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Didier Chiche (Traducteur)
EAN : 9782877308137
283 pages
Editions Philippe Picquier (28/10/2005)
4.02/5   30 notes
Résumé :

Avec Pays natal, l'ange noir de la littérature japonaise nous montre un autre visage, plein d'humour et d'ironie mais aussi d'émotion. Le voyage de Dazai à Tsugaru, son pays natal, se présente comme un retour de l'enfant prodigue, cédant à un mouvement d'heureuse nostalgie, en quête d'amour et d'amitié, réconcilié avec lui-même. Plus que sa famille, il va revoir ses amis, des humbles, des paysages. So... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Osamu Dazaï (1909-1948) l'enfant terrible des lettres japonaises a mis son âme à nu dans chacun de ses livres.
Tsugaru est une région isolée à l'extrême nord du Honshu, la plus grande île de l'archipel. En 1944, Dazaï est très célèbre pour ses nouvelles et ses contes mais aussi pour sa vie dissolue. Son éditeur publie une collection d'ouvrages sur la diversité régionale. Dazaï Osamu a besoin d'argent, on est en pleine guerre, il est père de famille et il se tient à carreaux, entre deux beuveries. Et puis il ressent sans doute le besoin de retourner au pays natal. Il raconte son périple, il décrit le paysage de cette région méconnue des autres Japonais, les moeurs des gens. Il cite des géographes et des historiographes façon guide touristique mais il s'intéresse bien davantage aux gens qu'aux lieux. On fait connaissance avec ses amis d'enfance, tous amateurs de saké, avec sa famille et la femme qui l' a élevé.

J'ai lu ce livre sans ennui aucun. J'aime beaucoup Osamu, un merveilleux conteur  qui s'adresse au lecteur comme à un ami. Un personnage complexe, contradictoire, désespéré et désespérant, mélancolique et chaleureux, lucide et plein d'humour. Et plus pudique qu'il n'y paraît. Quand il décrit le paysage de plus en plus sauvage et effrayant, c'est sa famille aussi qu il décrit. le livre donne quelques clés sur sa personnalité, le manque d'amour dont il a souffert enfant, la terrible ombre du père dont il prétend garder peu de souvenirs, le vide causé par l'absence de la mère à peine évoqué, le frère aîné qui lui a succédé et qui ne le regarde pas en face. Les retrouvailles avec la servante de la famille, la seule personne qui lui ait jamais donné confiance, sont très fortes.

« Les adultes sont des gens sans gaieté. Même lorsque l'on s'aime, il faut être prudent et garder une certaine distance. Et pourquoi cette prudence ? La réponse est toute simple : trop souvent, il arrive que l'on soit victime d'une splendide trahison, et que cela fasse honte. Les êtres humains ne sont pas dignes de confiance : cette découverte est la première leçon qui marque le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Un "adulte", c'est un adolescent qui a été trahi. »
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Ce retour à Tsugaru est une oeuvre étrange, prenante, énervante parfois aussi, poétique, nostalgique.
Osamu Dazaï, livre ici sans doute un récit autobiographique, autant qu'on puisse se fier à ses propos, ses souvenirs, puisque la plupart du temps, jours et nuits, il était très imbibé de saké et de bière. Pour ma part, ce sont les pages du livre que j'ai le moins appréciées, une page, ça va, deux ca va encore, trois... Mais à lire sa biographie on sait aussi que cela a été le drame de sa vie, qu'il s'est suicidé à 39 ans, et que son alcoolisme était déjà sa destruction (il en parle d'ailleurs, je mets une citation à ce propos).
Ce qui m'a plu dans ce livre, le seul de l'auteur que j'ai lu pour le moment, c'est ce "retour" sur des terres extrêmes et Osamu Dazaï est très doué pour décrire les paysages, les sociétés, les populations qui vivent dans et avec une nature qu'il vénère, qu'il sait illuminer, par son écriture. Il densifie sont propos, sans le complexifier, par des références à l'histoire, la littérature, les légendes, les croyances, et l'on découvre un écrivain d'une culture immense tout en restant modeste et gardant une distance parfois ironique.
Ce livre est aussi empreint d'une profonde tristesse, les amitiés sont volatiles, les liens se sont tant distendus, le temps a passé longuement. Comme si en écrivant ce livre, Osamu Dazaï pensait à la fin et de sa vie et de son oeuvre.
Aussi, parfois, quelques pages sont énervantes (terme que j'ai utilisé en introduction de cette chronique) car j'ai senti une forme de complaisance dans l'auto-compassion.
Regret d'avoir détruit ou gâché, tristesse, solitude, abandon, séparation, certes, mais une belle lecture, sensible, car au fond le message délivré est peut-être (c'est mon interprétation) de ne pas craquer les liens qui ont été tissés, et que le regret est en lui-même une inutilité, justement car il est regret.
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Ce livre écrit pendant la deuxième guerre mondiale est un récit de voyage, voyage que l'écrivain a effectué dans sa région d'origine, le Tsugaru. C'est un voyage vers les souvenirs de l'enfance, vers des personnes qu'il a connues enfant ou adolescent, mais aussi l'occasion de mieux connaître cette région où il est né et dont beaucoup d'endroits ne lui sont pas familiers.

L'écrivain voyage comme une sorte de vagabond, dans des vêtements plus que modestes, faisant une partie de la route à pied. Mais finalement il fait peu de tourisme, il revoit ou rencontre des gens, fréquente les auberges, et à chaque fois c'est l'occasion de manger mais surtout de boire, même si dans ces temps de restrictions, obtenir du saké demande parfois un peu d'imagination.

