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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1975, Mystic, Géorgie. Joe Lon Mackey se morfond, il bouillonne comme une bombe prête à exploser. Il a le sentiment que sa vie est devenue un film pas très intéressant , qu'il est condamné à voir et à revoir à l'infini. En effet, Joe Lon mène une vie plutôt pathétique, vivant dans une caravane avec sa femme Elfie, qu'il aime bien mais qu'il ne peut s'empêcher de tabasser, et ses deux marmots. Lui l'ancienne star, le running back des Crotales de Mystic, qui détient bon nombre de records de son ancien lycée, tient désormais l'ancien troquet de son père, Big Joe, où il vend de l'alcool de contrebande à des nègres et passe le temps en s'occupant de ses serpents dans l'arrière-boutique. Côté famille, ce n'est guère mieux : une mère partie avec un représentant, une soeur cinglé qui se tartine la tête de merde et son colosse de père qui brutalise ses chiens afin de tirer le maximum de ses pitbulls pour les combats qu'il organise.

Alors Joe Lon picole, traîne avec ses potes tout aussi alcoolos et violents que lui, en se remémorant le bon vieux temps. Car notre héros n'a pas toujours été ainsi, à l'époque du lycée, il y a eu un rayon de soleil dans sa vie (outre le football américain) : Berenice. Une fille assez déluré, qui le laissait conduire sa Corvette et qui était sa petite amie. Mais comme beaucoup d'autres, elle est partie à l'université alors que Joe Lon est resté à Mystic.
Pourtant pas le temps de rêvasser, il a du boulot et prépare comme chaque année la foire aux serpents. Des centaines de caravanes et des milliers de dingos de reptiles débarquent dans le coin pour participer aux festivités. Cette année la foire est différente car Berenice sera là, après cinq ans d'absence. Sera t-elle l'étincelle qui mettra le feu aux poudres ?

C'est avec beaucoup de plaisir que je découvre Harry Crews, un style direct et percutant, sans fioritures. Ce roman féroce, écrit en 1976, n'a pas pris une ride et se lit tambour battant jusqu'à l'apothéose finale. Décidément la Géorgie est une digne représentante de la littérature "redneck" avec Erskine Caldwell, James Dickey et Harry Crews !
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Noir, cette fois-ci, c'est vraiment noir !
Il faut savoir que Harry Crews durant sa vie, fera la guerre de Corée, de la prison, croisera des personnes hors normes et pour finir quittera femme et enfant pour s'installer tout seul dans une cabane pour écrire…
La Foire aux serpents est peut-être ce qu'il y a de mieux dans le roman noir américain, je ne suis pas une spécialiste mais quoiqu' il en soit, j' ai adoré et dévoré ce livre en 2 jours. J'ai aimé et détesté ces personnages bizarres au bord de la folie, et aussi cette ambiance vraiment glauque, tout y est. Il y est question entre autres, de sexe, de folie, de combat de chiens et bien sûr de serpents
Le roman est construit très simplement en deux parties.
On pose d'abord les personnages, tous plus fous les uns que les autres et puis dans un second temps, la réaction en chaine est lancée !
J'ai aussi beaucoup aimé la plume de l'auteur, crue, précise mais presque poétique par moment
Un très bon roman, mais âmes fragiles s'abstenir…

Lien : https://collectifpolar.com/
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Mystic, Georgie, fait partie de ces petites agglomérations américaines qui semblent évoluer en marge de la civilisation. Certes, il y a un collège, des tournois de football et un staff de majorettes. Que la majorette en chef soit une dévergondée de première à la botte du capitaine de l'équipe de foot n'a rien de bien surprenant. Il y a quelques années, il s'agissait de Berenice et Joe Lon ; aujourd'hui, la tradition se perpétue avec Candy et Willard. Mais s'il est une tradition qui semble prendre toujours plus d'ampleur à Mystic d'une année sur l'autre, c'est la foire aux serpents. Cette année, ce sont des milliers de frappés du reptile qui sont attendus à Mystic ; des centaines de caravanes vont venir se stocker sur le terrain vague habité par Joe Lon, en caravane lui aussi avec femme et enfants.

A la suite de son père Joe Lon senior, Joe Lon exploite le troquet du coin. Joe Lon senior se concentre à présent sur son écurie de pit-bulls et l'organisation de combats. Dans sa grande baraque il y a encore sa fille Beeder, la soeur de Joe Lon junior devenue folle après le décès de sa mère dans des conditions épouvantables. La foire aux serpents se prépare et Joe Lon a plein de boulot.

Encore un roman terrible de l'enfant terrible de la littérature américaine moderne. Bien que daté de 1976, ce texte éprouvant n'a pas pris une ride. Cette foire aux serpents est l'occasion pour Crews de dresser le portrait d'un jeune homme handicapé de l'affect : encore un être de contraste extrême, d'un parfait aspect physique mais d'un psychisme ravagé par les terribles événements déclenchés par son taré de paternel. "Il ne savait pas ce qu'était l'amour. Il ne savait pas à quoi ça servait. Mais il savait qu'il se le coltinait partout où il allait, c'était une scabreuse tache de pourriture, de contagion, qu'on ne pouvait pas guérir. Que la rage ne guérissait pas. Que l'indulgence ne faisait qu'empirer, attiser, développer comme un cancer. Et ça avait fichu sa vie en l'air." Joe Lon aurait pu être un parfait psychopathe totalement privé d'empathie, mais non, il y a en lui ce germe d'humanité qui ne peut pas se développer et qui, paradoxalement, empoisonne sa vie de tourments insolubles. Son traumatisme est une montagne insurmontable, son humanité ne s'exprime que sous la forme d'une haine viscérale dont il a lui-même une peur bleue, mais qui finira quand même par prendre le dessus.

