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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est mon ado qui a attiré mon attention sur cette pièce que je lui ai emprunté pour l'occasion. C'est le premier texte que je lis de Corneille et franchement, j'ai adoré.

J'avoue que je ne connaissais pas l'histoire des Horaces et des Curiaces ni même entendu parler du roi Tulle (3ème roi légendaire de Rome selon Wikipédia). Qu'importe.

Un duel est organisé entre les Horaces (Romains) et les Curiaces (Albiens) pour déterminer laquelle des deux villes se soumettra à l'autre. le problème est que Horace est l'époux de Sabine qui est la soeur des Curiaces. Camille, la soeur d'Horace, est fiancée à un Curiace.

Les hommes prennent le parti de défendre leur honneur et leur patrie. Les femmes sont déchirées entre l'amour qu'elles portent à leurs frères et à leur (futur) époux. Cela ne peut que mal finir.

Un texte fort et émouvant. J'aimerais beaucoup voir cette pièce au théâtre un de ces jours.




Challenge temps modernes 2023
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Dans mon jeune temps, on apprenait l'Histoire romaine en classe de 5ème. C'est là que j'ai fait connaissance pour la première fois avec les Voraces et les Coriaces. Oui, c'est ainsi qu'on appelait ces icônes de l'Antiquité, aux côtés de Romulus et Rémus, Mucius Scaevola ou Cincinnatus (et autres joyeux drilles). Je ne savais pas encore qu'Horace, puisqu'il faut l'appeler par son (vrai) nom, avait été mis en pièce (façon de parler) par Corneille, puisque je n'ai découvert cet auteur que l'année suivante en étudiant « le Cid » (une révélation).
« Horace », je ne l'ai jamais étudié en classe, ni vu en spectacle, je n'ai fait que lire la pièce. Mais c'est déjà beaucoup : on a toujours intérêt à lire dans le texte les oeuvres théâtrales, d'abord pour en approfondir le sens, ensuite pour apprécier le style de l'auteur, la composition de l'oeuvre ou la beauté de l'écriture, enfin pour compléter avec les didascalies distillées par le dramaturge la réception de la pièce.
Corneille, c'est un style particulier, tout fait en formules qui claironnent en se frottant les unes aux autres, un style qui a du charme souvent, parce qu'il fait passer dans ses vers de très belles choses, mais qui souffre parfois d'une certaine emphase qui nuit un peu à l'émotion, bref un style « théâtral » qui crée une certaine distance entre les acteurs et le spectateur, alors que Racine, au contraire, raccourcit cette distance, en faisant participer le spectateur plus « émotionnellement ».
L'histoire, vous la connaissez : c'est la guerre entre Rome et sa voisine Albe. Sabine, albaine, est la femme d'Horace, romain. Camille la soeur d'Horace, romaine, donc, est fiancée à Curiace, albain. Dans le combat, Horace fait semblant de fuir (ce qui lui vaut une accusation de traîtrise de la part de son père le vieil Horace) mais c'est pour mieux éliminer ses adversaires. Rome, un, Albe, zéro. le vieil Horace est content, mais Camille, bien que romaine, se retourne contre sa mère patrie. Horace, tout auréolé de sa gloire récente, la tue en pensant faire un acte de justice. Sa femme, Sabine, lui demande de la tuer à son tour. Là, Horace commence à se demander s'il n'est pas allé un peu trop loin. le roi Tulle (à ne pas confondre avec le roi « de » Tulle) doit trancher.
C'est donc une tragédie. Les conflits sont multiples : le conflit patriotique entre les deux cités ; le conflit sentimental entre les quatre protagonistes, le conflit parental avec le vieil Horace, et le conflit politique du roi Tulle, obligé de trancher entre la gloire de la victoire romaine et le châtiment d'un crime. Il aime ça, Corneille, les affrontements, les états d'âme qui fluctuent entre le coeur et la raison, entre les sentiments et les intérêts, entre la gloire et l'amour (autant de thèmes qu'on retrouvera dans d'autres pièces, à commencer par « le Cid » ou « Cinna ») ; il aime ça et multiplie les formules qui font mouche :
La déception du vieil Horace (Acte III, scène 6)

JULIE :
Que voulez-vous qu'il fît contre trois?
LE VIEIL HORACE: :
Qu'il mourût!
Ou qu'un beau désespoir alors le secourût.

