De pierre et d'os

Après mon voyage enrichissant au pays des Evenks, peuple nomade vivant au nord de la Chine ( voir ma critique du livre, le dernier quartier de Lune) me voilà partie dans le Grand Nord sur la trace des Inuits.
J'avais quelques doutes, car à la différence de l'auteur du dernier quartier de lune, l'auteur de Pierre et d'Os n'a pas séjourné parmi le peuple héros de son roman . Elle s est par contre apparemment appuyée sur une très riche documentation.
Cela donne au final un joli livre tout à fait crédible. Il décrit avec beaucoup de précisions la vie difficile de ce peuple en permanence en prise avec les éléments et dont les relations entre individus sont basées sur des valeurs qui malheureusement font de plus en plus défaut dans la société occidentale.
J'ai passé un très bon moment de lecture qui m'a permis de sortir agréablement de mon quotidien.
Je recommande !

Dans ce bouquin, on ne fait pas que suivre la vie d'Uqsuralik, on vit avec elle sa quête initiatique, depuis le jour où elle cesse d'être une enfant pour devenir une femme, forcée et fière de faire corps avec la nature qui l'entoure et les aléas de sa condition de femme inuit sur une banquise qui tend à se dérégler. Une très belle aventure humaine, sublimée par la force poétique de son autrice. Bérengère Cournut participe à donner une voix à un peuple vivant et fort de sa culture. C'est une très très belle découverte, je vais très clairement aller jeter un oeil aux autres ouvrages de l'autrice. Encore une fois, les éditions du Tripode m'ont fait vivre des choses fortes.

Un livre magnifique, et surprenant tant par son sujet, sa forme que son écriture.
Le sujet, la vie dans le grand Nord, nous fait frissonner au rythme de la vie de l'héroïne. On y découvre une culture à part, façonnée par le paysage, entre rudesse existentielle et mythes sauvages. Ici, on tue les enfants si la vie est trop dure, on mange son chien, on abandonne les vieux sur une île. Et pourtant, portés par le récit, on arrive à comprendre.
C'est toute la force de cette écriture, glaciale comme la banquise, presque scientifique dans son impassibilité. La vie est ainsi, il faut l'accepter, s'adapter ou mourir. Et même mourir est normal - triste mais normal.
J'avoue une certaine ambivalence à la lecture, car oui l'écriture est froide, contenue, les sentiments semblent pris dans la glace et n'arrivent pas toujours à me toucher. Mais en même temps elle transmet parfaitement l'ambiance, la réalité de la vie du grand Nord. C'est à la fois effrayant et fascinant. Mais toujours tellement fort!
L'auteur a aussi écrit un ouvrage sur les amérindiens, que j'ai envie de découvrir pour voir si son écriture change en fonction de l'endroit.
En tout cas, c'est sans aucun doute un livre magnifique, à lire sans hésitation.

Un véritable voyage initiatique au coeur d'un monde mystérieux et glacial dont on ne peut détourner les yeux.

Avec une plume douce et poétique, l'auteure nous transporte à travers ces paysages froids et hostiles chez les peuples nomades Inuits. L'immersion est immédiate et totale, on tremble de froid comme d'angoisse dès la première page en affrontant de front l'immensité polaire impitoyable, aux côtés de notre jeune protagoniste.

Tout comme elle, notre innocence et notre ignorance de ce monde nous font proies faciles face à la cruauté intransigeante de la nature, mais aussi face à celle des hommes; c'est aussi face aux esprits malicieux et énigmatiques que l'on doit tenir tête pour tenter des garder les pieds sur terre.

Le caractère simple mais cru de l'écriture nous transperce droit dans le coeur lorsqu'il est question des violences physiques et psychologiques que ces hommes et femmes de l'arctique doivent endurer pour survivre, mais l'auteure sait aussi nous réchauffer avec les moments de partage et de convivialité que nos protagonistes vivent ensemble dans ce désert glacé.

