Le village semblait m’appartenir, et malgré la menace qui se précisait d’heure en heure, cette sensation de souveraineté solitaire était plutôt excitante.
Un silence de fin du monde s’était installé sur la ville abandonnée. Seule la rumeur lointaine d’un torrent faisait écho au crissement de la neige sous mes pas.
Parti à la recherche de Peter Pan, je me trouvais dans le ravissement étonné de ramener la fée Clochette dans mes bagages.
Les tranches fines de viande séchée, le pain de seigle, le fromage au goût légèrement amer, la petite gourde remplie à l’eau d’un torrent, le bleu du ciel, le blanc de la neige, le soleil…
Il y a longtemps, très longtemps, un village se trouvait là-haut, au pied du col. Un beau jour, le glacier s'est rompu. Il s'est mis à dévaler la pente. Le village fut complètement englouti. Aujourd'hui, l'histoire recommence.
L'écho du fracas se répéta longtemps dans la vallée. Enfin, ce fut le silence, un silence total. Méme les cris du torrent, plus bas, s'étaient tus. Un nuage blancs s'élevait majestueusement. De microscopiques cristaux de glace dansaient en suspension dans l'aire, jouant avec la lumière.
Je pensai à Pan, le Grand Pan, dieu de la Nature, personnification de l'Univers. Le fils d'Hermès et de la nymphe Dryope n'était pas mort.
Je me demandais si Dragan aurait reconnu, lui aussi, le signe du dieu grec oublié.
Le village semblait m'appartenir, et malgré la menace qui se précisait d'heure en heure, cette sensation de souveraineté solitaire était plutôt excitante.
Chapitre IV
"Certaines allées sont toutes droites : ce sont celles que l'on a faites; d'autres sont tortueuses : ce sont celles qui se sont faites elles-mêmes. Et ces dernières sont de beaucoup les plus agréables, parce que vous ne savez jamais à l'avance où elles vont conduiront. Elles ont été tracées petit à petit par les enfants, les chiens, et tous ces gens qui ne se soucient guère qu'un chemin soit fait de telle ou telle manière."
J.M. Barrie
Le Grand Hôtel ne manquait pas d’allure. J’imaginai volontiers Dragan arpentant sa chambre, dans son état d’exaltation habituel, un crayon à la main, occupé à composer sa symphonie alpestre. J’abandonnai mes rêveries pour étudier un guide du Valais.
- Savez-vous ce que j'ai préféré dans son deuxième roman ? C'est ce personnage incroyable, âgé de 103 ans, qui se souvient avec émotion de ses parents...
- Le jeune homme qui vend des robes de mariées pour femmes en état de grossesse avancée n'était pas mal non plus !