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Citations sur Charlatans (17)

Chaque jour, il vivait de nouvelles expériences, chaque jour, il découvrait quelque chose qu'il n'avait jamais vu auparavant, chaque jour, il apprenait un geste, un savoir quelconque qui faisait de lui un meilleur médecin. Pour Noah Rothauser, entrer à l'hôpital , c'était revenir à la maison.
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Les gens ont envie de croire qu’une pilule magique peut corriger leur mode de vie malsain. Avaler un cachet, c’est tellement plus facile qu’avoir une alimentation équilibrés, faire de l’exercice et dormir suffisamment d’heures chaque nuit!

(Albin Michel, p. 262)
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A vous de voir, grogna Mason. C'est vous la marchande de sable.
- L'anesthésiste , corrigea Ava du tac au tac.
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[...] il se demanda tout à coup si c’étaient les réseaux sociaux qui rendaient les gens narcissiques parce qu’ils leur offraient sans cesse l’occasion de se mettre en valeur, ou si c’étaient les personnalités narcissiques qui étaient attirées par les réseaux sociaux pour la même raison. (p. 350)
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– Il paraît, dit Bruce, de nouveau très gêné. Désolé, c’est ma faute ! Je me suis présenté en retard aux admissions. Ça ira quand même ?

– Ça devrait aller, assura Connie avec un sourire rassurant, puis elle s’éloigna.

Quelques minutes plus tard, le rideau fut tiré par une jeune femme aux yeux bleu glacier et au visage bronzé. Elle portait un pyjama de bloc bleu avec une coiffe qui dissimulait complètement sa chevelure. Son sourire était agréable et franc. Elle expliqua qu’elle était la Dr Ava London, anesthésiste et praticienne au BMH, puis ajouta :

– C’est moi qui vais aider le Dr Mason ce matin, monsieur Vincent, pendant qu’il opérera votre hernie. Je suis contente de faire votre connaissance, vous savez, parce que j’ai entendu dire beaucoup de bien sur vous. Et il paraît que les charmants enfants en photo sur le tableau de la cafétéria sont les vôtres, c’est bien cela ?

– Je suis responsable du stationnement dans le centre médical, expliqua Bruce qui appréciait déjà cette anesthésiste aussi séduisante que sympathique. Mais je suis étonné de ne vous avoir jamais rencontrée. Vous êtes nouvelle, dans l’équipe ?

– Relativement nouvelle, dit Ava avec une petite moue amusée. Il y a bientôt cinq ans que je suis ici.

– Oh non, vous n’êtes pas nouvelle du tout ! s’exclama Bruce, un poil chagriné car il s’enorgueillissait de connaître à peu près tous les praticiens du BMH. Je suppose que vous n’utilisez pas le parking des médecins ?

– Voilà. Je n’en ai pas besoin, car j’ai la chance de pouvoir venir à pied au travail, dit Ava en attrapant la feuille de circulation de Bruce au bout du brancard. Je vis tout près d’ici, à Beacon Hill.

Constatant qu’il n’y avait pas de feuille d’examen de contrôle signée par l’interne de chirurgie des admissions, elle demanda à Bruce s’il savait pourquoi elle manquait.

– Martha Stanley a jugé que ce n’était pas la peine d’attendre l’interne. D’autant que l’assistant du Dr Mason a fait le bilan préopératoire tout récemment. Mais pour ne rien vous cacher, c’est ma faute. Je suis arrivé en retard, alors on a décidé de m’amener ici le plus vite possible.
Ava hocha la tête. L’assistant du Dr Mason, du fait qu’il avait terminé l’internat de chirurgie, était certainement plus qualifié que l’interne de première ou de deuxième année chargé d’examiner les patients aux admissions. Elle ouvrit le DME de Bruce Vincent sur sa tablette et examina son bilan préopératoire. Il n’avait aucun antécédent médical. Aucune pathologie non plus à l’exception de cette hernie inguinale tout à fait banale. Satisfaite, elle remit la feuille de circulation sous sa pince et leva les yeux vers Bruce en disant :

– Vous êtes en bonne santé, j’ai l’impression ?

– Je pense, oui. Pouvons-nous nous dépêcher ? Je ne voudrais pas que le Dr Mason s’impatiente à cause de mon petit retard.

