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Vincent Bernière (Traducteur)
EAN : 9782020962209
127 pages
Seuil (20/09/2007)
3.44/5   44 notes
Résumé :
Joe Matt touche le fond de son addiction aux vidéos porno. Il passe des heures à remonter des scènes de cul en ôtant tout ce qui le dégoûte : visages, poils et fesses masculines... Du coup, ses amis Seth et Chester Brown proposent qu'il se présente aux Eisner Awards en qualité de meilleur monteur vidéo !
À rester obsédé, uriner dans un bocal et collectionner des BD, il y a peu de chance qu'il trouve une copine.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
En fouillant dans mes cartons, je suis retombée sur cette B.D de Joe Matt que j'avais lu il y a déjà bien longtemps mais dont je ne me souvenais que très peu. Cette relecture a été un peu en demi-teinte. « epuisé » a bien des petites touches d'humour mais c'est loin d'être le titre le plus drôle de Matt. J'avoue que dans l'oeuvre de Matt, je préfère quand son autodénigrement est traité sur un ton vraiment humoristique, comme dans « Strip-tease » par exemple qui est franchement drôle. « epuisé » a une tonalité beaucoup plus déprimante. Matt évoque ici son addiction au porno d'une façon qui exprime tout le mépris qu'il a de lui-même. En résulte une oeuvre assez embarrassante à lire. Ceci dit « épuisé » n'est pas dénué de qualité, en premier lieu son honnêteté. Rarement, un tel degré de franchise a été atteint, Matt ne se cache pas derrière des faux-semblants et se livre entièrement, sans jamais chercher à se rendre sympathique. Paradoxalement, j'ai ressenti une certaine tendresse envers lui. Il est pathétique et assez méprisable en effet mais cet homme qui se déteste tellement finit par être touchant. Je me suis sentie vraiment triste pour lui tout en ayant envie de lui coller des baffes. Par ailleurs, Matt déploie un talent certain pour rendre vivantes des scènes où les personnages ne font que converser. Et son trait si simple et épuré ne manque pas d'impact. « Strip-tease » était beaucoup plus brillant et jouissif avec son ton très humoristique et son scénario qui faisait la part belle aux mises en abyme. J'ai eu l'impression qu'évoquer sa triste addiction était douloureux pour Matt, que cette B.D constituait un exutoire mais que cette démarche l'empêchait d'exprimer l'entièreté de son talent, qu'il a déjà démontré dans d'autres oeuvres.

Si cette relecture me laisse sur des sentiments mitigés, je compte bien poursuivre ma relecture des autres B.D de Joe Matt tant je le sais capable de proposer des oeuvres plus agréables.

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Il s'agit du quatrième tome des récits autobiographiques de Joe Matt après : (1) Strip-tease (1992), (2) le pauvre type (1996), et (3) Les Kids (2002). Ce tome est initialement paru en 2007. Joe Matt réalise le scénario, les dessins, l'encrage et l'application d'une nuance de vert.

La première scène s'ouvre avec Joe Matt et Seth (auteur de George Sprott) dans une librairie à la recherche de vieux comic strips. Joe Matt trouve un exemplaire de "Birdseye center" et l'accapare, tout en sachant pertinemment que Seth y attache plus de valeur que lui. Après un peu de marche à pied et une conversation amicale et parfois amère, ils se séparent. Joe Matt à rendez-vous avec Mario, un copain qui l'approvisionne en cassettes vidéo pornographiques. Une nouvelle discussion très spécialisée commence dans un café. Par la suite, Joe Matt met en scène son addiction à la pornographie, ses stratégies mesquines pour éviter de se retrouver face aux autres locataires de la maison où il loue une chambre, ses discussions avec Seth et Chester Brown (par exemple le petit homme) qui tournent autour de son addiction et de ses défauts en tant qu'individu, sa collectionnite aigüe pour Gasoline Alley, son incapacité à réaliser de nouvelles planches de BD, etc.

Le lecteur retrouve pour la quatrième fois les réflexions de Joe Matt sur sa personnalité qu'il met en scène au travers d'épisodes de sa vie réarrangé. Il l'indique clairement dans la quatrième partie de ce tome : il choisit les moments qu'il raconte, il les retravaille n'incorporant que les éléments qui servent son propos, laissant les autres de coté. En tant que narrateur il effectue un travail de montage de ses souvenirs. Matt ne fait pas un mystère du fait qu'il s'agit d'une autofiction (d'une forme romancée de sa vie), plus que d'une autobiographie qui rechercherait un semblant d'authenticité. le flux des souvenirs est réarrangé et structuré pour aboutir à une narration ordonnée. de ce fait le personnage Joe Matt n'est pas une représentation honnête ou littérale de l'individu Joe Matt ; c'est un double de fiction.

