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Citations sur Rétiaire(s) (26)

Donc, en compagnie de son meilleur pote, également très préoccupé par les questions de pudeur féminine, d'honneur familial et de marquage de territoire, Adama a jeté le fils de pute dans le coffre d'une bagnole et est allé lui expliquer les bonnes manières dans un coin tranquille. À coups de marteau. Pendant que son copain empêchait le gars de bouger, un accident est vite arrivé, Adama lui bricolait la tronche.

Au final, l'amoureux éconduit n’en est même pas mort. Certes, sans ses roulettes, il ne peut pas aller bien loin, et puis il pîsse et chie dans une poche en plastoc, mange avec une paille et a l'air un peu golmon, avec sa tête toujours penchée et son sourire édenté et baveux, figé de traviole, mais bon, il a survécu cet enculé, merde.

Est-ce que ça justifiait qu'on enferme Adama ? Petit Camerounais dont la vie n’a jamais été facile ? Arrivé en France à trois ans, élevé seul par sa mère et une sœur à peine plus vieille de deux printemps, emmuré dans une HLM, livré à lui-même passé une certaine heure, l’Educ’ Nat’ refusant de faire garderie, et donc exposé aux tentations durant toute son adolescence ?

Non, certainement pas.

Une fois derrière les barreaux, Adama de la Banane n’a cependant pas perdu son temps, il a découvert des trucs.
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Dans la situation présente, seul le storytelling compte. Nuance, réalité et pourquoi n’ont aucune importance, pire, ils sont dangereux.