– Il faut tout de même faire les choses correctement. Je dois vous poser quelques questions. Vous n’avez donc jamais eu de problème de santé, en particulier au niveau du cœur et des poumons… ?

– Non.

– Et vous n’avez jamais été mis sous anesthésie ?

– Non plus.

– Et vous n’avez rien mangé depuis minuit ?

– L’assistant du Dr Mason m’a dit qu’on me ferait une rachianesthésie.

– En effet. La secrétaire du Dr Mason nous a bien spécifié que le chirurgien voulait une rachianesthésie. Cela vous convient-il ? Vous savez ce que c’est ?

– Oui. Vous savez, je connais la plupart des anesthésistes et des infirmières anesthésistes de la maison. Depuis toujours, ils me racontent des tas de choses sur votre métier.

– Un patient qui s’y connaît ! À la bonne heure, dit poliment Ava. Alors vous êtes au courant que nous devons avoir votre accord pour recourir à l’anesthésie générale au cas où il y aurait un souci avec la rachianesthésie ?

– Ah bon ? Quel genre de souci ?

– Le risque de pépin est infime, mais nous devons être prêts à tout. Par exemple, si l’opération prend plus de temps que prévu et si, par conséquent, l’effet de la rachianesthésie commence à s’estomper, nous pourrions être obligés de vous placer sous anesthésie générale. Voilà pourquoi nous avons besoin de votre consentement. Il faut juste tout prévoir. C’est aussi la raison pour laquelle nous devons savoir si vos poumons sont en bon état.

– Mes poumons vont très bien.

– Des soucis de reflux gastro-œsophagien ?

– Je vais très bien ! Sérieux, je suis en forme. Vous êtes sûre que nous n’allons pas retarder le Dr Mason ?

– Il n’y a pas à craindre de retarder le Dr Mason, croyez-moi. Maintenant, parlons de la rachianesthésie. Vous a-t-on expliqué qu’il fallait vous insérer une aiguille dans le dos pour l’injection de l’agent anesthésiant ?

– Je sais. L’assistant du Dr Mason m’a tout raconté en détail. Et il m’a assuré que je ne sentirais rien.

– C’est bien cela. Vous ne ressentirez aucune douleur pendant l’opération. Je vous le garantis. Mais dites-moi : avez-vous des problèmes de dos ? Il vaut mieux que je sois prévenue…

– Non, fit Bruce avec un haussement d’épaules. Mon dos va bien.

– Super ! Voilà ce qui va se passer quand nous vous conduirons en salle d’opération. En premier lieu, nous vous demanderons de vous asseoir sur la table, tourné sur le côté, avec la tête et le visage en appui sur un support. Vous éprouverez une petite sensation de pincement au bas de votre dos quand je mettrai un anesthésique local sur votre peau avant d’insérer l’aiguille de la rachianesthésie. Quand le produit se répandra dans votre colonne vertébrale, nous vous aiderons à vous allonger sur la table. Maintenant j’ai une autre question : pendant l’opération, souhaitez-vous être réveillé – et peut-être voir ce qui se passe au niveau de votre ventre si le Dr Mason est d’accord – ou préférez-vous dormir ? Dans un cas comme dans l’autre, vous n’éprouverez absolument aucune douleur et je resterai avec vous tout au long de l’opération.

– Je veux dormir ! répondit Bruce avec emphase. Voir ce qui se passe ? Non merci !

Aussi confiant pût-il être à l’idée de subir cette intervention, il n’avait pas pour autant envie d’observer le toubib lui fourrager dans les entrailles.
– D’accord, dit Ava. Vous dormirez donc. Revenons à la question à laquelle vous n’avez pas répondu : avez-vous mangé quoi que ce soit depuis hier ? À minuit au plus tard ?

– Non.

– Et à votre connaissance, vous n’êtes allergique à aucun médicament ?

– Je ne suis allergique à rien.

– Et vous ne prenez aucun médicament ? Prescrit ou non ?

– Je ne prends aucun médicament, affirma Bruce.

– Parfait ! Maintenant, je vais vous poser une intraveineuse avant de vous emmener en salle d’opération. On m’a prévenue que le Dr Mason est presque prêt à s’occuper de vous. Avez-vous des questions ?

– Heu… Je ne vois pas, marmonna Bruce.