D'un point de vue visuel, Joe Matt a conservé son approche graphique du tome précédent, en ajoutant des tons vert sauge. Il s'agit donc toujours de contours simples, arrondis et élégants pour délimiter les formes, de visages simplifiés dans lesquels les yeux peuvent être représentés juste par 2 ovales, ou 2 traits. Ce registre graphique permet d'assimiler les images avec une grande rapidité, et il a également pour effet de rendre les personnages plus sympathiques, plus proches du lecteur car définis de manière simple. Seth et Chester apparaissent comme 2 individus très chaleureux, agréables à vivre (malgré leurs piques contre Joe) du fait de leur apparence inoffensive. Cette approche permet également à Matt d'exagérer les expressions des visages, sans que cela ne paraisse choquant, ou que cela ne vienne distraire de la lecture. de ce fait les émotions sont exprimées avec plus de force, mais aussi plus de nuance. Joe Matt le scénariste ne facilite pas la tâche du dessinateur : il inclut de longs plans séquence composés uniquement de conversation, ou de monologue à voix haute de Joe. Cela donne des pages assez statiques qui sont heureusement rendues visuellement intéressantes par cette expressivité des visages. Comme pour le tome précédent, Joe Matt s'en tient à une mise en page unique et immuable : 8 cases par page, réparties en 4 lignes de 2 cases. Autant de fois que nécessaire, Matt dessine les décors qui se composent d'une poignée d'éléments qui suffisent pour comprendre où se déroule la scène. le seul passage à la mise en scène un peu trop artificielle correspond à la marche à pied effectuée par Seth et Joe, où Matt dessine des silhouettes d'immeubles en arrière plan, comme si elles n'avaient pas de lien direct avec les personnages.

Dès les premières pages, le lecteur se rend compte que Joe Matt a diminué le niveau de la composante humoristique de son récit, et a augmenté la composante geignarde, ou tout du moins l'inquiétude éprouvée par le personnage. Effectivement ce tome est moins drôle que les précédents. Au fil des pages, le lecteur comprend que Matt écrit ces pages alors qu'il a atteint la trentaine et qu'il semble éprouver une crise de la quarantaine. Déjà peu confiant en lui de nature, ce passage de sa vie voit cette inquiétude augmenter. Matt doute de tout, et commence à faire ses premiers bilans. Sa relation profonde avec Seth et Chester Brown permet aux uns et aux autres de parler de choses qui leur tiennent à coeur, de manière approfondie. C'est ainsi qu'ils n'hésitent pas à dire ses 4 vérités à Joe Matt qui s'en nourrit pour développer son introspection. Il s'agit d'un aspect de ce récit qui ne peut pas laisser indifférent : Joe Matt parle de choses qui le touchent intimement (quel que soit le degré de véracité) et il en parle librement et avec intelligence. Lorsque Seth parle de ses principaux défauts, il est évident que Matt a fait le cheminement intérieur qui lui permet de savoir que Seth à raison sur toute la ligne, mais aussi qu'il s'agit de sa nature profonde sur laquelle il n'a que peu d'emprise. Quand Matt retranscrit sa discussion sur la pornographie avec Mario, le lecteur ressent toute la charge émotionnelle qui accompagne ces échanges. Joe Matt sait faire passer l'importance que le sujet à pour lui, le plaisir que lui procure le visionnage de ces K7, la culpabilité qu'il ressent en s'imaginant ce que peut être la vie de ces femmes, l'échelle de valeur qu'il s'est construit en catégorisant chaque acte pour déterminer quels plans l'excitent plus que d'autres, la concentration intense qu'il met dans cette activité (au point de reconnaître les actrices, et de s'apercevoir si elles ont eu recours à la chirurgie esthétique d'un film sur l'autre). Mario et lui parlent en connaisseurs, presqu'experts citant les pratiques du réalisateur Ed Powers (de son vrai nom Mark Krinsky), ou les mérites des actrices figurant dans les films de la collection "Private" (sans parler du goût immodéré de Matt pour les asiatiques). En fait plus de la moitié du récit est consacré à son addiction à la pornographie. Petit à petit, le lecteur prend conscience au travers de cette BD des symptômes de son addiction et des conséquences sur sa vie qui vont de l'incapacité à avoir une relation affective avec une femme, jusqu'à une forme de marginalisation douce mais tranchée. Effectivement on est loin de l'insouciance avec lesquelles il exposait ses petites névroses.

