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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous pouvons fêter des morts tous les jours… le 17 octobre 1961, plusieurs milliers de manifestants algériens sont arrêtés à Paris. de nombreux d'entre eux sont blessés et quelques centaines meurent, certains jetés dans la Seine. Ce n'est pas une histoire dont on parle souvent.


Didier Daeninckx ne peut pas oublier les émotions vives qu'il a ressenties lorsqu'il était enfant de banlieue et qu'il était témoin, parfois, des affrontements entre immigrés et forces policières. Pourtant, il ne découvre l'histoire de l'octobre 1961 qu'à l'occasion de la rédaction de son livre « Delphine pour mémoire », qu'il compte dédier à l'évènement Charonne qui s'est déroulé dans le métro parisien le 8 février 1962. Puisque, pour comprendre, il faut toujours remonter dans le passé, Didier Daeninckx se consacre ici à raviver la mémoire d'octobre 1961. En empruntant le point de vue des immigrés algériens à travers l'histoire d'une petite famille, il rend légitimité et honneur à leur démarche de protestation pacifique pour conjurer la mauvaise opinion véhiculée à l'époque par des quotidiens nationaux tels que « le Monde » ou « France soir ». Rien de simpliste pour autant : dans le monde étriqué et sombre des travailleurs algériens et de leurs familles, la rupture générationnelle se consomme déjà face aux promesses de la société de l'entertainment. Comment ne pas oublier d'où on vient ?


Une autre raison qui a peut-être motivé l'incompréhension de l'opinion à l'égard de ces manifestants est la vision morcelée des faits. A-t-on véritablement pu oublier le communiqué que Maurice Papon, préfet de police de Paris, avait publié 15 jours plus tôt ? Il publiait : « il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne de 20h30 à 5h30 du matin ». Il est également « très vivement recommandé de circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police. » Enfin, « les débits de boissons tenus et fréquentés par des Français musulmans doivent fermer chaque jour à 19 heures ».


Daeninckx et Mako ravivent l'événement du 17 octobre 1961 dans l'obscurité d'un contexte fait de peur et d'humiliation. La préface de Benjamin Stora complète leur point de vue en apportant les informations nécessaires à une compréhension plus globale. Il nuance également les faits en évitant de tomber dans l'écueil inverse –heureusement jamais suggéré- qui consisterait à louer unanimement la démarche de ces immigrés algériens, en l'opposant brutalement à la répression des forces policières françaises. Il rappelle ainsi le contexte politique général du pays, à la veille de la signature des accords d'Evian, et évoque la peur légitime qui a pu s'emparer de la population en voyant des milliers de personnes défiler dans les grandes rues parisiennes.


Octobre 1961 ne cherche à juger personne. Daeninckx et Mako justifient le désespoir des immigrés algériens, Benjamin Stora rappelle l'instabilité française, mais tous soulignent le pouvoir destructeur de l'ignorance.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Octobre Noir est un album utile pour le devoir de mémoire. La Guerre d'Algérie est encore trop peu traitée en France. Difficile de parler d'une guerre où l'on a été du côté des "méchants", et que l'on a perdu. Notre Viêt-Nam a nous, en somme. Les éditions AdLibris proposent un album qui fait le point sur ce qui s'est déroulé cette nuit là, ce que l'on sait, ce que l'on devine. le racisme, les algériens vus comme des ennemis intérieurs (et intimes, pour reprendre un film récemment réalisé), et les difficultés des français pour appréhender ces faits. Je n'ai qu'un seul reproche sur cet album, il est est beaucoup trop court. En se limitant au format classique, Didier Daeninckx raccourci ses démonstrations, va à l'essentiel, alors qu'il est suffisamment intéressant pour nous accrocher à un récit plus complexe et plus dense. Tout va très vite, se concentre autour de la seule nuit du 17 octobre ou presque, alors qu'on aurait pu couvrir un peu plus de temps, et surtout entrer plus encore dans les détails de ces actes honteux de la police française. Peut-être le scénariste, qui a aussi écrit un livre sur le sujet, a-t-il craint de se montrer redondant. Mais avec ce support de Mohand/ Vincent, de cette ambiance Rock, je pense qu'il avait vraiment la matière pour aller encore plus loin. Mais cet album reste déjà très satisfaisant.
Mako, le dessinateur, possède un trait sombre et légèrement grossier, qui convient assez bien, je trouve, à ces heures sombres de la France. Sa mise en couleur est toujours juste, parfaitement adaptée. Il s'avère un excellent support pour le scénario.