Tout à coup, il éprouvait une légère anxiété. Il avait même un peu la chair de poule. La réalité de l’événement qu’il s’apprêtait à vivre s’imposait à lui : il devait s’abandonner aux mains de l’équipe chirurgicale et accepter de ne plus avoir aucun contrôle sur le cours des choses.

La Dr London posa l’intraveineuse si vite, et avec tant de dextérité, que Bruce fut étonné quand ce fut terminé. Aussi à l’aise fût-il dans l’environnement hospitalier, il était tout prêt à reconnaître qu’il n’aimait pas beaucoup les aiguilles et les prises de sang. Il détournait toujours les yeux quand un toubib travaillait sur son bras.

– Ouah ! fit-il, ébahi. J’ai à peine senti ce que vous faisiez. Vous avez dû en poser, des intraveineuses !

– Quelques-unes, en effet, acquiesça Ava en souriant.

Elle savait qu’elle effectuait bien ce geste – qu’elle était, plus généralement, une anesthésiste très compétente. Elle savait aussi être attentive aux états émotionnels de ses patients et elle percevait un léger changement, depuis quelques instants, dans le comportement de M. Vincent.

– Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous anxieux ?

– Je… je suis un peu nerveux, j’avoue, répondit Bruce d’une voix mal assurée.
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Je suis ce que l'on pourrait appeler un charlatan des temps modernes. Ce qui n'a rien à voir, note bien, avec le charlatan d'autrefois. Et je ne te parle pas non plus du type de charlatan que tout le monde devient aujourd'hui en débitant des tas de petits mensonges plus ou moins importants sur les réseaux sociaux. Je te parle d'être un vrai charlatan, un charlatan assumé, mais d'un moule entièrement nouveau. Parce que je suis un charlatan parfaitement compétent.
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Noah avait l'impression qu'apprendre à connaître Ava était un peu comme peler un oignon. Il découvrait sans cesse de nouvelles choses à son sujet - des couches successives de compétences, de centres d'intérêt ou certains aspects de sa personnalité.
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Du fait de l’inclinaison de l’axe de la Terre, qui est responsable du cycle des saisons, le jour se leva promptement sur la ville de Boston, Massachusetts, ce 27 juin. Le contraste avec les aurores prolongées de l’hiver, où la course du soleil reste basse dans le ciel, fut frappant : à partir de quatre heures vingt-quatre, une lumière d’intensité croissante envahit tour à tour les rues du quartier italien de North End, les venelles pentues de l’élégante Beacon Hill et les larges boulevards du prestigieux quartier de Back Bay. Puis à cinq heures neuf tapantes, le disque solaire surgit à l’horizon, au-dessus de l’océan Atlantique, pour entamer son ascension dans un ciel matinal sans nuages.
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Il y avait toujours une poignée d’individus, chez les internes débutants, pour qui l’adaptation au fonctionnement du service de chirurgie posait un vrai défi. L’internat et l’apprentissage d’une spécialité, c’était un tout autre univers que la fac de médecine.
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Prologue

27 JUIN

Du fait de l’inclinaison de l’axe de la Terre, qui est responsable du cycle des saisons, le jour se leva promptement sur la ville de Boston, Massachusetts, ce 27 juin. Le contraste avec les aurores prolongées de l’hiver, où la course du soleil reste basse dans le ciel, fut frappant : à partir de quatre heures vingt-quatre, une lumière d’intensité croissante envahit tour à tour les rues du quartier italien de North End, les venelles pentues de l’élégante Beacon Hill et les larges boulevards du prestigieux quartier de Back Bay. Puis à cinq heures neuf tapantes, le disque solaire surgit à l’horizon, au-dessus de l’océan Atlantique, pour entamer son ascension dans un ciel matinal sans nuages.

De tous les faîtes des nombreux bâtiments du Boston Memorial Hospital – le BMH, pour les habitués –, le premier touché par les rayons dorés du soleil fut celui, au centre du complexe, de la tour Stanhope. Bijou d’architecture moderne, cette tour de vingt et un étages gainée de verre, qui n’avait pas encore dix ans, tranchait de façon saisissante avec les silhouettes trapues et la brique rouge de la plupart des immeubles anciens – construits cent cinquante ans plus tôt – qui composaient le célèbre centre hospitalier, rattaché à l’université Harvard, en bordure du port de Boston.

