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EAN : 9782072927010
432 pages
Gallimard (05/01/2023)
3.69/5   249 notes
Résumé :
Une enquêtrice de l’Office anti-stupéfiants, l’élite de la lutte anti-drogue, qui a tout à prouver.
Un policier des Stups borderline qui n’a plus rien à perdre.
Un clan manouche qui lutte pour son honneur et sa survie.
Avec la rigueur qu’on lui connaît, DOA immerge son lecteur dans le quotidien des acteurs du trafic de came ; son indiscutable talent de romancier nous arrime à la destinée de ses personnages, à leurs relations complexes et fragile... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 249 notes
Flics vs Voyous. La Loi vs trafic de drogue. On connaît l'affiche mais DOA réveille ces images bien connues afin de proposer au lecteur une expérience de lecture à l'intensité surpuissante hors des sentiers gentiment balisés. Et le dynamitage commence dès la scène inaugurale. Elle te colle à la rétine des images chocs qui te viennent durant toute la lecture. Un cri plein de haine retenti dans les sous-sol du 36 :

« Hadjaj ! »
De peu, le cri précède le tir. A bout touchant diront sans doute les expertises médico-légales. Hadjaj, Nourredine, né aux Lilas le 7 avril 1989 et défavorablement connu des services de police, s'effondre. Son visage, un masque grotesque, sanguinolent et cabossé.
Les larmes aux yeux, son meurtrier rigole. Dernier crachat sur le cadavre et le pistolet remonte, fils vers sa bouche ouverte.
Théo mange son canon. »

Théo, le flic ripoux survit à sa tentative de suicide. Pas le lieutenant des Cerda, clan yéniche qui règne sur le trafic de drogue, Est parisien. Un assassinat qui créée le chaos mais va peut-être permettre de rebattre les cartes. Aussi bien côté flics – exsangues car dépassées par la créativité criminelle de leurs adversaires retors – qui y voit une opportunité pour remettre de l'ordre, que côté voyous où s'est ouverte une crise de succession depuis la mort de deux parrains Cerda.

A partir de cette situation posée cash d'emblée, DOA a construit un scénario d'une complexité vertigineuse en mode billard à dix bandes qui met dans la partie un nombre impressionnant de personnages dont les interactions millimétrées - alliances ou mésententes, parfois très inattendues - prennent totalement sens une fois le texte achevé. Il faut un peu de temps pour s'installer complètement dans le récit et maitriser la trentaine de personnages principaux recensés dans le glossaire ( qui m'a beaucoup servi ).

La violence se déploie dans toute sa brutalité crue, menaces ou passages à l'acte ( incroyable épisode à La Courneuve ). La tension liée à l'attente de sa survenue est renforcée par l'effet de réel. Contexte COVID qui contraint et perturbe les activités illégales. Mondialisation d'un narcobanditisme en pleine expansion, structuré, professionnalisé pour corrompre de nombreux secteurs d'activité. C'est évident que l'auteur a fait un travail monstrueux de documentation pour parvenir à autant de détails, mais là où un didactisme clignotant aurait pu alourdir le récit, l'élégance de la conduite de la narration de DOA le fait totalement oublier.

La rigueur du vérisme qui innerve ce roman rend le récit très immersif. D'autant que les personnages sont tous furieusement incarnés, tous passionnants ( j'ai particulièrement apprécié celui de Théo le flic guerrier, charismatique et solitaire qui n'a plus rien à perdre, et celui de Lola Cerda, la badass prête à prendre la relève sans en demander l'autorisation ) et animés par des émotions fortes.

Trahisons, jalousies, rivalités, vengeances, amours, désir, désillusions, l'auteur a le sens du tragique pour brouiller la coutumière frontière entre Bien et Mal, plus perméable que jamais avec ces rétiaires dans l'arène. Flics et voyous, ces gladiateurs combattent fragiles et exposés, avec de quoi attaquer mais bien peu pour se défendre au final. L'auteur se concentre sur leurs destinées tout en faisant avancer sa sinueuse intrigue tel un pilote de drone survolant le champ de bataille sous tous les angles.

Un roman d'une noirceur absolue, magistralement porté par une écriture nerveuse et syncopée qui travaille la langue jusqu'à la défibrillation. Remarquablement puissant comme tout ce que publie DOA.