Voici un ouvrage intéressant, bien mené, et surtout, bien documenté. Il s'accompagne d'une préface de Benjamin Stora, d'une postface, et d'une liste des victimes présumées de la police française. Un véritable travail de mémoire, qui s'avère indispensable sur un pan d'Histoire que nous autres français, n'osons pas encore assez affronter.
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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1961. Vincent est un jeune chanteur du groupe the gold star, mais dans la vrai vie il est Mohand, un jeune algérien qui a du mal à trouver sa place en France et qui se trouve confronté à des actes racistes à l'encontre des siens. le père de Mohand décide de participer à une manifestation pour protester contre le couvre-feu imposé aux Algériens vivant à Paris et sa banlieue. Ils se rendent à la dramatique manifestation du 17 octobre 1961...
A quelques jours des accords d'Evian et de la fin des "évènements d'Algérie" cette bande dessinée a le courage de retracer le drame de cette journée du 17 octobre 1961 dont les faits et victimes ont été longtemps minimisés. La préface de Benjamin Stora est également très éclairante sur ces évènements.
Pour la mémoire
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j'avoue avec beaucoup de honte , ne jamais avoir entendu parler de ce tragique évènement de l'histoire. J'ai bien sur entendu parler de la Guerre d'Algérie mais cette nuit du 17 Octobre 1961 m'étais restée inconnue, et en lisant la préface de l'ouvrage, je comprends pourquoi.
Evènement malheureusement resté secret et même carrément effacé de l'histoire, c'est vrai que je n'ai jamais étudié ce passage de l'Histoire à l'école ( dans les années 90).
Récit très rapide et succinct de la nuit du 17 octobre 1961 , où des manifestants pro-indépendance de l'Algérie ont manifesté malgré le couvre-feu imposer par le préfet de police de l'époque , Maurice Papon (là encore, à l'école , on apprend de lui sa participation à la déportation des juifs pendant la seconde guerre mondiale , mais aucune info concernant son rôle plus récent ).
C'est une bande dessinée que j'ai trouvée intéressante du fait qu'elle parle d'un sujet vsiblement encore tabou et rarement abordé.
A le fin de l'album, l'auteur rend hommage à toutes les victimes de cette nuit.
J'ai beaucoup moins accroché sur les dessins, volontairement sombres et assez classiques.
J'ai envie d'en savoir plus sur cet épisode de l'Histoire encore récent et pourtant "oublié".
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Les graphismes sont assez banals mais l'histoire est très intéressante : les auteurs nous dévoilent une partie de l'histoire franco-algérienne à travers le récit d'une famille immigrée aux personnages bien individualisés. On y découvre un dualisme, celui d'une mobilisation unanime pour une cause et le souhait de se détacher des traditions familiales pour côtoyer le monde séducteur de la musique.
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Ce n'est pas la première fois que je lis une collaboration entre Didier Daeninckx et Mako. J'avais pu lire le Train des oubliés, qui s'intéressait aux amitiés douteuses entre des entrepreneurs et les nazis. Ici on aborde un évènement plus douloureux dans l'histoire de France : le 17 octobre 1961.

Didier Daeninckx a l'habitude dans son oeuvre de pointer du doigt certains faits qui font mal. le 17 octobre 1961 a, je pense une importance particulière pour lui, parce qu'après le roman Meurtres pour mémoire, il revient dessus.

Le récit en soi est très ramassé, on ne verra pas grand grand chose de la répression. C'est un jeune qui va reconstituer les événements pour retrouver sa soeur qui a voulu manifester malgré l'interdiction parentale. le ton est donné dès les premières pages, qui retranscrivent simplement l'esprit d'une époque. Un contrôle de police au faciès qui se termine par des coups mortels et une disparition du corps dans les eaux de la Seine.

Je pense qu'il est bénéfique d'avoir encore des auteurs qui nous permettent de nous remémorer certains événements.
Lien : https://lecturesdechiwi.word..
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