La tour Stanhope possédait toutes les installations de l’hôpital du XXIe siècle, dont un ensemble de vingt-quatre salles d’opération dernier cri, appelées « salles d’opération hybrides du futur », qui semblaient sorties d’un épisode de Star Trek. Elles se divisaient en deux ensembles circulaires de douze salles disposées comme les rayons d’une roue autour d’un « moyeu », le poste central, d’où les chefs de bloc pouvaient suivre ce qui se passait dans chaque salle soit par les douze fenêtres panoramiques de son pourtour, soit sur des moniteurs connectés à des caméras de surveillance.

Dans chacune de ces salles hybrides, à même d’accueillir un très large éventail d’interventions – de neurochirurgie aussi bien que de chirurgie cardiaque en passant par les opérations de routine comme l’appendicectomie ou le remplacement du genou –, on trouvait plusieurs bras articulés géants, suspendus au plafond, au bout desquels étaient fixés différents équipements médicaux de haute technologie. La très grande maniabilité de ces bras permettait de disposer au mieux des appareils nécessaires au cours des interventions tout en gardant l’espace au sol dégagé, optimisant la circulation des personnels et les transitions entre les opérations. L’un de ces bras soutenait la station d’anesthésie, un autre la machine de circulation extracorporelle, un autre encore le microscope opératoire. Sur le plus volumineux, en forme de C, un système de radiographie numérique biplan associait infrarouges et rayons X pour livrer en temps réel des images tridimensionnelles des structures internes du corps humain. Chaque salle hybride recélait aussi plusieurs banques d’écrans vidéo haute définition connectés au serveur de l’hôpital, de telle sorte que les données des patients et toute l’imagerie médicale réalisée (radiographies, échographies, scanners…) pouvaient y être affichées sans délai par commande vocale.

Cet équipement ultra-sophistiqué et excessivement coûteux se justifiait par la nécessité d’améliorer la qualité et l’efficacité des opérations chirurgicales – ainsi que la sécurité des patients. En cette belle journée de fin juin, toutes ces merveilles de planification et de technologie moderne ne devaient pourtant guère peser face aux faiblesses humaines et aux impondérables de la vie. En dépit des bonnes intentions et du dévouement sans faille du personnel soignant du BMH, une catastrophe se profilait dans la salle d’opération numéro huit.

Vers cinq heures et demie, alors que la lumière du soleil levant inondait l’ensemble du centre hospitalier, voitures particulières et taxis commencèrent à défiler sous l’auvent de l’entrée principale de la tour Stanhope. Il en descendait de futurs patients qui tenaient à la main un sac ou une petite valise pour la durée de leur séjour. Parlant peu avec les amis ou les membres de leur famille qui les accompagnaient, ils franchissaient rapidement la porte à tambour, traversaient le hall et prenaient l’ascenseur pour gagner le bureau des admissions au troisième étage. Quelques années auparavant, les personnes qui devaient subir une opération de chirurgie élective, c’est-à-dire non urgente et programmée, étaient encore admises la veille. Mais, pour la plupart d’entre elles, ce privilège était passé à la trappe à cause des diktats des compagnies d’assurances. La nuit d’hospitalisation préalable était jugée trop coûteuse.

Cet afflux très matinal de patients était celui de la première tranche du programme du bloc opératoire. Les patients ultérieurs – les « à suivre », disaient entre eux les employés du BMH – recevaient pour instruction de se présenter aux admissions deux heures avant l’heure estimée de leur opération. Si la durée moyenne de chaque intervention était à peu près connue, bien des facteurs étaient susceptibles de faire varier ce paramètre, donc de chambouler le planning du bloc opératoire. Et bien sûr, les changements d’organisation se faisaient toujours au détriment des patients, jamais de l’hôpital. Du coup, il y avait parfois des retards qui obligeaient des patients à attendre de longs moments aux admissions ou en salle de préparation, ce qui pouvait se révéler pénible pour certains d’entre eux dans la mesure où tous les futurs opérés avaient pour consigne de ne rien avaler, hormis de petites quantités d’eau, à partir de minuit la veille au soir.