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Au fil de ses intrigues, DOA dessine la géographie du traffic des stupéfiants et après l'Afghanistan (série Pukhtu) c'est l'Amérique Latine qu'il explore dans des « interludes » qui expliquent la géopolitique de la Bolivie, de la Colombie et du Pérou et dessinent les itinéraires qui empoisonnent l'Europe via Gibraltar ou Marseille.

La chaine logistique est décrite avec ses métiers (chimistes, transporteurs, gardes du corps), les contrats qui lient les divers « prestataires de services » et notamment les conseillers financiers qui blanchissent les liquidités collectées. L'agilité de ces business-men, leur rapidité d'adaptation, leur permet de s'adapter au confinement COVID et de profiter de l'anonymat offert par les masques. C'est business as usual avec un marketing agressif et une concurrence exacerbée …

Rétiaire s'inscrit dans ce contexte et nous offre une place à l'ombre de la Santé, aux cotés de Théo, un flic accusé d'avoir exécuté Hadjaj … Chez DOA, les bleus sont souvent gris, borderline, et Théo n'est pas le seul dossier de l'IGPN.

De toute éternité la police emploie des indicateurs pour infiltrer la pègre … aujourd'hui les règles du jeu des gendarmes et des voleurs ont évolué et la tribu Cerda pilote ses indicateurs au sein des forces de l'ordre (douane, gendarmerie, police). Autant dire que la prochaine cargaison en provenance d'Amérique Latine est attendue impatiemment par divers concurrents et plusieurs enquêteurs, avec tous les coups bas imaginables.

L'intrigue, que je m'interdis de divulgacher, n'est pas le seul atout de ce roman qui délivre un véritable cours de linguistique contemporaine (étayé d'un glossaire de 4 pages) qui fera gagner beaucoup de temps à nos académiciens pour la prochaine édition du Dictionnaire de l'Académie française : « Le mot schmitt se répand comme une trainée de poudre et, à chaque nouvelle répétition, se trouve prononcé plus fort, scandé, hurlé, avec toujours plus de rage. Walah, on va briser des schmitts. La rumeur enfle, des petits groupes de deux, de trois, de quatre se forment. Oh, baisez-les. Ils avancent vers les fonctionnaires. Allahû Akhbar. Prudents mais provocateurs. Fils de pute. Encouragés par leurs cris. Gros, téma la salope. Et ceux de leurs copains. Niquez-les. Certains sautillent, d'autres dansent. Allahû Akhbar. Des doigts d'honneur se dressent partout. Niquez-les. Les imitations d'animaux fusent. »

Convenons en : belek askip le dico a besoin de munes ;-))

Enfin cette intrigue démontre que la parité hommes-femmes est enfin atteinte, voire cruellement surpassée, et que reums et meufs tiennent leur juste place au sommet de la pègre.