La douleur de Camille (acte IV, scène 4)

Et son imprécation (acte IV, scène 5)
CAMILLE :
Rome, l'unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !
Rome qui t'a vu naître, et que ton coeur adore !
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !
Dans cette pièce, Camille a un très beau rôle, un des plus beaux du théâtre classique
« Horace » est avec « le Cid », « Cinna » et « Polyeucte » un des chefs-d'oeuvre de Corneille. Dommage qu'on ne le joue plus souvent. En attendant, sur le site de la Comédie-Française, on peut trouver le dvd d'une captation de 1972, mise en scène de Jean-Pierre Miquel, réalisation d'Olivier Ricard, avec les interprètes de la troupe de la Comédie-Française : Michel Etcheverry (le vieil Horace) ; Simon Eine (Tulle, roi de Rome) ; Jean-Noël Sissia (Valère) ; François Beaulieu (Horace) ; Nicolas Silberg (Flavian) ; Jean-Luc Boutté (Curiace) ; Claude Winter (Julie) ; Christine Fersen (Sabine) ; Ludmila Mikaël (Camille) ; Gérard Douheret (Procule).


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Rome et Albe sont en guerre. Qui sortira victorieux de ce combat ? Pour les départager 3 combattants de chaque camp sont désignés. Mais ces villes sont liés historiquement et des frères et soeurs de retrouvent dans les 2 camps suite aux mariages.
Cette pièce met donc en exergue le fameux choix cornélien : choisir entre amour et loyauté envers son pays.

Décimer tout un pays signifie tuer sa propre famille. Cette pièce met en avant le héros romain prêt à tuer sa soeur si celle ci est dans le camp adverse pour la gloire de son pays.

Cette pièce étant jouée pour Richelieu, on ne peut que supposer que l'acquittement d'Horace à du le satisfaire.

J'ai apprécié cette pièce, riche en sentiments. On déteste, on s'attriste, on espère et on réfléchit à ces actes odieux que nous poussent à commettre un désir de gloire, une soif de pouvoir...
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L'héroïsme cornélien apparaît dans cette tragédie d'inspiration romaine sous sa meilleure représentation. Il faut avouer qu'autrefois, on aimait cette manière si héroïque de mener une guerre, en choisissant un ou trois guerriers de chaque clan. Ces braves s'entretuent avec altruisme et abnégation pour la gloire de la patrie faisant preuve de courage et de patriotisme.

Je ne sais pas, mais on aime toujours voir ce genre de combat ou de duel. Rappelez-vous ceux dans le film de "Troie" avec Brad Pitt par exemple. Ici, on les décrit puisqu'on ne peut les présenter sur scène suivant les règles de bienséance. Il est vrai aussi que ces règles classiques limitaient beaucoup la liberté des dramaturges de l'époque. Mais pour Corneille, c'était un défi qu'il devait absolument affronter et réussir après la célèbre querelle du "Cid".

L'intrigue romaine renvoie aussi à ce conflit franco-espagnole où la reine de France affronte son frère le roi d'Espagne et où le roi de la France et frère de la reine d'Espagne ! Curiace et Sabine ; Horace et Camille ! Mais bref, laissons de côté cette page d'Histoire, et concentrons-nous sur cette tragédie.

En plus de cette histoire de duel décisif pour la victoire d'un clan, dont j'ai parlé au début, il y a dans cette tragédie cette affaire d'amours conflictuelles où deux personnes originaires de deux familles ennemies s'aiment. le sujet même de "Romeo et Juliette" de notre cher Shakespeare. Sujet, d'ailleurs, qui a inspiré tant de romans et de films.

