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Je remercie encore une fois le Lombard, Babelio et le Club des Chroniqueurs Signé pour nous offrir des BD d'une telle qualité !

Voici l'histoire d'un écrivain anglais qui décide de retourner sur les lieux où son frère a disparu, dans l'espoir de trouver de l'inspiration pour son prochain roman.

Dépaysement assuré avec cette BD, qui derrière un traitement graphique et une mise en case à première vue plutôt classique, offre une histoire empreinte de fraîcheur et de romantisme. Les décors enneigés des Alpes valaisannes sont pleins de charme et un grand moment d'évasion.

Un bon moment de lecture, reposant, très agréable.
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1930
Ardolaz, petit village des Alpes valaisannes.

Melvin Z. Woodworth, écrivain renommé en villégiature pressé par son éditeur d'accélérer le mouvement quant à son nouveau chef-d'oeuvre, n'aime rien moins que d'arpenter ces déclinaisons au blanc manteau tout en se remémorant le temps béni de son enfance. le temps de l'insouciance partagé avec son frère Dragan qui, lui-même, vint se perdre en ce monde de silence pour finalement y trouver la mort.
La montagne gronde, Ardolaz est en sursis, l'exode forcé imminent.
Baptistin n'en a cure. Ce vieux paysan du cru qui aura passé sa vie à échapper aux flics la connaît comme sa poche percée. Personnage énigmatique traversant ce récit tel un fantôme du passé, il en est son dépositaire. Corps toujours alerte, mémoire au diapason, il pourrait bien être le chainon manquant à même de combler les blancs de cette quête fraternelle inaboutie.

Bien plus qu'un hommage assumé à James M.Barrie qu'il cite régulièrement, A la recherche de Peter Pan est un récit énigmatique et envoûtant. Auréolé de mystère, il fait la part belle aux paysages grandioses qui parsèment ce premier tome au coup de crayon magnétique. Cosey, en amoureux fou des sommets enneigés ( cf l'incontournable Jonathan ), fascine dès la première planche. Alternant, comme à son habitude, dialogues et longs silences hypnotiques, le ravissement est une nouvelle fois au rendez-vous et n'appelle qu'à un seul geste, clore ce dytptique au plus vite !
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Années 1930, un écrivain britannique viens faire un pèlerinage dans un village d'altitude du Valais. L'ambiance est superbement maîtrisée, les couleurs font ressortir la fraîcheur de l'atmosphère, ou la chaleur quand les personnage se retrouvent dans la salle de l'auberge chauffée au feu de cheminée. L'histoire prend le temps de se mettre en place, se dévoile tout doucement égrenant quelques petits mystères. L'écrivain est sur la trace d'un musicien au nom serbe qui serait mort dans ce village. Quel rapport entre ce pianiste et Peter Pan. Et il y a le vieux Baptistin recherché par la police, et un mystérieux pianiste qui joue les oeuvres du compositeur le soir dans le salon de l'Hôtel encore fermé. On boit du fondant. À la fin du premier tome, les interrogations restent encore nombreuses, mais je suis totalement envoûté par l'ambiance, les décors, la montagne, l'inquiétant glacier. le ton feutré, intimiste se met au service de la montagne, de cette région suisse.
Cosey, auteur de bande dessinée suisse a délaissé quelques temps l'Himalaya avec son personnage de Jonathan pour nous amener dans une aventure romanesque au coeur du Valais. On ressent à travers ses illustrations et le calme du récit, son amour pour son pays. Il possède sa manière propre de représenter la neige, les montagnes, le ciel, avec un trait fin et précis.
Les éditions du Lombard avaient fait pression sur lui pour qu'il se consacre à Jonathan plutôt qu'à ce projet, on était en 1984, pourtant les lecteurs, comme moi à l'époque vont se précipiter sur “À la recherche de Peter Pan”. Ce succès inattendu provenait sans doute du fait que Cosey proposait quelque chose de nouveau dans l'univers de la bande dessinée, où l'aventure passait au second plan derrière la nature, la montagne, le folklore, c'est presque une bande dessinée ethnologique, naturaliste et poétique, un “roman graphique”. Je rouvre régulièrement cet album, la tranche est un peu jaunie, et j'ai toujours autant de plaisir, il y a aussi une certaine philosophie de la vie, où le temps est suspendu, on prend une grande bouffée d'air frais en lisant cet album.
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Le personnage principal de cette bande dessinée est un écrivain anglais en voyage dans le Valais, à la fin de l'hiver, en 1930. Il réside dans un petit village assez isolé. Il marche sur les traces de son grand frère, musicien et compositieur, qui y a vécu et y est mort dans un stupide accident de salle de bain, au Grand Hotel.