Addictif et brillant, ce page turner est à déconseiller évidemment aux lecteur.e.s rétif.e.s aux tortures et cruautés ; Série Noire oblige !
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DOA est un auteur énigmatique, rare et complètement singulier.
PuKhtu Primo et Secundo publiés en 2015 et 2016 m'avaient fait l'effet d'une monumentale claque littéraire, coté série noire. DOA y décrivait le trajet de l'héroïne et ses enjeux géo-politiques à partir de groupes paramilitaires infiltrés en Afghanistan. Grandiose. Ce livre m'a incroyablement marqué.
Ceci étant dit quid de Rétiaire(s) publié tout récemment ?
Un rétiaire, c'est ce gladiateur au look d'enfer avec son filet et son trident.
Des gladiateurs, chers amis lecteurs, vous allez en croiser quelques-uns...
Quelques précautions sont nécessaires avant de se lancer dans l'ouvrage.
Le style de DOA est très particulier. Certains disent cinématographique. de mon point de vue je le qualifierais plutôt d'autistique. Disons opératoire, très opératoire..
Il faut avoir le livre en format papier pour avoir un accés facile à l'indispensable glossaire qui permet de traduire la foultitude d'acronymes à laquelle vous aurez constamment affaire.
Il vous faudra traduire aussi les différents jargons et argots utilisés par les flics des Stup ( four= lieu de vente de drogue), ceux de la Brigade de répression du banditisme (askip=à ce qui parait), ceux des truands de tous bords ( balek=j'm'en fous, belek=attention, l'indispensable kèner=niquer , l'inévitable teub, le surprenant yep=pied etc...).
Certains dialogues sont parfaitement incompréhensibles mais ce n'est pas si grave, comme si c'était slamé ou franchement rappé ( le fan d'Aya Nakamura s'en sortira facilement ).
Après il y a les différents protagonistes appelés soit par leur nom, leur prénom ou leur surnom. Là aussi le recours à un index proposé par l'auteur est bien pratique: policiers, gendarmes, juges et clans sont dument référencés pour éviter une monstrueuse pagaille.
Muni du catalogue de L'armurerie française et étrangère, vous pourrez enfin vous plonger dans Rétiaire(s) en toute connaissance de cause.
Amateur(trice) de filegoude s'abstenir.
L'histoire commence évidemment par une balle dans la tête à bout portant: Théo Lasbleiz, commandant de police à la PJ, dézingue le nommé Nourredine Hadjaj, porte-flingue du clan Cerda (qui sont des gitans sédentarisés)
Et l'histoire sera passionnante car il s'agit de suivre les nouvelles routes de la cocaïne: la drogue produite au Pérou, en Bolivie et en Colombie passe par la Mauritanie pour être finalement acheminée en Espagne ou... là je vous laisse deviner!
Tout est ultra-documenté, édifiant et absolument...addictif (-:
Les personnages ont une destinée néo-tragique, brutale et solitaire.
C'est donc un livre qui risque de ne pas plaire à tout le monde mais, si on s'accroche un peu, marquera les esprits (en tout cas le mien) même si il met un peu le seum.
Bonne lecture et belek à vous !
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Difficile pour moi de passer à côté d'un nouveau roman de DOA, auteur que je suis depuis des années maintenant. Un auteur à part s'il en est, autant pour son souhait de ne pas se mettre en scène en tant qu'auteur , que par son écriture écorché vif et son style si particulier quasi cinématographique.
Il a d'ailleurs sans doute trouvé son fils spirituel en la personne de Benjamin Dierstein.
Son nouveau roman né sous le signe d'un combat de gladiateurs des temps modernes, agiles et rusés à défaut d'être protégés par des armures sans faille , nous entraîne dans un combo explosif qui mêle un ancien des stups tueur de trafiquant, une bande de manouches redoutables et une enquêtrice de l'Office anti-stupéfiants.
Vous l'aurez compris le fil rouge de ce récit c'est la drogue. Son trafic international, ses réseaux de revente, son blanchiment et cette violence permanente entre chaque concurrent, prêt à toutes les extrémités pour éliminer un adversaire et étendre son business. En face d'eux, ils vont trouver l'OFAST et les brigades des stups des structures rarement coordonnées dans leur lutte.
On va ainsi faire connaissance avec Amélie Vasseur, gendarme expérimentée qui a rejoint l'OFAST et dont l'une des missions principales est la surveillance de la famille Cerda. Cette famille d'origine yéniche s'est sédentarisée du côté de Romainville, rachetant peu à peu les pâtés de maison alentour pour en faire leur QG. La famille, défavorablement connue des services de police, est pilotée officieusement depuis la prison par Momo en relation avec sa jeune nièce, pendant que son demi-frère Manu tente de jouer les premiers rôles auprès de cette famille meurtrie par les règlements de compte. À la Santé, Momo retrouve une figure connue : celle de Théo Lasbleiz, ancien commandant à la brigade des stups parisienne qui vient de buter un trafiquant dans les sous-sols du 36 rue du Bastion. Quels motifs l'ont conduit à cet acte irréparable ? Peut-être venger l'assassinat de sa femme et de sa fille unique, quelques mois plus tôt.
Entre Amélie, les Cerda et Théo des relations complexes vont se nouer alors qu'un gros coup se prépare, risquant de rebattre les cartes parmi ceux qui gèrent le bizness , mettant les services policiers sur les dents pendant que Théo tente de survivre derrière les barreaux, quelques anciens amis rêvant de lui faire la peau.

Un nouveau DOA qui fait mouche. Qui tape dans le tas sans mettre les formes avec un totale liberté d'écriture qui fait du bien là où ça fait mal. Bienvenue dans cet univers dans lequel se mêle et se démêle flics et voyous et dont les frontières sont parfois ténues. L'auteur y a réuni une belle brochette de protagonistes qui carburent à l'adrénaline, aux nuits sans fin et aux plaisirs éphémères. le langage est à l'avenant : celui de la rue ou des couloirs décrépis de l'institution policière. L'auteur ne s'y est pas trompé , laissant beaucoup de place aux dialogues dans ce récit où l'oral apporte un surplus de réalisme dans ce roman noir qui semble se dérouler sous nos yeux.
Comme souvent dans les romans de DOA , les personnages crèvent le papier, véritables gueules aux caractères affirmés et qui, si on gratte un peu sous la surface, vont déceler des personnalités plus complexes.
La trame du récit est elle plus classique : on suit les pérégrinations des différents personnages sans savoir si à la fin ils vont se prendre un mur ou trouver une porte de sortie. On est dans la totale incertitude des prochains faits et gestes des uns et des autres dont la seule certitude est que leur futur est incertain. C'est brut de décoffrage, sans effets spéciaux mais qu'est-ce que ça fait du bien !


