Par paliers, j'ai relâché la tension et je me suis laissée embarqué par ces fous furieux qui veulent changer le monde en tongs. Et qui le changent déjà, devant moi, juste à la façon dont ils se parlent, m'accueillent. Dont ils montent ensemble le banquet géant qui court autour de la place de terre battue : sans chef, sans manager. T'entends aucun ordre qui claque, rien que des « tu m'aides ? », « il manque des tréteaux, là, non ? ». souvent même pas : un regard attentif suffit à deviner le coup de main à donner
- Papa !!
C'est fou la force de ce mot. C'est un coup de feu à bout portant avec une balle d'amour dans la bouche. Ça te dit que tu existes comme tu n'as jamais existé pour personne. C'est un appel qui happe le présent pur, il t'avale. Il t'oblige à être ici : ici-même, hic. Tu ne sais pas ne pas y répondre, parce que voilà : tu es là, elle est là et son appel jette une passerelle vers toi que tu n'emrpuntes même pas : elle te traverse de part en part, elle te crée deux bras en plus, des jambes en mieux, un visage et une voie doubles. Un nous. Papa. C'est le premier mot qui sort un jour des lèvres de ton bébé et qui veut dire "lié". Deux. Fonduensemble. Plus jamais seuls. L'unique mot absolument plein de la langue.
la mémoire numérique des vidéos avait asséché en moi la richesse des instants passés
Je vois un monde d'adultes mort où tout a été conçu pour une fonction et une seule et où chaque acte est capté et noté, pour mouler des cakes de datacaca, former prédictions d'achat et générer leur putain de plus-value putative.
C'est une grotte pour les mains, pour la tripote, qui se pelote, palpée. Et catégorie doigtée, c'est l'orgie les gars, y'a pas une surface lisse, pas un truc plat et fadasse, que du creux: bosse, du plein, du crousticrunch sous la pulpe, un total poème de glyphes sur la moindre petite paroi planquée! J'ai été caresser dans les coins, j'ai malaxé la bouillasse, j'ai fait crisser la pâte de verre : ça fait frissonn.
Un réseau social est un tissu de solitudes reliées. Pas une communauté.
Fais confiance à ta voix.Ta voix sait, elle est vivante, plus vivante que ton cerveau.Laisse la penser à ta place et monter toute seule dans les mots. Ceux qui t'écoutent suivront ce mouvement et ce sera beau.
Vincelles va vaisselle, assiettes verticales, lave-vaisselle. Delattre, l'autre, latrines. Pipi de chat. Chien-chiot, tout en chair, le gros chieur.
À propos du mot "papa" :
« C’est fou la force de ce mot. C’est un coup de feu à bout portant avec une balle d’amour dans la bouche. Ça te dit que tu existes comme tu n’as jamais existé pour personne. » (p. 129)
Je ne sais pas ce qu'elle comprenait, elle était avec moi, c'est tout et c'était déjà énorme.