Ce livre est assez contemplatif: dans son graphisme, la montagne est rude, ses habitants aussi, bien que chaleureux une fois réunis autour du feu devant un Fendant. Mais contemplatif aussi dans son scénario, peu d'action et d'effets spéciaux, très lent et sinueux, il y plane une ambiance mystérieuse où le lecteur imagine plus qu'il n'apprend. Qui est ce vieux faussaire qui esquive la police à sa recherche, cette jeune femme qui se baigne seule dans le lac, le glacier craque et va t il finir par ensevelir le village?
On est plus dans une atmosphère romanesque que ce que l'on trouve dans la plupart des bandes dessinées.

A l'image de son titre, ce livre est intriguant et original, il procure un agréable moment de lecture. En tout cas, je me procurerai donc le second tome.

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Si j'avais été scénariste douée pour le dessin, c'est cette BD qui aurait été mon idéale de réalisation. Ecrivain anglais qui s'installe pour deux mois dans le canton du Valais. On y apprendra que ce n'est pas par hasard. La Suisse, pays de Cosey, est mis en valeur : fendant du Valais, faux-monnayeur Farinet, donc Ramuz, montagne, ski, neige, glacier qui gronde, raclette, sources thermales, etc. Des planches d'une beauté talentueuse, non dénuées d'humour ( groin-groin !). le tout avec une intrigue prenante qui me fait vite foncer sur le 2ème tome.
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Melvin Woodworth est un écrivain britannique qui va aller chercher l'inspiration dans un petit village de montagne alpin. Mais sous ce glacier qui craque et respire, la montagne cache bien des secrets. Secret d'enfance, contrebande et mystérieuse femme se baignant dans les sources chaudes.

C'est avec cette bande dessinée que j'ai découvert Cosey. Une vieille édition originale de 1984 qui comporte une jolie préface pleine de photos et quelques croquis de repérages. C'est avec cette bande dessinée que j'ai aimé son travail.
Cette histoire est un hymne à la montagne qui prend son temps pour planter son personnage et ses motivations ainsi que les mystères qui l'entourent et l'attirent. Même si le rythme est un peu contemplatif on se prend vite d'affection pour le héros et surtout pour la montagne.

J'aime bien le trait simple de Cosey, ce petit quelque chose que l'on reconnaît entre tous avec ses aplats vintage. Mais le plus beau ce sont quand même les paysages de montagnes avec ses lumières.
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Il y a quelques chose de l'Atlantide dans cette histoire : les derniers jours d'un paradis sur terre, nimbé des rayons d'un soleil hivernal. Ici, c'est un glacier qui menace ce village accroché au pan de la montagne ; dans quelques jours, quelques heures il va l'écraser, comme quelques décennies plus tôt il avait englouti, ravagé un autre village, dont on entend, parfois, la cloche fantomatique sonner.
Mais M. Cosey situe son action dans les temps modernes, en 1930, et les villageois délaisseront leur village, à temps, prévenus par les autorités, et en bon ordre, partiront s'installer ...ailleurs.