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♪ Un peu renard, un peu loup ♪ Il sort le jour ou bien la nuit ♫ Ce qu'on dit de lui il s'en fout ♫ le Gitan, le Gitan, que tu ne connais pas! ♪ (*)

Le dernier roman de DOA aurait pu se nommer comme le film avec Alain Delon : flics ou voyous, avec un petit changement, car c'est "flics contre voyous".

Theo, le policier aux stups, est un ripou. Doublé d'un assassin, même si on aurait tendance à lui pardonner son crime. de l'autre, on a des gitans, des yéniches, trafiquants de drogue, transporteurs de fonds pour d'autres voyous, assassins… Bref, leurs C.V sont bien remplis.

Le dernier roman de DOA est complexe, il ne se lit pas avec le cerveau en vacances, il faut être concentré dans sa lecture, car le scénario est constitué de multiples couches et sous-couches, de personnages (non manichéens), d'actions distinctes et de lieux différents.

C'est vertigineux, addictif, hyper intéressant et d'un réalisme qui fait froid dans le dos. La case prison est à éviter, sauf au Monopoly, car on ne risque rien. À la prison de la Santé, qui porte bien mal son nom, y entrer comme keuf n'est pas conseillé pour la garder, sa santé (ou sa vie).

Au départ, j'ai un peu râlé que l'auteur inclue le/la COVID dans son récit et puis, petit à petit, j'ai compris son utilité, à cette maudite pandémie et à ces foutus confinements. Ils avaient un rôle à jouer, on le comprend après.

Ce roman choral, réaliste, nous plongera dans un bureau de police, dans une prison, dans un camp de manouches, dans un cargo rempli de drogue, dans des trafics en tout genre et dans des morts violentes.

Le récit est sans concession, la plume de DOA aussi. Nette et sans bavures. Ultra documentée, mais sans que cela vienne alourdir le texte.

D'ailleurs, j'ai trouvé que son écriture était très cinématographique, fort descriptive, à tel point que j'ai lu son roman comme si je regardais une série. J'ai aimé l'expérience et l'utilisation de mots argotiques ou en verlan. Mon vocabulaire s'est enrichi !

Pas de manichéisme dans les personnages, qu'ils soient flics ou voyous, ils sont complexes, travaillés. On a des ripoux des deux côtés et des sympas chez les voyous, même s'ils ne sont jamais vraiment des gens à fréquenter, malgré tout, je me suis attachée à l'un d'eux.

Le nouveau roman de DOA est plus noir que mon café, plus corsé, aussi. Comme si nous étions plongés dans une arène où des gladiateurs se livrent des combats à mort, où le public interviendra aussi, comme dans la scène à la Courneuve (putain, sa mère).

Ceci est donc un véritable roman noir, brut de décoffrage et pas un feel good pour se détendre ! Il peut aussi vous rendre addict, dépendant de ce genre de récit ultra-réaliste et super documenté. Ma foi, c'est un risque qui vaut la peine d'être pris…

