'eau pour arroser son précieux trésor. Et depuis 1720 le café devient une denrée prospère dans toute l'Amérique du sud jusqu'au Brésil premier producteur mondial du grain noir.
Le talent de Confiant réside dans cette langue créole qu'il maîtrise parfaitement et qui donne du piquant au récit
Le roman se partage entre le journal de de Clieu et le récit de la propagation du café dans le monde sans omettre les rapports entre Békés et esclaves.
Je regrette cependant que les portraits soient peu nuancés: de Clieu courageux et entêté ou bien Mathurin horrible bourlingueur, esclavagiste et cruel.
Après cet hommage à un homme soucieux de faire prospérer la Martinique et la France, et cette critique plus ou moins réussie, une belle tasse de Lady Grey m'attend.