Parmi les cas « à suivre » de ce 27 juin, il y avait une réparation de hernie inguinale droite sur un homme de quarante-quatre ans, intelligent, sociable et en bonne santé, du nom de Bruce Vincent. L’opération devant commencer vers dix heures et quart, il lui avait été demandé de se présenter aux admissions à huit heures et quart.

Contrairement à bien des patients qui arrivaient à l’hôpital ce lundi matin, Bruce n’était pas du tout inquiet à l’idée de passer sur le billard. Mais sa tranquillité d’esprit, pour ne pas dire sa décontraction, il ne la devait pas seulement au fait que l’opération de sa hernie inguinale était relativement simple : elle tenait bien plutôt à la connaissance intime qu’il avait du BMH. Aux yeux de Bruce Vincent, en effet, ce grand hôpital n’était pas l’espèce de monde parallèle, mystérieux et effrayant qu’il était pour bien des gens, car il le fréquentait tous les jours ou presque depuis vingt-six ans. Natif du quartier de Charlestown où il avait acquis une certaine célébrité, à l’adolescence, dans l’équipe sportive de son lycée, il avait été recruté par le service de sécurité du BMH dès ses dix-huit ans – suivant les traces de sa famille, pour ainsi dire, puisque sa mère avait fait toute sa carrière à l’hôpital, en tant qu’aide-soignante, et que sa sœur aînée y était infirmière.

Son job au BMH et sa grande connaissance de l’univers hospitalier ne suffisaient pas à expliquer entièrement, toutefois, que Bruce fasse preuve de davantage de sang-froid que la plupart des autres patients. S’il était si calme ce matin, c’était surtout parce qu’il s’était lié d’amitié, au fil de sa longue carrière, avec l’immense majorité des employés de la maison : les praticiens et internes de toutes les spécialités imaginables, mais également les infirmières et autres membres du personnel soignant, sans oublier les membres de l’administration et les agents des autres départements. Avec le temps, par une sorte d’osmose, il avait aussi appris pas mal de choses sur la médecine, en particulier la médecine hospitalière bien sûr, au point que certains soignants disaient en plaisantant que Bruce Vincent était diplômé honoraire du BMH. De fait, il était capable de discuter techniques opératoires avec les chirurgiens orthopédiques, litiges pour faute médicale avec les administrateurs ou problèmes de planning avec les infirmières – ce qu’il faisait presque quotidiennement.

Quand Bruce s’était entendu dire qu’il aurait droit à une rachianesthésie pour la réparation de sa hernie inguinale (une opération qui ne devait pas durer plus d’une heure), il savait déjà très bien ce qu’était la rachianesthésie, ou anesthésie spinale, et pour quelles raisons elle était plus sûre que l’anesthésie générale. Rien de mystérieux pour lui, donc, de ce côté-là. De plus, il avait confiance à deux cents pour cent en son chirurgien, le Dr William Mason. Ce praticien, un homme certes assez lunatique et soupe au lait – au point qu’on le surnommait derrière son dos « Wild Bill », Bill le Sauvage – était l’un des piliers du BMH. Il veillait d’ailleurs à entretenir sa réputation : personne ne devait ignorer que les patients affluaient du monde entier, chaque semaine, pour profiter de ses mains expertes et de ses taux de réussite insurpassables. Le Dr Mason était professeur de chirurgie à Harvard, responsable de l’unité de chirurgie digestive au BMH et codirecteur adjoint du très réputé programme de l’internat de chirurgie de cet hôpital. Sa principale spécialité était la très exigeante chirurgie du pancréas, un organe niché à l’arrière de l’abdomen et notoirement difficile à opérer du fait de cet emplacement, de sa consistance particulière et de son rôle dans la digestion.

Quand Bruce avait annoncé qu’il devait être opéré de sa hernie par le Dr Mason, il avait sidéré ses interlocuteurs. Tout le monde savait très bien que l’illustre chirurgien n’avait presque jamais réparé de hernie depuis son internat, trente ans auparavant. Il s’enorgueillissait de ne réaliser que les interventions les plus complexes et les plus difficiles, une majorité d’entre elles touchant au pancréas. Perplexes, certaines personnes avaient carrément demandé à Bruce comment il avait réalisé l’exploit de convaincre Mason de se charger d’une mission qu’il considérait à coup sûr comme insignifiante, indigne de l
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