Une plongée dans le Marseille de la toute fin du 19eme siècle par le truchement d'une enquête policière tirée d'un sordide fait divers.
Le roman suit le jeune et fougueux journaliste enquêteur Raoul Signoret dans les méandres d'un meurtre (et du système judiciaire) dont le coupable ne sera jamais réellement identifié et dont les rebondissements, jusqu'à la dernière ligne, laissent finalement l'énigme non resolue (ce dont nous prévient en avant propos l'auteur), ce qui est original pour une fois.
Le style est très descriptif, narratif, parfois de manière inutile (le détail des habits, le trajet effectué...), au détriment de la psychologie des personnages et des contextes sociaux et politiques lourds de l'époque. Les bas-fonds marseillais, assez bien évoqués mais peu développés, auraient pu l'être un peu plus plutôt que de se conclure sur une scène "familiale" qui prête à sourire.
Les personnages sont plutôt falots, limite caricaturaux (le journaliste idéaliste et probe, sa promise volontaire et feministe, le tonton policier, gâteau et simple...) à l'exception d'Adèle, au debut bonne de la victime.
Cette absence d'épaisseur des personnages liée à l'écriture narrative est un peu la limite du livre - on le suit comme un compte-rendu journalistique.
Mais son écriture très fluide et ordonnée rend sa lecture agréable.
L'auteur est amoureux et fin connaisseur de Marseille et de son histoire, et cette passion transpire dans l'oeuvre, la rendant très sympathique. Il n'insiste -judicieusement- pas avec la réputée truculence marseillaise permettant ainsi au roman de ne pas basculer sur une caricature provenciale, mais l' agrémente d'expressions locales que "les français vivant au dessus du 45eme parallèle qui passe par Valence" ne peuvent comprendre.
La bluette sentimentale, naïve, est prétexte à la description des luttes des classes sociales alors prégnantes, tout comme le petit souffle anticlerical qui transparaît dans la plume de
Jean Contrucci ; la partie judiciaire permet, discrètement, le rappel de ce qui deviendra dans l'Histoire l'affaire Dreyfus et qui divisa fortement la France alors.
En résumé un livre agréable, non inoubliable, qui permet de passer un bon moment. Je lirai d'autres romans "marseillais" de l'auteur en espérant plus de profondeur des personnage.