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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Le frère de la côte" est un des derniers romans de Joseph Conrad. Et d'une certaine façon cela se ressent à la lecture.
Avec ce titre, je m'attendais à une aventure maritime mettant en scène la fameuse confrérie de flibustiers. Ce n'est pas le cas, le récit de Conrad ne prend pas place dans les Caraïbes mais se déroule dans le sud de la France peu après la Révolution, aux alentours de 1800.

Il n'y a pas que le contexte historique et géographique du récit qui m'ont surprise, sa tonalité m'a également étonnée. "Le frère de la côte" est le roman d'un écrivain vieillissant. Comme le dit G. Jean-Aubry, traducteur et ami de l'auteur, dans sa préface, à cette époque Conrad est fatigué et éprouve de moins en moins l'envie d'écrire. Cette lassitude, on la retrouve dans "le frère de la côte". A l'image de son créateur, Peyrol, le héros du roman, un marin vieillissant, n'a plus la soif d'aventures d'autrefois et n'aspire plus qu'à se retirer dans la région de son enfance. Il ne fait aucun doute qu'il y a beaucoup de Conrad en Peyrol. Il n'est pas le seul personnage du roman à exprimer une forme de renoncement. Ainsi Scavola, ancien "buveur de sang" lors de la Révolution, semble lui aussi bien las et vit reclus aux côtés d'une jeune femme quasi-mutique et d'une autre femme, plus âgée, qui vit dans le triste souvenir d'un amour impossible.
Même la façon de raconter échappe aux conventions du récit d'aventure et exhale un parfum de lassitude. Conrad aurait pu choisir de traiter cette intrigue en adoptant un rythme soutenu et en multipliant les péripéties, l'argument s'y prêtait. Il opte, au contraire, pour un rythme lancinant et un ton mélancolique. Il y a comme un refus de l'aventure dans "le frère de la côte".

Ne pensez pas que je n'ai pas aimé le roman. Il ne fait sans doute pas partie des meilleurs ouvrages de Conrad mais il a de nombreuses qualités. Tout d'abord, s'il m'a décontenancée, ce traitement est intéressant. le récit n'est certes pas vraiment palpitant mais il s'agit là d'une oeuvre intelligente, construite de façon réfléchie par son auteur. Nul doute que "le frère de la côte" exprime totalement ce que son auteur a voulu.
Par ailleurs, j'ai retrouvé avec grand plaisir l'immense talent de Conrad pour donner vie à des personnages justes et vrais. La psychologie des personnages est d'une finesse et d'une justesse comme j'ai rarement vu.
La fin du roman est très émouvante et achève de faire de Peyrol un personnage charismatique et marquant.

"Le frère de la côte" est loin de se hisser au niveau du "coeur des ténèbres" et peut surprendre ceux qui s'imaginent lire un véritable roman d'aventures. Il s'agit cependant d'un roman intéressant, attachant à bien des égards et qui n'amoindrit pas mon envie de lire encore et encore ce grand auteur.

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J'ai lu il y a très longtemps mais je me souviens d'un très bon livre (comme toujours avec Conrad) prenant avec de l'aventure, de la passion, des personnages riches avec de l'épaisseur.
Je regrette vraiment qu'il n'y ait plus d'auteur comme Conrad de nos jours... ou bien je ne les connais pas.
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Un livre sans défauts et que je trouve étonnamment moderne ( 1923) dans sa construction qui, vers la fin, n'est pas chronologique (un même moment est repris en se centrant sur un nouveau personnage). le récit est intéressant : j'ai eu envie de connaître la suite sans cesse. Des personnages forts et bien campés - dont le principal, que j'ai imaginé sous les traits de Jean Gabin dernière époque et qui a été interprété par Antony Quinn dans le film de 67 (pas mal non plus ! ). C'est un récit assez étrange par les personnages mystérieux et tourmentés qu'il présente et une manière originale et évocatrice, réaliste, d'évoquer le climat pendant la révolution française (la Terreur puis le Consulat). Dans l'édition de poche (Folio) de 1976, la préface du traducteur est intéressante et modeste. Pour visualiser les lieux du récit j'ai recherché sur google earth et ai trouvé les lieux de l'action qui existent encore (escampobariou ou quelque chose comme ça) sur lesquels se trouvent les ruines d'une bâtisse qui pourrait être celle du roman. Jack London avait semble-til du respect pour Conrad et, si vous allez jusqu'au bout du livre, vous verrez qu'il y a une certaine similitude avec Martin Eden...
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Le frère de la côte est le dernier roman de Conrad. le 4ème de couverture résume assez mal le livre: "Un vieil écumeur des océans qui aspire au repos et pourtant va reprendre la mer". Il s'agit plutôt de la "retraite" d'un ancien corsaire de retour sur sa terre natale, la Provence et qui est sollicité pour lutter contre les marines anglaises. Pendant tout le livre il retape une vieille tartane se demandant s'il aura le courage de reprendre la mer.
La construction de ce livre est assez étrange. Il n'y a pas vraiment d'action et les personnages, tous présents dès le début, nous sont présentés au fur et à mesure du déroulement des événements. On découvre ainsi progressivement leurs pensées, leurs sentiments, leurs comportements ainsi que leurs implications dans cette période lourde de conséquences : Sous la Révolution française, sur la côte provençale en face de l'île de Porquerolles, la marine s'affronte contre les anglais dans la rade de Toulon. le personnage principal, Peyrol, exprime la dignité du corsaire au passé chargé. Autour de lui s'affrontent les caractères et les idées d'une période trouble qui lui ait étrangère puisque la vie de marin du héros l'a laissé à distance du tumulte. Vers qui se tourner alors, comment s'impliquer, pourquoi s'engager ? Tels sont les questions qui vont surgir dans l'esprit de Peyrol. Un livre difficile d'accès, très bien écrit mais qui souffre d'une traduction approximative et confuse (référence à celle de 1976).
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J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre, sans doute à cause des (trop) nombreuses notes de l'éditeur (155 en tout) parfois peu utiles en ce qui me concerne. Mais j'ai insisté parce que les personnages étaient intéressants et ma curiosité les concernant ma poussée à aller plus loin. Et heureusement parce que j'ai fini par être totalement embarquée par cet énigmatique Peyrol et ses non moins énigmatiques compagnons, tous imprégnés de la "terreur" de 1792/1793, à l'exception de Peyrol qui ne fait qu'en voir les conséquences plusieurs années après.
Des personnages traumatisés donc, issus de milieux très différents les uns des autres mais que le hasard regroupe dans un même lieu. Chacun va influencer d'une façon ou d'une autre l'ensemble des protagonistes pour finalement faire ressortir le meilleur chez les uns, le pire chez les autres...
Tout ceci dans un style soigné et agréable.
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