(*) le gitan : Daniel Guichard

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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critiques presse (7)
Bibliobs
11 juillet 2023
Une valse fiévreuse à mille temps.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
SudOuestPresse
19 juin 2023
L’écrivain DOA exploite documents et archives pour analyser dans un roman « vériste » la guerre des stups en France.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
OuestFrance
07 mars 2023
Avec Rétiaire(s), il faut peu de pages pour que les lecteurs soient pris dans les rets d’un auteur à l’ambition maîtrisée. Au bout de quatre cents pages, il est déclaré vainqueur. Mais il doit continuer à écrire.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeMonde
27 février 2023
Ce roman est issu d’un ancien projet de série télé. Mais l’auteur de « Pukhtu » l’a entièrement retravaillé, de la documentation au travail sur le rythme et la langue.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesEchos
19 janvier 2023
Avec son efficacité habituelle, DOA raconte une énième histoire de stups dans son style unique et brut. Nerveux, violent, hyper-documenté, foisonnant, ce polar - qui devait au départ être le scénario d'une série pour France 3 vaguement inspirée de « The Wire » - se dévore avec gourmandise, l'oeil rivé sur le glossaire et la liste des personnages qui closent le livre.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
19 janvier 2023
Père, frères, fils et filles, cousins, neveux et beaux-frères: DOA raconte la fièvre qui s’empare de cette lignée de manouches issue de la communauté yéniche après l’assassinat de Nourredine Hadjaj, un de leurs hommes de main exécuté dans les sous-sols du 36, rue du Bastion, le siège de la Direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
16 janvier 2023
Avec Rétiaire(s), DOA (Dead or Alive) très discret sur son identité civile, revient donc à un polar très classique, au moins pour la thématique trafic de drogue, clan manouche, guerre des polices et flics plus que borderline.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Donc, en compagnie de son meilleur pote, également très préoccupé par les questions de pudeur féminine, d'honneur familial et de marquage de territoire, Adama a jeté le fils de pute dans le coffre d'une bagnole et est allé lui expliquer les bonnes manières dans un coin tranquille. À coups de marteau. Pendant que son copain empêchait le gars de bouger, un accident est vite arrivé, Adama lui bricolait la tronche.

Au final, l'amoureux éconduit n’en est même pas mort. Certes, sans ses roulettes, il ne peut pas aller bien loin, et puis il pîsse et chie dans une poche en plastoc, mange avec une paille et a l'air un peu golmon, avec sa tête toujours penchée et son sourire édenté et baveux, figé de traviole, mais bon, il a survécu cet enculé, merde.

Est-ce que ça justifiait qu'on enferme Adama ? Petit Camerounais dont la vie n’a jamais été facile ? Arrivé en France à trois ans, élevé seul par sa mère et une sœur à peine plus vieille de deux printemps, emmuré dans une HLM, livré à lui-même passé une certaine heure, l’Educ’ Nat’ refusant de faire garderie, et donc exposé aux tentations durant toute son adolescence ?

Non, certainement pas.

Une fois derrière les barreaux, Adama de la Banane n’a cependant pas perdu son temps, il a découvert des trucs.
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Dans la situation présente, seul le storytelling compte. Nuance, réalité et pourquoi n’ont aucune importance, pire, ils sont dangereux.