L'auteur nous fait d'abondantes citations, soit de ses propres Souvenirs, soit d'autres auteurs qui ont écrit sur la région, son histoire en particulier. le livre est un kaléidoscope, entre impressions de voyages, des moments de beuverie, et anecdotes ou éléments historiques concernant les endroits visités. C'est parfois un peu décousu, souvent drôle, on apprend aussi des choses sur l'histoire et la mentalité japonaise, j'ai été particulièrement intéressée par les évocations des aborigènes, sujet qu'on évoque peu quand on parle du Japon, et Dazai nous fait entrevoir une multitudes de peuples et de cultures, peu à peu écrasées par la culture dominante.
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Encore une fois, Dazai écrit ici un récit autobiographique qui nous plonge dans sa vie tourmentée.
Il parle de son enfance, de sa famille et de son pays natal, toujours avec sa honte et ses problèmes.

Je dois avouer avoir préféré ses autres livres (de ceux que j'ai lu). J'étais parfois frustrée, et un peu ennuyée sur les bords quand il récitait ses longues et interminables descriptions géographiques.

Mais je suis quand même satisfaite d'en savoir plus sur sa vie. D'autant plus que ses pensées noires sont bien moins présentes ici que dans d'autres de ses oeuvres. C'est un peu comme un bol d'air frais au milieu de la dépression et de l'ivresse.

Peut être que je l'aurais davantage apprécié si je l'avais lu en premier. Mais Cent Vues du Mont Fuji reste pour moi son meilleur recueil autobiographique.

(Enfin, Dazai restera l'un de mes auteurs favoris-)
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Un beau récit de voyage dans les terres natales de l'écrivain : la région de Tsugaru tout au nord de l'île de Honshu, l'île principale du Japon. le lieu revêt plusieurs dimensions : géographique, sociale et historique, qui se mêlent harmonieusement et se complètent. Au fil des rencontres et des redécouvertes de sa propre histoire, l'auteur nous livre un récit vivant et très plaisant.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
J'ai dit beaucoup de mal de Hirosaki, mais non par antipathie pour cette ville ; disons que c'est pour moi une manière d'introspection. Je suis un enfant de Tsugaru. Mes ancêtres génération après génération, étaient des paysans du fief. je puis dire que je suis un pur produit de la région. C'est bien ce qui m'a donné toute licence pour critiquer vertement Tsugaru comme je l'ai fait. Mais que des "étrangers" , pour m'avoir entendu parler de la sorte, aillent se croire tout permis et se mettent à regarder Tsugaru de haut, et j'en serai tout de même fort mécontent. Parce que j'ai beau dire, j'aime Tsugaru.
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Le dégoût de moi-même m'envahit quand j'ai trop bu-des milliers de fois, sans doute-, mais je ne peux toujours pas renoncer à l'alcool. La bouteille, c'est mon point faible, et très souvent, cela m'a valu le mépris des gens. Si le saké n'existait pas j'aurais pu -qui sait ?-être un saint...
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Si la politique d'aménagement urbain manque à ce point de dynamisme, ne peut-on pas l'attribuer aux machinations louches de vieux politiciens bornés ? C'est ce que j'ai demandé à N., mais avec un sourire forcé, le jeune conseiller municipal qu'il était m'a répondu : "N'épiloguons pas." Non plus qu'un samouraï ne doit se risquer dans les affaires, un homme de lettres n'a à se mêler de politique. Mon insolente question sur la façon dont Kanita était administrée a provoqué le sourire apitoyé d'un politicien expérimenté : et je me suis senti tout bête.
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« Et d'abord, pourquoi ce voyage ?
— Parce que je souffre...
— "Tu souffres"... Toujours la même rengaine !
Ne crois pas t'en tirer à si bon compte !
— Masaoka Shiki, trente-six ans ; Ozaki Kôyô, trente-sept ans ; Saitô Ryoku'u, trente-huit ans ; Kunikida Doppo, trente-huit ans ; Nagatsuka Takashi, trente-septe ans ; Akutagawa Ryûnosuke, trente-six ans ; Kamakura Isota, trente-sept ans...
— Et alors ?
— C'est l'âge auquel ils sont morts. Les uns après les autres. Moi aussi, j'aurai bientôt atteint cet âge : étape décisive dans la vie d'un écrivain !
— Et... on souffre...?
— Arrête. Ne te moque pas de moi ! J'imagine que tu me comprends tout de même un peu. Je n'ai pas envie d'en dire plus : j'aurai l'air de chercher à me rendre intéressant. Allons, ce voyage, je vais le faire ! »
Est-ce parce que j'ai suffisamment vécu ? Je crois que s'expliquer sur ses sentiments, c'est vouloir se rendre intéressant – et dans la plupart des cas, cela relève d'un artifice littéraire assez banal. Je n'ai pas envie d'en dire plus.
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Là, c'est la pointe extrême de Honshù. Après ce village, il n'y a plus de route. Au-delà, on tombe dans la mer, c'est tout. Le chemin s'arrête à cet endroit. C'est le cul-de-sac du Honshù. Prends-en bien note, lecteur : si tu marches vers le nord, toujours vers le nord, sans relâche, infailliblement tu atteindras la route de Sotogahama. La voie ira se rétrécissant, mais si tu continues d'aller vers le nord, tu aboutiras dans ce monde étrange, dans cette "basse-cour". Ce sera, lecteur, le point ultime de ton itinéraire.
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Vidéo de Osamu Dazaï
L'auteur décadent de la littérature japonaise (Dazai Osamu) - Art Japonais
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