Avec cette bande dessinée, Joe Matt va beaucoup plus loin dans l'autofiction que dans les 3 tomes précédents. Toujours sous des dehors simples et agréables, il aborde une facette peu reluisante de sa vie. Il montre comment sa recherche du plaisir a pris la forme d'une addiction qui mange son quotidien. Comme à son habitude, il relate ce récit sans moralisation, ou apitoiement larmoyant (il y a juste une ou deux tentatives maladroites de recourir à une forme de moment clef dans sa vie, assez risible du fait de leur simplisme qui sous-entend que Matt est condamné à reproduire les mêmes schémas comportementaux). Il fait rire de ses défauts, mais le constat est glaçant dans sa force émotionnelle.
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Joe Matt est un auteur-dessinateur de comics américain. Il met en scène sa propre vie. Il a déjà publié sur son enfance avec "Fair weather", Les Kids en français, sur sa vie amoureuse "Poor Bastard" "Le pauvre type" en français.
Avec « Épuisé », Joe Matt partage avec nous ses joies et peines autour d'une activité solitaire bien connue de la gente masculine frustrée par les femmes : la masturbation.
Joe Matt est un grand ado attardé : il refuse de vieillir. Son enfance était le rempart contre cette sexualité envahissante et frustrante. Les femmes lui font peur. Les femmes sont méchantes. Ou trop jeunes. Ou trop vieilles.
Bon, il fera sans Joe Matt, ou alors il fera avec la merveilleuse fée VHS et ses milliers de films pornos. Son dada : remonter les films x en une succession de scènes où aucun homme n'apparait. Il se concocte ainsi des heures de films de cul sans répit pour sa libido effrénée. Et il y passe tout son temps, et surtout, toute son énergie. du coup, il est Épuisé ! Et du coup, il peine à travailler sur sa bd.
Sic… Elle est dure la vie de Joe Matt. Courage Matt ! Depuis 2002 les dvd et les best-of du sexe ont évolués.
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Ce récit ressemble à une autobiographie, Joe Matt se met en scène de façon très peu avantageuse. Graphisme en noir et blanc, très inspiré de l'underground américain (Crumb), plans séquences, scènes sans action, le ton est sobre et austère. Joe Matt se décrit comme un pingre, adolescent attardé et obsédé sexuel, collectionnant et compilant des films pornographiques, pratiquant la masturbation à outrance. le récit est presque dérangeant, totalement sordide, on se retrouve dans la position du voyeur, suivant ce jeune trentenaire s'enfermant dans ses obsessions, se complaisant dans sa vie sordide. L'humour est bien présent mais ne compense pas le malaise. Je ne saurait dire si j'ai aimé cette lecture, très auto-centrée, on n'a pas envie de plaindre le personnage, tant il paraît antipathique. On ne peut cependant pas ne pas remarquer la prouesse du scénario, qui sur un sujet aussi incongru, parvient à nous remuer. le récit est glaçant, tellement cru et pourtant si ordinaire. J'ai envie de dire que c'est une très bonne bande dessinée, très rebutante aussi, et donc très audacieuse.
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Joe Matt radin, paresseux, vénal, égocentrique, maniaque, obsédé sexuel, profiteur..! Sa petite amie amie Trish l'a quitté définitivement et Joe ne s'en remet toujours pas. Pour satisfaire sa libido, Joe loue à un copain des cassettes vidéo de films pornos avec lesquels il fait ensuite des montages sur son magnétoscopes afin de ne garder que les meilleurs scènes. Entre deux films, il va boire un verre en compagnie de ses amis Chester Brown et Seth avec lesquels il évoque ses états d'âme et philosophe sur l'état du monde actuel.

Découvert en France avec l'immense Strip-tease paru au Seuil en 2004, Joe Matt est, depuis, devenu une figure incontournable du comic novel américain au même titre que Seth ou Adrian Tomine. Avec ce troisième livre paru en France (le second »Les kids » revenait sur sa jeunesse et sur ses relations tumultueuse avec sa mère), Joe Matt livre une nouvelle tranche de sa vie d'américain moyen, allant jusque dans les moindres détails, même les plus sordides. Et même si on était habitué à entrer dans l'intimité du garçon, ce nouvel épisode nous surprend encore par la disposition qu'à ce garçon à étaler son intimité aussi crûment aux yeux du monde.

"epuisé" est donc un journal intime aussi sordide que drôle dans lequel Joe Matt ne nous cache rien de sa vie de Sex Addict et va encore plus loin que d'habitude dans le mauvais goût. Bref, ce livre est un véritable régal, et comme le dit si bien l'auteur page 97 de ce livre : C'est pas une vie de se branler et de regarder des vidéos porno !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
C'est une question de fric... et les mecs comme toi et moi sommes complices. Nous sommes les consommateurs. C'est notre argent qui paye ces filles. C'est pathétique quand tu y penses... payer des gens pour les regarder baiser.
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(Soupir). Regardons les choses en face : je ne suis plus motivé, toute mon énergie s’en est allée… J’étais jeune et naïf quand j’ai commencé à dessiner des comics. Mes illusions de gloire et de fortune ont disparu depuis longtemps. Mon petit noyau de fans est surtout constitué de mecs et la plupart sont juste des losers qui s’identifient.
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Penses-tu... que nous pourrions avoir une discussion intelligente sur un autre sujet que la masturbation ?
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Tu te sens obligé d'utiliser le mot "cool" en ma présence ?
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Videos de Joe Matt (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joe Matt
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