J'ai passé un bon moment de lecture. L'histoire n'est pourtant pas très joyeuse : c'est celle d'une reconstruction à la suite d'un deuil.
Amande vient de vivre un double drame personnel dont nous découvrons l'ampleur au fur et à mesure. Pour se préserver, elle a besoin de s'isoler. Lyonnaise depuis toujours, elle part s'installer dans une petite maison vieillotte au coeur de l'Auvergne, non loin de Clermont-Ferrand. Même si elle a réussi à repousser la plupart de ses proches, de nouvelles têtes vont chercher à faire leur apparition dans sa vie. Recluse tout un été dans sa petite maison, Amande va peu à peu laisser entrer d'autres humains dans sa vie, sous forme de fantômes, qui lui communiquent des instructions via un calendrier horticole, ou qui blaguent avec elle, la poussent à dépasser ses limites. Puis des humains en chair et en os vont lui témoigner leur sympathie et leur affection. Chacun réagit à sa façon face au drame qu'Amande et ses proches ont vécu. Elle n'est pas la seule pour qui la vie a été bouleversée du jour au lendemain. Elle le comprend peu à peu et apprend à leur laisser de la place.
Ce roman, c'est une reconstruction en quatre étapes. Ce n'est pas un livre de développement personnel, les messages sont en sous-texte, car la partie narration prend une grande place : même s'il n'est pas question d'action et de rebondissement, ce roman retrace le quotidien d'une personne, les changements qu'elle opère, guidée par son instinct ou son envie. Elle se laisse le temps de se remettre puis de découvrir la nouvelle personne qu'elle est devenue.
J'ai bien aimé cette histoire, moi qui ne suis pourtant pas tendre avec les romans "faciles" que je trouve souvent gnangnan et bourrés de clichés.
Là, je trouve que le personnage d'Amande suit une évolution crédible, les moments d'isolement sont assez importants et les autres personnages n'envahissent pas son espace personnel pour la tirer vers le haut, ils respectent son besoin de solitude.
L'ensemble est justement dosé, avec délicatesse. Je ne me suis pas ennuyée, je n'ai pas trouvé de longueurs et toutes les interactions entre personnages étaient intéressantes, voire nécessaires.
Je ne suis pas du tout sensible au thème du jardinage et pourtant j'ai trouvé cette activité terriblement salvatrice pour Amande. Son jardin est l'occasion pour elle de développer des compétences, de faire participer des amis, d'explorer un sous-bois et choisir un pin sacré pour lui confier ses espoirs. Elle se révèle créative et capable de faire des choses de ses dix doigts avec peu de matériel, ce qui va lui permettre de prendre son temps pour se reconstruire professionnellement.
Si au début je trouvais très bizarre qu'aucun collègue ou ami d'Amande ne prenne de ses nouvelles, j'ai peu à peu compris qu'à la base, elle était déjà une personne solitaire et qu'elle pouvait compter sur les doigts d'une main les gens qui tenaient à elle. Un autre message passé par l'autrice : il ne sert à rien d'avoir des dizaines d'amis. Il suffit juste de quelques personnes suffisamment proches, qui vous comprennent et vous respectent.
Un peu sur le même thème j'avais lu "Les gens heureux lisent et boivent du café" que j'avais trouvé complètement à côté de la plaque. Alors que le roman de
Mélissa Da Costa raconte extrêmement bien la dépression, le deuil et la reconstruction. Elle ne tombe pas dans le piège de l'histoire d'amour qui permettrait d'aller mieux. Et c'est tout à son honneur !
En bref, une bonne lecture qui m'a plu malgré un sujet difficile.
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