C'est comme perdue sur la glace et dans le temps que j'ai traversé cette belle lecture unique et nouvelle.

L'année dernière, j'avais adoré Zizi cabane de la même autrice et mes copains libraires n'ont eu de cesse de me conseiller ce titre. le hasard fait que je tombe dessus dans un easy cash pour moins de 2 euros. Depuis, ce livre prenait un peu la poussière dans ma PAL jusqu'à l'annonce d'une séance de dédicaces prévue avec l'autrice le mois prochain. Ni une ni deux, je fonce tête baissée dans l'univers glaciale de de pierre et d'os. J'ai adoré la poésie de ce livre, ses personnages attachants et toutes ces traditions qui m'étaient inconnues. Encore un sacré bon travail, merci Bérengère Cournut.

Quel beau roman ! A travers le destin d'Uqsuralik, jeune Inuit séparée de sa famille suite à une faille dans la banquise, on découvre la culture et le mode de vie du peuple du froid. Familles nomades, vivant au rythme des saisons, de la chasse et de la cueillette, profondément habitées de croyances et d'histoires transmises de générations en générations, solidaires face aux conditions de vie d'une rudesse extrême. Il s'agit souvent moins de vivre que de survivre, dans ce pays de glaces et de famines, où le moindre bout d'os ou d'arête est précieusement récupéré et utilisé. Dans la solitude et le silence de cet univers hostile et rude, entre délires mystiques et poésie, Bérengère Cournut nous invite à un magnifique voyage, à la fois immobile et lointain, inspiré par une sculpture polaire d'os et de pierre et une résidence de dix mois au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. Au fil de cet ouvrage sont souvent venues s'immiscer en moi les images de la très belle collection d'art inuit rassemblée par notre poète national Carl Norac depuis les années 90. Jai aussi beaucoup pensé au roman "Peau de phoque" de Valentina Vequet qui décrit la vie d'une mère de famille dans la presqu'île de Tchoukota, à l'extrême est de la Russie. A noter aussi que cet ouvrage est un très bel objet : le grain du papier, son grammage, la typo, la mise en page, le graphisme, les photographies... tout est fait pour le plaisir des yeux et de la lecture. C'est assez rare pour le souligner.

e pierre et d'os se classe dans ces romans difficiles à décrire parce que plus qu'une lecture, c'est une expérience à vivre. On apprécie ou non mais on ne peut pas remettre en question le fait qu'il est atypique.

Peut-on d'ailleurs parler d'un roman ?

On suit y Uqsuralik : contrainte à survivre seule après avoir été séparée de sa famille par une fracture dans la banquise, la jeune fille va être projeter dans un univers adulte l'obligeant à devoir très vite murir pour affronter les obstacles qui l'attendent.

Bien que la culture inuit ne m'était pas connue, j'ai été très vite plongée dans l'histoire et très curieuse de découvrir celle-ci. Simple et dénuée de l'inutile des sociétés modernes consuméristes, j'ai été emportée par ces gens si respectueux qui mettent en avant l'humain et les liens entre eux et donnent une place importante au vivant et à la nature. Ce n'est pas uniquement une ôde à la vie des inuits : la rudesse est aussi omniprésente dans le roman à travers le décor, le fait de tout le temps lutter pour survivre mais aussi dans certains rapports de force (entre humains et avec des divinités/esprits). Si les êtres particulièrement attachants comme Uqsuralik nous rassure et nous donne envie d'en savoir plus, on trouve aussi des personnes profondément mauvaises comme le Vieux.

Je disais plus haut que je ne savais pas si on pouvait le qualifier de roman, une interrogation que je me suis posée après avoir lu les nombreux chants du livre. Parfois, l'histoire est racontée en prose, et d'autres fois, c'est à travers la musique et les vers. Un choix judicieux qui renforce la partie mystique qui est omniprésente dans le roman.