Lui, c'est un romancier-aventurier auréolé, déjà, d'une belle célébrité, qui ressemble à un Joseph Kessel, avec un petit quelque chose de Romain Gary ; comme eux une partie de ses racines sont fichés en Europe Centrale, mais son éducation en a fait un parfait anglais, jusqu'à sa manie très british de parier sur n'importe quoi. En panne d'écriture, il fuit Londres et son éditeur de plus en plus pressant et , surtout, vient sur les traces de son frère ainé, musicien célèbre ou raté, mort accidentellement dans le grand hôtel de la station.
Elle, elle a les rondeurs pulpeuses d'une Maria Schneider, avec un bel appétit de vivre.
En quelques jours les aventures se succèdent et les rencontres, toutes plus belles et joyeuses les unes que les autres, comme celle avec le porcelet. Les pandores sont loin d'être idiots et c'est ce qui concourt à donner encore plus de piment aux poursuites.

Pourquoi "A la Recherche de Peter Pan" ? Parce que c'est le livre que lui a offert son frère pour ses dix ans, à l'origine dont son envie d'écrire et qui sera le titre de son prochain roman. Chaque chapitre commence par une citation de J.M. Barie, promesse d'aventures palpitantes et poétiques.

Particulièrement bien référencé sur l'époque et l'environnement du Valais des années trente, chaque détail du dessin est significatif, comme le "gros plan" sur le poignet d'une chemise que l'on imagine d'un beau drap bien chaud.

Pour la montagne, sa neige, et sa glace, je préfère le trait de Christian de Metter dans "Shutter Island" ou celui de Tanaguchi pour "Le Sommet des Dieux". M; Cosey a eu une bonne idée d'utiliser le blanc de la page pour représenter la neige, mais, personnellement, sa technique ne me fait pas rêver : euh...je n'y vois que du blanc ! Par contre, quelle splendeur, dans la représentation des mélèzes dorés, des maisons du village, des trognes des personnages. Et quelle belle idée, la mine d'or.

Belle histoire qui parle en petite musique sous-jacente de l'avenir sombre de l'Europe où ne subsistera qu'un havre de paix, dans ce Valais. Un autre glacier menaçait de tout écraser, les gens fuyaient avec leur carrioles, des villages avaient étaient précédemment dévastés et d'autres le seraient. En attendant, le bonheur de presque partager les derniers beaux jours ensoleillés de nos héros.

Un très beau moment de lecture grâce à la chronique de Lehane-fan. Merci.
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Dans le cadre du club des chroniqueurs Signé, j'ai reçu cette bande-dessinée signée Cosey. J'ai déjà demandé celles qui me tentaient vraiment, j'ai donc choisi par défaut pour cette sélection-ci. On dit souvent que les meilleures surprises surviennent quand on n'attendait rien. Ca se confirme ici.

Le résumé ne m'intriguait pas outre mesure et la couverture bien que sublime ne m'inspirait pas d'avantage. Mais contrairement aux préjugés que j'avais, j'ai vraiment accroché à l'histoire et les dessins sont très réussis.

Sir Melvin Woodworth est un écrivain à succès. Parti se ressourcer dans les Alpes valaisannes, il espère y retrouver l'inspiration qui lui manque tant, alors que son éditeur le presse de lui fournir le manuscrit de son troisième roman. Grand amateur de Peter Pan de James M. Barrie, il lui donnera finalement pour titre: A la recherche de Peter Pan. Mais plus que des idées pour la rédaction de son livre, c'est des secrets concernant son frère qu'il découvrira. En allant en vacances dans le village d'Ardolaz au pied d'un glacier, jamais il n'aurait imaginé faire de telles rencontres et découvrir la vraie vie de son aîné.

L'intrigue est pleine de surprise et de révélations. Bien que s'étendant sur une centaine de pages (c'est long pour une BD), elle se lit très très vite. le fait que certaines pages soient entièrement dépourvues de texte joue pour beaucoup mais ces passages illustrés servent totalement l'histoire. C'est donc tout aussi agréable à lire!