Autre grand oublié, le déterminisme toujours de rigueur lorsque l'on juge des gusses de l'équipe adverse. Il ne peut pas, il ne doit surtout pas y avoir la moindre circonstance atténuante qui obligerait à réfléchir sur le fonctionnement ou le dysfonctionnement de l'institution - son incapacité à garantir la sécurité de ses fonctionnaires et de leurs familles, par exemple - et, par-delà, l'impéritie de ses chefs et des chefs de ses chefs, les politiques. In fine, ce sont eux qu'il s'agit de protéger des égarements de la troupe, pas le public.
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« Elle l’aimait vraiment, son Nourredine. » Alors pas question pour elle de débarquer dans l’une de ses tenues bling habituelles, même si Amélie n’a aucun doute sur le fait que la plupart des types présents l’ont déjà vue danser dans l’un des bars à chicha slash strip clubs que Nourredine gérait encore pour le compte des Cerda jusqu’à son arrestation.
Sirine Bouhafs, vingt-cinq ans aujourd’hui, a croisé la route de Nourredine Hadjaj quand elle en avait dix-neuf. Il était beau gosse, il avait des thunes, une réputation de mauvais garçon et il savait y faire. Et elle, pas plus bête qu’une autre mais pas plus intelligente non plus, ayant compris assez tôt qu’elle pouvait avoir tous les mecs qu’elle voulait à ses pieds et pas mal des avantages matériels qui en découlent – ce qui, finalement, comptait pour elle plus que tout le reste, que ne ferait-on pas pour de la marque ? – a vite lâché ses études, un quelconque BTS d’esclave commercial, pour se mettre à la colle avec lui.
Et lui rester fidèle.
Enfin, autant qu’on peut l’être quand votre mec vous parade comme un trophée devant tous ses potes, vous met le nez dans la poudre, vous colle à une barre de pole dance dans des sous-sols pourris, vous fait tourner quand ça l’arrange, vous arrange quand ça l’arrange, vous fout des cornes en vous refilant les saloperies d’autres poufiasses, vous entraîne dans ses combines à la con et vous laisse ensuite gérer sa merde pour aller se mettre au vert à la cool.
Nourredine a disparu deux ans au milieu de ces six années idylliques, on pense qu’il s’était fait le mauvais ennemi et avait dû se réfugier au bled. Pendant ce temps-là, Sirine s’est retrouvée livrée à elle-même, sans ressources.
Ou presque.
Manu est tombé amoureux de la jeune femme peu après leur première rencontre. Pour le plus grand malheur du Poisseux, elle était déjà au bras de son pote d’enfance. Et on ne pique pas les meufs de ses potes d’enfance, si ? Quand Nourredine a abandonné Sirine en rase campagne pour aller on ne sait où, le cadet Cerda s’est rapproché d’elle, lui a sorti le grand jeu, sans la brusquer et en la respectant. Autant qu’il en était capable ; il lui est aussi arrivé de la corriger certains soirs de grande frustration. Leur entourage, pas forcément bienveillant, a prétendu qu’elle en avait tout de même bien profité, puisqu’elle le tenait par les couilles et en faisait ce qu’elle voulait à l’époque.
C’est sans doute vrai.
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Colombiens, Péruviens et Boliviens ne sont pas idiots. Puisque les Mexicains sont des associés pénibles, que le marché US sature- en plus, la justice n'y est pas gentille - que les Européens sont demandeurs et payent mieux, et que l'Afrique reste une passoire où la corruption est une politesse, c'est là qu'ils sont venus développer de nouvelles routes commerciales pour leur poudre magique. En deux décennies, les quantités en transit sont ainsi passées de quelques centaines de kilos à quelques tonnes, à quelques dizaines de tonnes voire, sur l'ensemble du continent, à quelques centaines de tonnes. On sait ce qu'on chope, mais ce qu'on loupe, on en a seulement une vague idée.
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« HADJAJ ! »
Ce cri, il tétanise. Dans le décor souterrain corseté de béton où la scène se joue, tous se figent. Malgré les moteurs, les claquements de portes, les conversations, les ordres aboyés et la réverbération chthonienne du tintamarre matinal, chacun est pris aux tripes par la puissance du hurlement.
Par sa haine.
C’est un homme de grande taille, large d’épaules, qui a tonné de la voix. Il a un visage carré aux saillies émoussées et sa petite quarantaine a, depuis longtemps déjà, des allures de cinquantaine ; les dernières semaines n’ont fait qu’ajouter à cette usure prématurée. L’instant d’avant le cri, personne ne faisait attention à lui. À part un collègue surpris de le trouver dans les sous-sols du 36, rue du Bastion – le nouveau 36 -, appuyé contre un mur, clope au bec, l’oeil attentif au ballet des fourgons. Le collègue s’est approché. Théo ? Déjà rentré ? Un sourire déformait son masque chirurgical et son bras amorçait un ridicule salut du coude, façon geste barrière.
Théo ne lui a pas répondu. Il a juste écrasé sa cigarette et dépassé son interlocuteur en lâchant un Va chercher mon taulier. Ensuite, le regard droit devant, Théo a rugi.
« HADJAJ ! »
Fonctionnaires de la pénitentiaire, policiers, gendarmes, prévenus, détenus, tous donc se sont figés. Certains se sont retournés. Le fameux Hadjaj était de ceux-là. Et lui, comme les autres, a mis quelques secondes à comprendre. Quelques secondes. Assez pour reconnaître le fils de pute qui l’a serré. Trop pour faire quoi que ce soit. Quelques secondes pour quelques pas. Pour que Théo puisse dégainer son Glock, tendre le bras, viser. La gueule.
« HADJAJ ! »
De peu, le cri précède le tir. À bout touchant diront sans doute les expertises médico-légales. Hadjaj, Noureddine, né aux Lilas le 7 avril 1989 et défavorablement connu des services de police, s’effondre. Son visage, un masque grotesque, sanguinolent et cabossé.
Les larmes aux yeux, son meurtrier rigole. Dernier crachat sur le cadavre et le pistolet remonte, file vers sa bouche ouverte.
Théo mange son canon.
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Vidéo de  DOA
Espionnage, enquête et politique, quoi de mieux comme ingrédients pour une série réussie ? Avec "Citoyens Clandestins", série adaptée du livre éponyme de DOA, la réalisatrice Lætitia Masson revisite les codes du thriller d'espionnage en nous ramenant au lendemain des attentats du 11 septembre. Elle est l'invitée de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
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