J'ai été plusieurs fois secouée par les évènements qui se déroulaient, la puissance des mots de l'autrice et des croyances inuits. Il y a très peu de dialogues dans le livre ce qui donne une densité encore plus intéressante à ses propos et nous emporte complètement.

C'est un livre que je vous recommande fortement !
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Le dépaysement est garanti et c'est un plaisir de lire ce récit du Grand Nord !

Même si on a déjà lu des histoires sur les Inuits, ce livre nous en apprend beaucoup encore sur leurs moeurs, leurs coutumes et façons de penser. le résultat semble magnifiquement authentique.

J'ai apprécié le contraste constant entre la rudesse des conditions de vie et la finesse d'expression des sensations, des sentiments. On suit le personnage d'Uqsuralik, jeune fille courageuse et sympathique, au destin souvent tragique. Son personnage et quelques autres aussi sont très attachants.

J'ai moyennement aimé le mélange constant de la réalité et du surnaturel même si c'est bien écrit et a le mérite d'apporter une touche de poésie. Peut-être que c'est la quantité qui m'a paru un peu excessive. En tout cas, on le comprend bien, c'est essentiel dans la culture inuit.

Plaisir supplémentaire : les photos en fin de livre sont superbes et donnent l'occasion au lecteur de voyager par la pensée, quelle belle contribution !

Comment bouder un récit qui nous invite à partager le réel et l'imaginaire d'une famille Inuit ? Il ne nous est pas permis de les côtoyer autrement... (d'ailleurs ma citation de la p218 y fait écho avec bonheur).
J'ai eu donc plaisir à courir la banquise, chasser, observer mes pairs, chanter, se perdre aussi avec Uqsuralik, l'intérêt du" je" dans la narration.

Oui, nous aurions pu avoir le sentiment de nous en approcher davantage, si Bérangère Cournut avait réellement vécu une histoire sur place ; pour le coup ce ne serait plus un roman d'aventures mais un vrai récit documenté.
C'est mon interrogation et mon hésitation dans l'apaisante lecture de Pierre et d'os, résonnante à ma propre quête d'une vision poétique et belle du monde, fût il lointain.

Ceci n'est pas un roman. C'est bien plus que ça.
Car Bérengère Cournut nous propose un voyage à la fois géographique mais aussi onirique.

Uqsuralik est séparée de sa famille par une fracture de la banquise, alors qu'elle entame l'âge adolescent. Elle va devoir survivre à ce monde et dans ce monde à la fois sauvage et doux, avec les quelques "armes" que lui a lancées son père.

Alors oui, c'est une aventure de survie qui commence mais c'est surtout un voyage initiatique et une quête onirique qui s'ouvrent pour cette jeune fille qui deviendra femme.

Bérengere Cournut, de sa plume légère, nous invite à la suivre dans le Grand Nord, dans ce paysage blanc, fait de glace et d'eau, peuplé de phoques, de caribous, de morses, d'ours et de renards arctiques. Dans cet environnement, l'homme inuit est à l'écoute de la nature, profondément. Car sa survie en dépend.

Mais l'autrice nous invite surtout à découvrir les croyances et les traditions d'un peuple lié à la nature qui le nourrit à la fois physiquement et spirituellement. Les rêves y prédisent, de petits hommes y chantent l'avenir, des animaux habitent l'esprit des hommes et les âmes de ceux qui meurent reviennent habiter la vie d'un nouveau-né. Les chamanes oeuvrent et se transmettent leurs chants et leurs savoirs ancestraux.
C'est dur, abrupt et ancré dans une continuité, dans la transmission, dans l'idée d'un cycle infini. C'est aussi d'une grande douceur et d'une jolie poésie.
Les chants qui jalonnent l'histoire en sont les meilleurs exemples.

Une expérience de lecture inédite, douce, au cours de laquelle on entend presque craquer la banquise au milieu du silence.