Encore un chef d'oeuvre magistral et bouleversant malgré sa relative brièveté, à lire juste après la malédiction du gitan. Traduction très correcte de Nicolas Richard (malgré quelques rares erreurs et approximations qu'une bonne relecture de l'éditeur aurait pu éradiquer...).
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Ce roman de 1976 est une vraie claque ; un patelin paumé ou tous les travers des humains sont réunis : racisme, viols , alcoolisme , violence .. Seul le football apporte un peu de plaisir aux gens ...
Les personnages décrits sont tous plus ou moins pervers et ignobles ...
On ressort un peu écoeuré par certaines scènes dont le combat de chiens . Un roman dur , féroce , nauséeux , mais un roman qui ne laisse pas indifférent .
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L'injecteur Harry

Injecteur : dispositif permettant l'apport de matières gazeuses ou liquides. Harry Crews est un injecteur dans la littérature, de liquide principalement, frelaté et alcoolisé surtout.

Je me faisais la réflexion, entre deux bâillements, devant la série luxueuse tiré de l'oeuvre de papy T, que Tolkien et Crews avait peu en commun. Il y a peu de lustre chez Harry et les personnages n'utilisent pas plusieurs paragraphes pompeux pour dire qu'ils veulent boire un coup. Harry Crews c'est l'étrange dans la fange, le splendide dans le sordide (et inversement). Rarement il aura été autant le chantre des fluides et de l'avilissant que dans La foire aux serpents.

Parsemée de scènes hallucinées parfaitement maitrisées, la plume rongée à l'acide, à l'humour plus noir que le goudron, La foire aux serpents est également l'éclatante démonstration de la science du dialogue chez Crews. Les pages consacrées au rapiéçage de la pine du shérif local sont parfaitement saisissantes de drôlerie.

Situé dans la ville fictive de Mystic dans un Sud poisseux et rance, ce roman aux allures de fin du monde assène avec une réjouissante implacabilité qu'il n'y nul besoin d'un virus ou de morts sortant des tombes pour hâter l'apocalypse. L'alcoolisme effréné, la débilité en dérivant et l'espoir mort-né y conduisent plus sûrement.

Harry Crews est l'indigne représentant de cette littérature sudiste où la chaleur colle les chemises. Les édentés jouent au banjo et la consanguinité est le mode de reproduction privilégié. Crews en est le bâtard honteux, le grimaçant derrière la moustiquaire, la roue voilée qui grince. La foire aux serpents est son feu de bengale. L'incendie qui couve, qui couve. le chuintement léger de la pression qui monte jusqu'au blast final.

Portant son oeil sur les éternels perdants de l'existence, Harry les regarde moins tendrement qu'accoutumé, la bienveillance laisse place à l'incision pour une plongée irrévocable dans la folie.

Je doute que Harry Crews se retrouve un jour en Pléiade. C'est dommage, le cale-porte aurait eu de la gueule pour une fois !
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Le hibook a lu : « La foire aux serpents » de Harry Crews. Bien mal nommée la ville de Mystic , au coeur de l'Amérique des « rednecks » : très matérielle au contraire , avec ses « pompom girls » son élection de Miss, ses combats de pitbulls , son shérif violeur et , fin du fin, sa Foire aux Serpents pour attirer les dingos de tout acabit et les dollars.Les serpents , parlons-en :les crotales du coin que les habitants chassent , collectionnent , dégustent sont finalement plutôt sympas comparés à l'humanité environnante. Au milieu de cette géhenne, il y a Joe Lon Mackey , grand blond , baraqué . « Joe Lon trésor » (comme le nomme sa malheureuse femme) est un ex. Ex-footballeur de talent, ex-leader de la jeunesse locale, ex. de Bérénice la femme de sa vie. Maintenant , il zone avec sa femme qu'il n'arrive pas à aimer , ses deux gosses qu'il voient comme des nuisances , son boulot de vendeur d'alcool qu'il déteste , sa famille ultra déglinguée ( père sombre brute , mère suicidée, soeur raide dingue ) . Et si au moins , il était totalement décérébré le Joe ! Mais non , il a conscience de l'absence irrémédiable de perspectives dans sa vie. Alors , il picole , brutalise des inconnus , cogne sa femme , se lance des défis débiles confond amour et sodomie . Et voilà que Bérénice annonce son retour pour la Foire aux Serpents ,alors, « Tic,tac,tic,tac » , le compte à rebours s'enclenche …. Il est cru , Crews , il ne prend pas de gants , ce n'est pas du noir , c'est de l'ultra-noir comme dirait Pierre Soulages mais Crews lui aussi fait jouer la lumière sur les ténèbres de l'esprit humain pour en faire un livre que l'on n'oublie pas. Merci à François Médéline (l'auteur de « Tuer Jupiter » ) pour m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Deux jours à suivre Joe Lon, personnage frustré, alcoolique et violent,, avec quelques moments de lucidité et de prise de conscience de ses actes, ..écriture assez râpeuse et aride, qui traduit bien l'ambiance du livre.
Je recommande, sans hésitation, comme tous les livres déjantés et freaks de Crews
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J'ai lu avec délectation ce roman de Harry Crews, une grande découverte! une critique sur mon blog: http://linnelharsson.blogspot.fr/2015/06/lecture-la-foire-aux-serpents-harry.html
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