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Citations sur Autobiographie d'un épouvantail (40)

Retrouver les indices de son passé, c'est recoller les morceaux du moi brisé.
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C'est dire que tout récit est vrai comme sont vraies les chimères: le ventre d'un taureau, les ailes d'un aigle et les pattes d'un lion. Tout est vrai, et pourtant l'animal n'existe pas! J'aurais dû écrire: tout est partiellement vrai, et l'animal totalement faux ou encore: tous les morceaux sont vrais, je n'ai jamais menti en rappelant mes souvenirs, mais selon les circonstances ou selon mon humeur, j'aurais pu faire revenir d'autres épisodes tout aussi vrais qui auraient composé une autre chimère.
La chimère de soi est un animal merveilleux qui nous représente et nous identifie.
Elle donne cohérence à l'idée que l'on se fait de soi, elle détermine nos attentes et nos frayeurs. cette chimère fait de notre existence une œuvre d'art, une représentation, un théâtre de nos souvenirs, de nos émotions, des images et des mots qui nous constituent.
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Le trauma fracasse, c'est sa définition. Et la résilience qui permet de se remettre à vivre associe la souffrance avec le plaisir de triompher. Curieux couple !
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La rage de comprendre se transforme en plaisir d'explorer, la nécessité de fouiller l'enfer pour y trouver un coin de paradis se mue en aptitude à rencontrer des insufflateurs d'âmes.
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ÉPILOGUE
L'évolution est vagabonde, elle n'est pas linéaire, elle bouillonne comme la vie et repart en tous sens. Elle prend des formes différentes, erratiques, imprévisibles et pourtant déterminées par mille pressions du contexte. Tout développement est une aventure, je ne vois pas pourquoi un néo-développement résilient ne serait pas une épopée. Il est comme la masse bouillonnante d'une tempête où chaque goutte d'eau ne peut pas être ailleurs qu'à la place qui lui a été assignée par la force des vagues qui, l'ayant prise à un endroit, l'entraîne irrésistiblement dans une direction. Ce bouillonnement de déterminismes explique pourquoi nous sommes capables de donner sens à un tout petit moment de la condition humaine et incapables de donner sens à la condition humaine.
Nous sommes tellement contraints à nous fabriquer une vision cohérente du monde que nous n'hésitons pas à généraliser nos misérables vérités jusqu'à ce qu'absurdité s'ensuive. C'est ainsi que nous raisonnons quand nous voulons tout expliquer par une seule théorie qui contiendrait la vérité entière.
p. 272
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L'obéissance, nécessaire et sécurisante pour tout être humain, peut, selon le contexte, évoluer vers des formes morbides de prises de pouvoir ou d'érotisation de la servitude.
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La souffrance est probablement la même chez tout être humain traumatisé, mais l'expression de son tourment, le remaniement émotionnel de ce qui l'a fracassé,dépend des tuteurs de résilience que la culture dispose auprès du blessé. L'invitation à la parole ou la contrainte au silence, le soutien affectif ou le mépris, l ' aide sociale ou l'abandon chargent une même blessure d'une signification différente selon la manière dont les cultures structurent leurs récits, faisant ainsi passer un même événement de la honte à la fierté, de l'ombre à la lumière.
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Quand un blessé a du mal à s'exprimer ou simplement à dire: "Voilà ce qui m'est arrivé", il peut en faire un conte que tout le monde écoute avec respect.
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La pensée paresseuse est avantageuse parce qu'elle donne une vision claire du monde, une certitude qui mène au pouvoir. Le verbe est l'outil préféré de cette pensée nonchalante qui donne le plaisir de la récitation. Mais ce n'est pas un travail de la pensée qui cafouille et balbutie dans une recherche incertaine. L'orthodoxie facilite le laisser-aller qui évite le souci de la réflexion puisqu'un Autre vénéré a déjà pensé pour nous. La conviction de dire le vrai en récitant les mots du Maître procure une force d'affirmation, une tranquille certitude.
Un épouvantail, lui, s'applique à ne pas penser, c'est trop douloureux de bâtir un monde intime rempli de représentations atroces. On souffre moins quand on a du bois à la place du cœur et de la paille sous le chapeau. Mais il suffit qu'un épouvantail rencontre un homme vivant qui lui insuffle une âme, pour qu'il soit à nouveau tenté par la douleur de vivre.
p. 273
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« Autobiographie d'un épouvantail », Boris Cyrulnik, éd. Odile Jacob © 2008
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… j'ai été indifférente à ce qui m'arrivait. Ils violaient quelqu'un d'autre, mon âme était ailleurs. J'étais déjà morte. »
p. 222
Le récit intime n'étant pas partageable avec les récits d'alentour, ces jeunes traumatisés ne pouvaient pas socialiser leur expérience invraisemblable et cruelle. Alors, ils coupaient leur âme en deux, une moitié en pleine lumière et une autre à l'ombre qui souffrait en secret.
p. 224
Pour qu'un parent ne devienne pas « effrayé-effrayant », il faut qu'il maîtrise la représentation de la blessure qu'il a subie. Et ce travail n'est possible qu'avec l'autorisation du contexte. C'est lui qui donne leur pouvoir aux gestes et aux mots.
p. 228
Après avoir été obligés de se cacher pour survivre, ces enfants étaient obligés de cacher qu'ils avaient été cachés ! Le secret les avait sauvés pendant la guerre, mais en temps de paix la contrainte à garder leur secret pour ne pas être agressé une fois de plus entravait leur épanouissement.
p. 229
Je n'ai que ce mot à dire pour être rejeté en temps de paix. La parole qui révèle le secret devient une arme dont autrui peut se servir contre moi.
p. 230
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