Subitement la honte du passé, la mémoire de mes fautes ont surgi devant mes yeux. En proie à une frayeur qui me donnait envie de crier, je ne pouvais plus rester en place.
J’étais aimé dans la mesure où j’avais peur, et alors, être aimé, avoir peur dans la mesure où l’on est aimé, quel dilemme ! Je devais me tenir loin des autres. Cette habitude morbide, je pouvais très difficilement l’expliquer
D’ailleurs, suis-je ou non capable d’aimer quelqu’un au monde ? C’est une question que je me suis souvent posée.
« il y a dans l’esprit humain des choses terribles dont on ne comprend pas la raison. »
Le monde, en fait, qu’est-ce que
c’est ? Est-ce l’ensemble des individus ? Où se trouve « le
monde » dont il parle ? Quoique j’eusse vécu jusque-là en pensant que Horiki était un homme fort, rigide, terrible, lorsque je l’entendis parler de la sorte j’eus envie de lui dire :
— Mais le monde, est-ce que ce n’est
pas toi ?
A l'heure actuelle je ne connais ni le bonheur ni le malheur. La vie passe.
Jusqu'ici, j'ai vécu dans l'enfer. Dans le monde des humains, c'est la seule chose
qui me semble vraie.
La vie passe, rien d'autre.
En fin de compte, il est inutile de demander quoi que ce soit aux hommes. Pour ma part, je préfère ne jamais dire la vérité et me dérober tout en continuant à jouer mon rôle de bouffon.
Ceux qui ont peur comme moi de leurs semblables, qui les évitent, les dupent, sont-ils faits autrement que ceux qui suivent les préceptes du savoir-vivre, intelligents et malicieux que résume le proverbe : "Tiens-toi à distance et il ne t'adviendra rien." Deux hommes ne se comprennent pas entre eux. Même s'ils voient qu'ils se sont totalement trompés sur le compte l'un de l'autre, ils vivent tout leur vie sans y attacher d'importance en se voulant amis intimes et, quand l'un des deux meurt, l'autre pleure, se répand en condoléances.
Au matin, le mot "mourir" sortit pour la première fois de sa bouche. Elle était lasse de se trouver en ce monde. [...] D'un cœur léger je donnai mon accord au projet de Tsune-ko.
Cependant, à ce moment, j'étais encore incapable de donner leur sens réel à ces mots : "Je veux mourir." Une idée d'amusement s'y cachait.
Au moment où je commencais à oublier, l'oiseau sinistre est venu battre des ailes autour de moi et il a donné du bec dans la plaie de la blessure des souvenirs. Subitement la honte du passé, la mémoire de mes fautes ont surgi devant mes yeux. En proie à une frayeur qui me donnait envie de crier, je ne pouvais plus rester en place.
- On va boire ? Lui dis-je.
- Allons, répondit Horiki.