Finalement, j'aimerai attirer l'attention sur un point, que je vois important, concernant le dernier acte qui paraît un peu étrange. Rappelons que lors du quatrième acte, on est devant un sommet du tragique et un exemple extraordinaire de coup de théâtre grâce aux exploits du brave Horace. Ce dernier a mené jusqu'au bout son abnégation en sacrifiant tout pour sa patrie, même sa soeur ! Ce surhomme qui se croit tout permis pour la réalisation d'un projet si grand ! Alors, après ce grand spectacle, on doit assister au cinquième acte où on recommande le jugement de ce criminel, c'est d'ailleurs ce que demande un soupirant de la soeur d'Horace. Mais voilà que le roi doit intervenir pour donner sa grâce et montrer sa générosité. Mais est-ce là un message de Corneille que malgré les prouesses des héros, on se rappelle toujours du dernier mot ; celui du roi ? Peut-être !
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Mon Corneille prefere pour moi l'auteur est ici à son meilleur et s'en donne à coeur joie quel rythme quelle vitalité dans ce drame superbe, un vrai best seller à lire et relire sans moderation avec un plaisir toujours intact !
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Du tragique à l'état pur et un lyrisme dans l'écriture... C'est vraiment une grande oeuvre, poignante, cruelle. Des sentiments typiques des héros cornéliens : ils font ce qu'ils doivent et non ce qu'ils se doivent. Leur sens de l'honneur est au-dessus de tout. C'est admirable mais en même temps très dur et on serait tenté de ne point souscrire au jugement du roi, même si comme il le souligne les grands hommes sont bien souvent au-dessus des lois.
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Du tragique à l'état pur et un lyrisme dans l'écriture... C'est vraiment une grande oeuvre, poignante, cruelle. Des sentiments typiques des héros cornéliens : ils font ce qu'ils doivent et non ce qu'ils se doivent. Leur sens de l'honneur est au-dessus de tout. C'est admirable mais en même temps très dur et on serait tenté de ne point souscrire au jugement du roi, même si comme il le souligne les grands hommes sont bien souvent au-dessus des lois
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J'adorais cette pièce étudiée et jouée quand j'étais lycéen !
je me souviens avec émotion des Imprécations de Camille !
Encore capable de les déclamer après des années !!!
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J'ai entendu un metteur en scène contemporain signaler que les pièces de Corneille à vendetta, crimes d'honneur, duels et meurtres de femmes devenaient de plus en plus intelligibles aujourd'hui, car notre réalité sociale retrouve des moeurs plus violentes et primitives, avec le retrait de l'état et de la loi. La loi et l'état romains, dans Horace, ne sont rien ou presque : il s'agit de les sauver contre des ennemis, les voisins d'Albe, la cité d'à-côté, et cela se règle non par la guerre légale, mais par des combats singuliers. Rien ne manque, pas même le "capo", le vieux chef de famille qui motive, bénit ou maudit ses fils à la mesure où ils se montrent des hommes. Et si une fille de la famille Horace ose pleurer la mort d'un ennemi qu'elle a par ailleurs épousé, elle doit mourir. Ainsi, la progressive barbarisation de nos vies et de notre monde vient au secours des plus grands classiques.
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Les pièces à sujets antiques sont légion dans le théâtre classique (essentiellement Corneille et Racine), mais je trouve assez rares celles qui plongent dans l'histoire elle-même. Ce sont généralement les mythes que l'on reprend! Mais l'Histoire d'Horace et du conflit avec Albe est issu de l'Histoire de Rome de Tite-Live (Les Origines de Rome, "Règne de Tullus Hostilius").
J'aime tout particulièrement la période royale de Rome, je ne saurais dire pourquoi (Le mythe de sa fondation? Les peintures?). L'histoire du combat quasi fratricide des Horaces et des Curiaces est une de mes préférées (la pièce de Corneille n'est pas étrangère à cet avis...).
L'un des frères Horaces a épousé Sabine, soeur des frères Curiace, à l'un desquels Camille, soeur d'Horace, est promise. Albe et Rome, pour départager définitivement leurs deux cités et gageant que la cité victorieuse dominera l'autre, sélectionnent leurs meilleurs guerriers pour s'affronter dans un combat à mort. Et c'est là que se noue la tragédie : les Horaces affronteront les Curiaces, leurs deux familles étant liées par l'hymen et l'amour (comme, il est dit, de nombreuses familles qui ont noué des liens de la même nature). Si pour les guerriers le choix se résume à l'honneur ou la mort, il n'en est pas de même pour les femmes - qui, rappelons-le, étaient le motif initial des conflits entre les deux cités. En effet, pour elles la question qui se pose est : "lequel, de notre frère ou de notre amant/mari nous faudra-t-il haïr ou pleurer?" quelle que soit l'issue du combat, Sabine et (surtout) Camille auront une raison de s'affliger, et c'est bien l'affliction et le chagrin qui prennent le pas sur le soulagement pour le survivant (Horace).
Ainsi Camille, pleurant son amant trop tôt perdu, maudissant Rome et son frère victorieux, est punie de sa "trahison" de la main même de son frère, qui devient la main de Rome.
A mon sens, Camille est la véritable héroïne tragique de cette pièce, elle expie son péché dans la mort comme Phèdre, mais son sort inspire la pitié car son chagrin est palpable et compris. L'honneur "vainc" la passion, en quelque sorte (je m'égare dans une analyse personnelle, en aucun cas je ne la pose comme absolue). le cas d'Horace est troublant : de héros il passe à meurtrier, et son jugement est difficile : sauveur de Rome et meurtrier de sa soeur. Au fond j'ai le sentiment que ce bilan est celui de son combat lui-même : en combattant pour sa cité, il combat contre ses frères par alliance, il est pris entre le crime et l'acte héroïque, et son honneur le condamne.

Je ne m'étends pas davantage, mes capacités de compréhension s'arrêtent là. Encore une fois, cet avis n'est que le mien, et j'ai adoré cette pièce. Je la recommande vivement!
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