En bref, cette BD a été une excellente surprise! J'ai été prise dans ma lecture de bout en bout. Je ne peux que vous la recommander !
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J'ai aimé l'ambiance un peu rétro que les dessins illustrent à souhait, la mise en page soignée, le cadrage des images… J'ai aimé aussi les références à Peter Pan (dans la version quasi originale du roman, c'est-à-dire seulement trahie par la traduction française). J'ai moins aimé le scénario un peu trop rocambolesque à mon goût, soutenu par une narration que les images ne suffisent pas à suggérer.
En définitive, des « plus » et des « moins » qui justifient la note que j'attribue, un peu inférieure à la moyenne de celle des autres babeliotes…
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Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de tout autre. Comme l'indique le titre, il s'agit de l'intégrale de l'histoire : il regroupe les 2 tomes initiaux parus en 1984 et 1985, et prépublié dans le Journal de Tintin en 1983-1984. Ce récit est en couleurs, entièrement réalisé par Cosey (Bernard Cosendai), un auteur suisse. Il est connu entre autres pour la série Jonathan (16 tomes) et pour un récit de Mickey Une mystérieuse mélodie : ou comment Mickey rencontra Minnie (grand prix du Festival d'Angoulême 2017). Ce tome commence par une introduction de 3 pages écrite par André Guex, auteur de Geiger : Pilote des glaciers et de Valais Naguère. 281 photographies anciennes. Il évoque la région du Valais, un canton de Suisse situé au sud du pays.

Peu avant 1930, la malle de la Poste progresse tranquillement pour rallier le village d'Ardolaz dans les Alpes Valaisannes en Suisse. Un mystérieux individu à chapeau et à moustache saute dedans à la faveur d'un tunnel. Un peu plus loin sur le bas-côté, 2 gendarmes interpellent un touriste pour savoir ce qu'il fait là. Melvin Z. Woodworth leur explique qu'il vient séjourner à Ardolaz pour trouver l'inspiration pour écrire son prochain roman. La malle arrive. Woodworth propose une petite goutte de Gin aux policiers, d'une bouteille de ses affaires personnelles, transportées par la malle. Il est un peu surpris d'apercevoir Baptistin, mais n'en dit rien aux gendarmes. Il finit par rallier Ardolaz à pied, mais arrive après la malle, ayant ainsi perdu son pari avec le cocher.

Une fois installé à l'auberge de monsieur Zufferey, il va faire le tour du village. Il va se recueillir sur la tombe de Dragan Z. Madjevic, puis se promener autour du Grand Hôtel qui est fermé pour l'hiver. le soir alors qu'il lit tranquillement dans le fauteuil de sa chambre, il entend un énorme craquement. Il s'agit du glacier avoisinant qui bouge. Au petit déjeuner, il évoque l'histoire d'un ancien village qui aurait été enseveli par le glacier. Les gendarmes sont toujours à la recherche de Baptistin, accusé de faux-monnayage. Melvin Woodwaorth reçoit un courrier de son agent Virgil G. Ashbury qui menace de lui couper les vivres si son prochain roman tarde encore trop. Pour essayer de déclencher le processus créatif, Woodworth se met à relire Peter Pan (1911) de James M. Barrie (1860-1937), personnage créé en 1902.