Autre grand oublié, le déterminisme toujours de rigueur lorsque l'on juge des gusses de l'équipe adverse. Il ne peut pas, il ne doit surtout pas y avoir la moindre circonstance atténuante qui obligerait à réfléchir sur le fonctionnement ou le dysfonctionnement de l'institution - son incapacité à garantir la sécurité de ses fonctionnaires et de leurs familles, par exemple - et, par-delà, l'impéritie de ses chefs et des chefs de ses chefs, les politiques. In fine, ce sont eux qu'il s'agit de protéger des égarements de la troupe, pas le public.
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Colombiens, Péruviens et Boliviens ne sont pas idiots. Puisque les Mexicains sont des associés pénibles, que le marché US sature- en plus, la justice n'y est pas gentille - que les Européens sont demandeurs et payent mieux, et que l'Afrique reste une passoire où la corruption est une politesse, c'est là qu'ils sont venus développer de nouvelles routes commerciales pour leur poudre magique. En deux décennies, les quantités en transit sont ainsi passées de quelques centaines de kilos à quelques tonnes, à quelques dizaines de tonnes voire, sur l'ensemble du continent, à quelques centaines de tonnes. On sait ce qu'on chope, mais ce qu'on loupe, on en a seulement une vague idée.
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Quand on n’entend rien, on n’est obligé à rien.
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Et puis il y a eu Noël, le Nouvel An. Sans oublier le flingage de Nourredine H., au tribunal, et l’ouragan de merde politique et médiatique qui s’en est suivi. Après ça, plus personne n’avait envie de faire de cadeau à Théo.
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« Elle l’aimait vraiment, son Nourredine. » Alors pas question pour elle de débarquer dans l’une de ses tenues bling habituelles, même si Amélie n’a aucun doute sur le fait que la plupart des types présents l’ont déjà vue danser dans l’un des bars à chicha slash strip clubs que Nourredine gérait encore pour le compte des Cerda jusqu’à son arrestation.
Sirine Bouhafs, vingt-cinq ans aujourd’hui, a croisé la route de Nourredine Hadjaj quand elle en avait dix-neuf. Il était beau gosse, il avait des thunes, une réputation de mauvais garçon et il savait y faire. Et elle, pas plus bête qu’une autre mais pas plus intelligente non plus, ayant compris assez tôt qu’elle pouvait avoir tous les mecs qu’elle voulait à ses pieds et pas mal des avantages matériels qui en découlent – ce qui, finalement, comptait pour elle plus que tout le reste, que ne ferait-on pas pour de la marque ? – a vite lâché ses études, un quelconque BTS d’esclave commercial, pour se mettre à la colle avec lui.
Et lui rester fidèle.
Enfin, autant qu’on peut l’être quand votre mec vous parade comme un trophée devant tous ses potes, vous met le nez dans la poudre, vous colle à une barre de pole dance dans des sous-sols pourris, vous fait tourner quand ça l’arrange, vous arrange quand ça l’arrange, vous fout des cornes en vous refilant les saloperies d’autres poufiasses, vous entraîne dans ses combines à la con et vous laisse ensuite gérer sa merde pour aller se mettre au vert à la cool.
Nourredine a disparu deux ans au milieu de ces six années idylliques, on pense qu’il s’était fait le mauvais ennemi et avait dû se réfugier au bled. Pendant ce temps-là, Sirine s’est retrouvée livrée à elle-même, sans ressources.
Ou presque.
Manu est tombé amoureux de la jeune femme peu après leur première rencontre. Pour le plus grand malheur du Poisseux, elle était déjà au bras de son pote d’enfance. Et on ne pique pas les meufs de ses potes d’enfance, si ? Quand Nourredine a abandonné Sirine en rase campagne pour aller on ne sait où, le cadet Cerda s’est rapproché d’elle, lui a sorti le grand jeu, sans la brusquer et en la respectant. Autant qu’il en était capable ; il lui est aussi arrivé de la corriger certains soirs de grande frustration. Leur entourage, pas forcément bienveillant, a prétendu qu’elle en avait tout de même bien profité, puisqu’elle le tenait par les couilles et en faisait ce qu’elle voulait à l’époque.
C’est sans doute vrai.
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Aussi doux soit-il, Saphir reste un rottweiler mâle très costaud et impressionne les gens qu'il doit impressionner. Depuis le début de ce rituel hebdomadaire, fin octobre, quand Mo a été transféré à la Santé, personne ne s'est permis d'aborder Lola dans la rue. Le couvre-feu n'est pas non plus étranger à l'affaire. Elle croise peu de monde aux heures où elle se balade, celle où les honnêtes gens dorment chez eux, imités depuis peu par les autres, plus malhonnêtes mais castrés par la trouille de la pandémie. Ses rares copains de trottoir sont surtout des proprios de clébards. Des vrais, pas comme elle qui joue la comédie une fois par semaine afin de profiter du régime de sortie aménagé pour les amis des bêtes.
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Du dehors, du tangible, du concret, même désert,même risqué, tout vaut mieux que la totalitaire virtualité cadenassée dans laquelle la COVID semble avoir précipité le monde resosocialisé.
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Le gamin, qui appartenait à la bande de Nourredine Hadjaj, en disgrâce après des années d'entente cordiale avec le clan Cerda, avait de lui-même pris l'initiative d'aller parler à la police, dans le dos de son chef mais en croyant lui rendre service. Mauvaise idée. Un mois plus tard, on l'a retrouvé mort sous une carcasse de bagnole, dans le parking d'une HLM, victime d'une crise de plombémie aiguë.
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« HADJAJ ! »
Ce cri, il tétanise. Dans le décor souterrain corseté de béton où la scène se joue, tous se figent. Malgré les moteurs, les claquements de portes, les conversations, les ordres aboyés et la réverbération chthonienne du tintamarre matinal, chacun est pris aux tripes par la puissance du hurlement.
Par sa haine.
C’est un homme de grande taille, large d’épaules, qui a tonné de la voix. Il a un visage carré aux saillies émoussées et sa petite quarantaine a, depuis longtemps déjà, des allures de cinquantaine ; les dernières semaines n’ont fait qu’ajouter à cette usure prématurée. L’instant d’avant le cri, personne ne faisait attention à lui. À part un collègue surpris de le trouver dans les sous-sols du 36, rue du Bastion – le nouveau 36 -, appuyé contre un mur, clope au bec, l’oeil attentif au ballet des fourgons. Le collègue s’est approché. Théo ? Déjà rentré ? Un sourire déformait son masque chirurgical et son bras amorçait un ridicule salut du coude, façon geste barrière.
Théo ne lui a pas répondu. Il a juste écrasé sa cigarette et dépassé son interlocuteur en lâchant un Va chercher mon taulier. Ensuite, le regard droit devant, Théo a rugi.
« HADJAJ ! »
Fonctionnaires de la pénitentiaire, policiers, gendarmes, prévenus, détenus, tous donc se sont figés. Certains se sont retournés. Le fameux Hadjaj était de ceux-là. Et lui, comme les autres, a mis quelques secondes à comprendre. Quelques secondes. Assez pour reconnaître le fils de pute qui l’a serré. Trop pour faire quoi que ce soit. Quelques secondes pour quelques pas. Pour que Théo puisse dégainer son Glock, tendre le bras, viser. La gueule.
« HADJAJ ! »
De peu, le cri précède le tir. À bout touchant diront sans doute les expertises médico-légales. Hadjaj, Noureddine, né aux Lilas le 7 avril 1989 et défavorablement connu des services de police, s’effondre. Son visage, un masque grotesque, sanguinolent et cabossé.
Les larmes aux yeux, son meurtrier rigole. Dernier crachat sur le cadavre et le pistolet remonte, file vers sa bouche ouverte.
Théo mange son canon.
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