Laissez-moi vous dire l'histoire que m'a racontée Roque, dans ses dernières heures, alors qu'il agonisait des balles qu'il avait reçues.
Après des heures de torture, les tortionnaires lui dirent: ‘le colonel nous a ordonné de te laisser une chance, trouves celui de nous qui a un oeil de verre, la torture te sera épargnée'. Il ne fallut que peu de temps à Roque pour le trouver. ‘Comment as-tu fait ? tu es le premier à trouver…' ‘c'est simple, il n'y avait qu'un oeil qui me regardait sans haine.'
Bien entendu, ils continuèrent de le torturer, le poète qui disait les mots des sans - paroles, de ceux qui se nourrissent des restes des autres (avez-vous jamais vu à Puno, au bord du lac Titicaca, là où un repas est au prix d'un café en Europe - une vielle femme venir prendre dans votre assiette les restes de votre truite ?),
de ceux qui pour seuls biens ont la faim, les maladies,
la soif,
les persécutions, le mépris, la solitude, la mort… Ceux qui sont méprisés des valets de tous les maîtres – pourvu qu'ils soient riches et puissants - Ceux qui sont toujours soupçonnés, donc coupables parce qu'ils sont d'on ne sait où, et qu'ils ne connaissent personne ici… et qu'ils osent croire que la poésie est pour tous.
Roque Dalton né et mort (assassinat politique) au Salvador 1935 - 1975
j'ai mêlé mes mots à ceux de
Roque Dalton que l'on trouve en Espagnol (Mía junto a los pájaros ; La ventana en el rostro; El mar; El turno del ofendido; Los testimonios; Poemas. Antología; Taberna y otros lugares, Premio Casa de las Américas; et en Anglais Looking for troubles (une anthologie en édition bilingüe, le texte Angalis est du à Michal Boncza et John Green Smokestack books, 2016)
© Mermed
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