Il est toujours un peu intimidant de se lancer dans la lecture d'une oeuvre ayant été intégrée au patrimoine de la bande dessinée. le lecteur sera-t-il à la hauteur ? Saura-t-il en apprécier la substantifique moelle, y percevoir ce qui fait sa valeur ? Peu importe, autant déjà commencer par la lire comme n'importe quelle bande dessinée pour voir si elle fournit un bon moment de lecture. Généralement, la première composante qui accroche le lecteur réside dans l'intrigue. Cosey propose d'emmener le lecteur dans un canton suisse, plus précisément dans un village de haute montagne, pour toute la durée du récit (à part l'épilogue de 3 pages itinérant en Italie). Il met en scène un écrivain à la recherche de l'inspiration, peu avant 1930. A priori, il n'y a pas de quoi titiller l'attention d'un amateur de récit d'aventures. Mais en fait, l'auteur intègre plusieurs éléments d'ordre romanesque, comme un trafic de fausse monnaie, un fuyard (Baptistin) qui échappe aux gendarmes, un individu qui rôde la nuit dans le Grand Hôtel fermé pour la saison et qui y joue des airs au piano, une mystérieuse jeune femme (Evolena) qui se baigne dans une source chaude, un village qui aurait disparu, et même Melvin Woodworth a un objectif caché qui a trait aux circonstances de la vie et de la mort de Dragan Z. Zmadjevic dans ce village.

Finalement le lecteur se retrouve très intrigué, avec l'envie d'en savoir plus sur ces mystères. Il plonge dans une histoire agréable et facile à lire, sans dimension intellectuelle exigeant trop de concentration de sa part. Il se rend compte qu'il apprécie également la dimension touristique de l'histoire, l'évocation de ce village de montagne au début du vingtième siècle. Il en a un premier aperçu avec les tenues vestimentaires des personnages : à commencer par les culottes courtes de Melvin Woodworth et ses grosses chaussettes de laines qui montent jusqu'au genou, en continuant par les uniformes d'époque des gendarmes, en passant par les vêtements confortables et un peu empruntés des villageois. Il n'y a pas de doute que le dessinateur ait fait les recherches nécessaires pour assurer la véracité historique de ces éléments.

Les recherches de Cosey couvrent également l'architecture du village avec ses chalets de bois et leurs toits en ardoise, son église en pierre, les clôtures de bois, le luxe du Grand Hôtel, etc. Au fil des séquences, le lecteur peut également découvrir les occupations quotidiennes des villageois : filage de la laine, travail du bois, élevage de chèvres. Il se rend compte que l'évocation de ce village et de cette époque n'a rien de superficielle ou de générique quand le personnage principal bénéficie d'explications sur quelques pratiques, ou de la définition de quelques termes locaux. Ainsi le lecteur découvre avec Melvin Woodworth (ou retrouve s'il connaissait déjà) la définition du chemin de bisse : canal d'irrigation creusé dans la terre, ou accroché au rocher, conduisant à la belle saison l'eau des torrents vers les prés et les prairies qui se dessèchent. Il croise des termes comme le fendant (un cépage chasselas en Valais), les mayens et les raccards qui sont tous explicités au cours du récit. L'authenticité de cette reconstitution historique n'est donc pas à mettre en doute, et c'est un vrai plaisir que de pouvoir découvrir le village par les yeux du nouveau venu, de l'accompagner faire du ski dans une zone encore majoritairement sauvage, sans touriste, de découvrir les spécialités locales (encore un petit verre de fendant ?), et de savourer une raclette à l'air libre, avec quelques nouveaux clients de passage.

Cette bande dessinée est découpée en 9 chapitres assez rapides, et le lecteur s'aperçoit que dès le troisième, il est complètement emporté par l'histoire. Il n'a pas besoin de temps d'adaptation pour pouvoir apprécier les dessins de Cosey. Ils appartiennent à un registre descriptif avec un bon niveau de détails. Il utilise un trait d'encrage assez fin pour tracer les contours de chaque forme. Dès la première page, le lecteur apprécie de pouvoir observer ce toit qui protège le pont permettant de traverser une rivière. À chaque page, il peut choisir de lire rapidement pour ne s'intéresser qu'à l'histoire, ou prendre son temps pour apprécier les détails qui s'y trouvent : la forme d'une luge, une pile de bûches, l'aménagement de la chambre d'auberge de Woodworth, les formes des sacs à dos, les bâts des ânes et leur contenu quand les villageois sont contraints d'évacuer le village, la bouilloire utilisée par Woodworth, la robe de soirée d'Evolena, un abreuvoir, etc.

