L'envol des anges, Flight's angels, c'est le nom du funiculaire depuis le centre de Los Angeles -appelée par les premiers colons espagnols la ville des anges- jusqu'aux collines environnantes. C'est le lieu du crime. C'est aussi l'occasion pour Connelly de nous présenter une ville en proie aux émeutes raciales, alimentées par les jeux des hommes politiques, 7 ans après les émeutes raciales qui avaient succédé à l'acquittement de quatre flics blancs qui avaient tabassé un noir. Emeutes, donc, et peur de l'émeute prochaine.
A qui profite le crime, ou plutôt comment l'assassinat d'un avocat noir, défendant exclusivement les droits de sa communauté, va être exploité à des fins juste diplomatiques. L'inspecteur
Hieronymus Bosch se demande « pour quelle raison les causes justes permettaient si souvent à de vils opportunistes de monter à la tribune ». Et pourquoi dans cette ville, si l'on est un flic blanc, dorénavant, on n'a aucune chance d ‘être innocenté si on est accusé, même à tort, par effet de pendule, du meurtre d'un noir. Car les intérêts raciaux sont véhiculés et exagérés par la presse, ce qui suscite la peur des politiques et leur envie de chercher un coupable pour désamorcer les violences. de leur côté, les policiers, qui ne sont pas tous blancs (de peau et d'innocence) savent qu'ils représentent un flambeau communautaire, et pourtant trahissent, donnent des renseignements secrets à la presse, avouent avoir perdu pied et avoir torturé un innocent…..et attisent ainsi les émeutes à venir. Les chefs de la police de Los Angeles « arrangent, laminent et polissent » le résultat des enquêtes, jusqu'à leurs déclarations publiques suivant plus leurs intérêt que la recherche de la vérité.
Pourquoi aimons nous les thrillers ? Sûrement pour cette recherche de la vérité, mais aussi par le passage à travers le côté le plus noir de certains hommes, anges déchus qui plongent vers l'enfer dit Connelly ,ce qui rend la découverte de la vérité encore plus délectable.
Si la vérité gagne, au moins dans l'esprit de Bosch, (parce que dans la réalité les faits vont être manipulés) c'est comme si nous, lecteurs, nous gagnions aussi, et que les flammes de l'enfer « les griffes des damnés » dit Connelly nous seront épargnés. En quoi le nom de Hieronymus prend tout son sens , on pense au triptyque du jugement dernier , où les justes ( comme Bosch) sont peints dans un cercle blanc, au dessus du reste du monde, avec les anges.
La magie Connelly , elle, gagne toujours. Ou quand un livre vous attend comme un ami, auquel vous pensez pendant la journée. Et que vous voulez terminer au plus vite, tout en regrettant d'arriver à la fin.