Un ouvrage sur l'herpès, on imagine que ça ne peut intéresser que les personnes concernées…cela signifie donc que la plupart d'entre nous serait tentée de passer son chemin… Sauf que, surprise ! [b]
Monsters[/b] nous révèle dès le préambule que 75% d'entre nous sont atteints de l'herpès, sans que la maladie ne se développe forcément. Voilà qui a de quoi impliquer le lecteur, avant que celui-ci ne découvre ce à quoi il échappe … (pour le moment !)
Dans les premières pages, alors qu'il est encore pur comme un bébé,
Ken Dahl nous présente sa vie douce et éthérée –peut-être lui paraît-elle ainsi a posteriori, en contraste avec ce qu'il vivra par la suite. Il ne se pose aucune question sur la pratique de l'amour et de la sexualité. Ça coule de source : ceux qui développent des MST se sont crus à Sodome et Gomorrhe. Les sales dégueulasses méritent ce qui leur arrive. Jusqu'à ce qu'on lui annonce à son tour que le fléau l'a atteint…
Cette maladie va peu à peu modifier l'entente de son couple, défaire des liens qu'il estimait solides et bouleverser sa vie quotidienne, faite de petites habitudes sur lesquelles il devra tracer une croix. Tout finit par ne plus tourner qu'autour de la maladie, qu'il s'agisse de l'alimentation (privilégier l'arginine mais éviter la lysine), de la recherche d'un emploi adapté aux performances physiques qu'il peut délivrer et de la quête éperdue DU produit miracle.
L'auteur n'hésite pas à faire partager à son lecteur toutes les informations qu'il détient au sujet de la maladie. Outre l'avantage que nous pouvons ainsi mieux comprendre la souffrance du personnage, ces informations nous aident également à mieux comprendre les enjeux et les modes de transmission de l'herpès.
Ken Dahl ne cherche pas un instant à susciter l'émotion ou la pitié : son récit est simplement à l'image des sentiments de dépit et d'injustice qui sont les siens depuis que l'herpès l'a retiré du monde de ses semblables…