Un jeune professeur, Derek Stafford, lui enseigna que le dessin n’était pas juste une imitation, mais un acte cérébral. Il fallait réfléchir, bouger, changer son point de vue, voir l’objet sous plusieurs angles.
La peinture était l'art le plus puissant, le plus réel, parce qu'elle contenait la mémoire, les émotions, la subjectivité, le temps : la vie. C'était en ce sens qu'elle sauvait de la mort.
Selon lui, il n'aurait pas dû y avoir une telle séparation entre l'élite et le peuple. Pourquoi seules les œuvres abstraites, accessibles à un tout petit nombre, étaient-elles considérées comme de l'art "sérieux" ? L'art ne devait-il pas s'adresser à tous ?
Il était merveilleux de penser que sa performance artistique avait le pouvoir d'annihiler la distance en liant le jour et la nuit et plusieurs continents: c'était le moyen de lutter contre la solitude. Sa propre façon d'abolir les murs.
"Quand un galeriste qui organisait une exposition collective demanda aux artistes d'évoquer la source de leur inspiration, il écrivit : Je peins ce que je veux, quand je veux, où je veux."
Tout pouvait être le sujet d'une peinture; un poème, quelque chose qu'on voyait, une idée, un sentiment, une personne. Tout, vraiment. C'était ça, la liberté. Derek, autrefois, lui avait dire de se débarrasser de son image de clown s'il voulait qu'on prenne au sérieux son travail. Mais non; on pouvait être à la fois un clown et un peintre sérieux !
Il avait même réussi à se convaincre que Peter aurait changé pendant l'été et accourait vers lui! (p.80)
La guitare bleue(celle d'un tableau de Picasso) symbolisait le talent de l'artiste, qui ne pouvait pas jouer "les choses comme elles sont" parce qu'elles n'existent pas en soi, mais seulement dans la représentation. La guitare bleue, c'était exactement ce que ses parents n'avaient pas, ce dont l'absence rendait leur vie sinistre. David avait reçu une guitare bleue à la naissance - le pouvoir d'imaginer et de "rapiécer" le monde. Il devait remercier ses parents, la nature, la vie, Dieu. Son don valait plus que tout.
"Je peins ce que je veux, quand je veux, où je veux."
Ce livre est un roman. Tous les faits sont vrais. J'ai inventé les sentiments, les pensées, les dialogues. Il s'agit plus d'intuition et de déduction que d'invention à proprement parler: j'ai cherché la cohérence et lié les morceaux du puzzle à partir des données que j'ai trouvées dans les nombreux essais, biographies, entretiens, catalogues, articles publiés sur et par David Hockney.
(...) c'était cela, la liberté : ne pas se laisser enfermer dans une idée; casser l'attente des autres, ses propres habitudes et sa façon de penser. Il n'oubliait pas l'excellent conseil de Ron Kitaj, son ami du Collège royal (...) "peins ce qui compte pour toi ". (p. 56-57)