Cosey sait créer des personnages aisément reconnaissables, avec des allures différentes, qu'il s'agisse de Melvin Woodworth, jeune homme plein d'allant et confiant en ses capacités, d'Evolena jeune femme pleine d'entrain et souriante, de Baptistin homme chenu plus âgé, encore dans la force de l'âge, des 2 gendarmes, ou du cochon Wilfrid, des villageois, etc. Il se montre assez facétieux avec les 2 gendarmes, les utilisant comme le duo des Dupondt dans un premier temps, en tant que ressort comique, avec une forme de condescendance de la part des autres personnages, mais finalement des professionnels assez compétents dans un deuxième temps. Il s'avère convaincant pour animer de manière réaliste le cochon que Woodworth a baptisé Wilfrid. Dès la première page, le lecteur apprécie de pouvoir contempler la nature. Alors que la malle postale n'en est encore qu'au début de son ascension, il voit la ligne des arbres, la terre à nu, et les formations rocheuses des montagnes avec des affleurement rocheux à plusieurs endroits. le lecteur ressent l'impatience à prendre de l'altitude pour parvenir aux paysages entièrement recouverts de neige. Il constate qu'au fur et à mesure de la progression de la malle, les bas-côtés se couvrent de plus en plus de neige.

Dans le chapitre II, Melvin Woodworth part faire un tour à pied aux environs du village, ce qui permet de regarder alentour, malgré un petit banc de brume. Dans le chapitre III, il part faire un tour à ski, d'époque en bois. le lecteur partage son plaisir à se laisser glisser, à progresser dans la neige fraîche, seul au monde, à découvrir une source chaude au milieu d'un bosquet de mélèzes. Au fil des chapitres, Melvin Woodworth a l'occasion de faire d'autres sorties à ski, de découvrir l'intérieur d'une grotte, et de passer sur le glacier. le lecteur reste béat d'admiration devant la manière dont Cosey sait conserver le blanc de la page pour rendre compte de la virginité de la neige. le lecteur se retrouve à projeter la texture et la résistance de la neige dans ces zones blanches de la page où évolue Woodworth ou d'autres personnages. L'artiste n'abuse pas de ce mode de représentation, en particulier, il donne une couleur grise aux étendues enneigées lors des séquences nocturnes. Il sait également rendre compte de la résistance de la neige, entre autres lorsque Woodworth se retrouve les quatre fers en l'air dans de la poudreuse. Il réalise une mise en couleur naturaliste, essentiellement basée sur des aplats de couleurs unis. Il introduit rarement des nuances, essentiellement pour rendre compte de reliefs mis en évidence par la luminosité. Il ajoute des petits traits secs pour rendre compte des textures des surfaces, que ce soit le bois ou les tissus. Il utilise également les couleurs pour faire mieux ressortir quelques surfaces par rapport aux autres par exemple 2 plans différemment éloignés de lignes d'arbre.

Le lecteur un peu tatillon peut trouver qu'un ou deux passages comprennent des invraisemblances, ou des situations un peu tirées par les cheveux. Il y a bien sûr le comportement du cochon Wilfrid qui relève plus du dispositif artificiel bien pratique pour aider le héros, que d'un comportement naturaliste totalement plausible. Néanmoins le lecteur peut y voir une forme de comédie, sans réelle incidence sur l'intrigue en elle-même. Cosey donne l'impression de jouer dans un registre de chassé-croisé, pour introduire une tension momentanée, et ne pas se répéter dans les recherches menées par les 2 gendarmes. le lecteur peut aussi s'étonner de voir Evolena se balader dans la neige jambes nues, ou en talon, alors que les autres personnages restent en tenue hivernale pour affronter le froid de la saison, et la couche de neige. Mais il ne s'agit que de menus détails au regard de la globalité du récit. du coup, il pardonne également le final un peu trop spectaculaire quand l'une des attaches du sac à dos de Baptistin lâche au mauvais moment, ou quand ce personnage fait une découverte spectaculaire à un moment bien opportun. Il le pardonne à l'auteur, parce que malgré tout celui-ci a pris soin de préparer ces événements, à commencer par le poids du chargement du sac, mais aussi parce qu'il voit bien qu'il s'agit pour l'auteur d'introduire des rebondissements pour rester dans le registre de l'aventure.

Totalement décontracté par la facilité de la lecture, le lecteur se laisse emporter par l'intrigue, par le plaisir de se retrouver dans cette région, par le grand air, et par la bonne nature du personnage principal. Il se rend compte que la reconstitution de l'ambiance du village le convainc entièrement. Il se surprend à aller se renseigner sur la vie de Joseph-Samuel Farinet (1845-1880) faux-monnayeur, ayant fait l'objet d'un roman : Farinet ou la fausse monnaie (1932) de Charles Ferdinand Ramuz. Malgré quelques facilités de scénario, Cosey a recréé une communauté, en la présentant par les yeux d'un nouveau venu. Au sein de son intrigue, il évoque donc cette forme d'activité criminelle qui est la création de fausse monnaie. Il évoque également le symptôme de la page blanche chez l'écrivain, et la situation financière précaire qu'il provoque. Au travers de l'histoire personnelle de Melvin Woodworth, il parle aussi d'un immigré (son père), de sa relation avec son père, de la distance qui sépare les membres d'une même famille, de la vie rêvée du frère absent. le lecteur peut trouver comme un écho de ces thèmes dans l'exode imposé des villageois d'Ardolaz, devant abandonner leurs racines, devant quitter leur foyer. Il y a finalement des thèmes sous-jacents assez graves dans le récit, même s'ils ne prennent jamais le pas sur l'histoire racontée. le lecteur peut d'ailleurs voir dans la conclusion de l'épilogue l'affirmation d'une valeur qui rejoint la question de la cellule familiale.

Et Peter Pan dans tout ça ? Il y a déjà les citations de James M. Barrie en ouverture de chaque chapitre qui sont toutes extraites du livre Peter Pan. le lecteur peut essayer de trouver en quoi elles viennent apporter un éclairage au chapitre afférent, ou y voir plus une idée générale du chapitre, une source d'inspiration. L'auteur va un peu plus loin encore, lorsque dans les pages 81 et 82, Melvin Woodworth rêve au dieu pan. Il est assez difficile d'établir un parallèle direct entre le parcours de Melvin Woodworth et celui de Peter Pan, ou de voir dans ce récit des thèmes comme la peur de la mort. Peut-être que Woodworth est effectivement à la recherche de Dragan Z. Zmadjevic qui semble avoir vécu son rêve d'enfance ? C'est la réflexion qu'il se fait en page 57. Peut-être est-il à la recherche d'une vie romanesque qui lui éviterait d'être adulte, de faire face à ses responsabilités ? Ou peut-être que plus simplement Melvin Woodworth est un individu qui trouve du plaisir dans l'expérience de la vie, sans réelle implication de sa part ? Faut-il voir dans la décision de Woodworth de rester au village malgré le danger, un comportement manquant de maturité ? Ou dans sa décision de venir en aide à Baptistin sans rien connaitre de lui ? Il apparaît également qu'il souhaite retrouver l'état antérieur de la chaleur familiale lorsqu'il était enfant.

Finalement, qu'elle appartienne ou nom au patrimoine de la BD, cette histoire se lit avec un grand plaisir, sans donner l'impression de retomber en enfance, ou que le média soit une excuse pour un récit infantilisant. L'auteur laisse le libre choix au lecteur de ne lire le récit que pour son intrigue et sa dimension touristique, ou de prendre le temps de penser aux choix effectués par le personnage principal.
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