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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est l'histoire de la longue descente aux enfers d'un homme au caractère inconsistant et dépressif qui va rater sa vie.
Yôzô est pourtant fils de bonne famille, mais il cache une nature mélancolique, peureuse et apathique et décide de jouer au bouffon, de faire rire par ces facéties...Mais un jour, un élève de sa classe le démasque ("c'est de la frime !"), et c'est le début du naufrage. Yôzô, oisif et indécis dans ses choix échouera dans ses études, et ne parvient pas à trouver un emploi stable. Il ment à sa famille, demande régulièrement de l'argent à son père, qui finira par lui refuser en apprenant la vie dissolue de son fils...Entraîné par des fréquentations douteuses, notamment d'un "ami" qui profite de sa faiblesse pour l'initier aux femmes et à l'alcool, son manque d'argent lui fait rechercher sans scrupules des femmes qui vont s'émouvoir et l'entretenir.
Mais le vague à l'âme est permanent, tenace, et un jour il tente de se suicider avec son premier amour...il en réchappe, mais elle se noie. Une seconde l'accueillera chez elle, mais malgré ses bons soins il finira par se sauver littéralement ! La troisième, épousée, ne sera pas davantage synonyme d'apaisement : après quelques années, elle le trompera, et pire encore, son fameux "ami" le mènera sur la scène du forfait pour surprendre les ébats...
Yôzô, écoeuré de tout le monde et de lui-même, toujours aussi faible, tente à nouveau de se suicider en absorbant une forte dose de médicaments. En réchappant encore, il va sombrer dans des addictions au saké, puis à la morphine...son état de santé physique et mental se détériore, conduisant son frère, qui lui apprend la mort de son père, et sa femme, à le placer un temps en hôpital psychiatrique. Son frère lui achètera finalement une bicoque branlante à la campagne, où il vivra ni heureux ni malheureux, juste les jours passant, devenu un vieillard à 27 ans...mais cependant encore capable d'une pirouette, d'une facétie...

L'ambiance de ce roman est très sombre. Cependant, curieusement, l'émotion n'est ressentie qu'en de rares moments. le récit est assez court, condensant l'action, parfois peut-être trop peu détaillée, pour privilégier les réflexions du "héros" sur sa vision amère et désespérée de lui-même et de la vie, même s'il conserve souvent une pointe de dérision. Cela provoque une forme de distanciation, de détachement chez le lecteur, peut-être voulus car c'est bien finalement l'état de Yôzô à la fin, devenu un peu spectateur de sa vie passée.

Cette histoire fait très fortement écho à la propre vie, tragique, de l'écrivain, qui pour autant se garde bien de revendiquer cet évident caractère autobiographique : en une préface et un épilogue, il crée un narrateur qui aurait récupéré les carnets de notes de Yôzô chez la femme qui fut son second amour, les deux se demandant d'ailleurs si Yôzô est toujours en vie dix ans après son installation dans sa dernière demeure.
Il faut rappeler qu'Osamu Dazaï, après une vie aussi dissolue que son héros se suicidera par noyade à 39 ans, après plusieurs tentatives commencées à 20 ans !

Dernier élément à souligner, le romancier nous donne à voir des aspects intéressants de la société japonaise, dans les années 1930, avec le sens de l'honneur (ici perdu), l'obligation de cacher ses émotions, de dissimuler, la place de la femme dans la société, bien basse, elle qui doit être docile et entièrement dévouée à son mari...

Au final, une belle découverte que cet écrivain maudit, très renommé au Japon et trop peu connu dans notre pays.
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Dans ma liste d'envie subite, j'ai eu une montée du besoin de lire un grand classique de la littérature japonaise. Autrement dit, c'était limite du sur-mesure avec « La déchéance d'un homme ».

Ce roman, d'une profondeur et d'une finesse incroyable, explore les méandres de l'âme humaine avec juste ce qu'il faut de pudeur.

Dazaï, à travers son personnage principal, Yozo, parvient à capturer l'essence même de la détresse existentielle. Chaque phrase, chaque tournure de phrase est méticuleusement ciselée pour transmettre les émotions les plus subtiles et les questionnements les plus profonds.

L'écriture de Dazaï est empreinte d'une certaine poésie mélancolique. Les images qu'il évoque sont d'une beauté sombre, presque envoûtante. On se laisse entraîner dans un tourbillon d'émotions contradictoires, entre désespoir et espoir, entre désillusion et aspiration à la rédemption.

De plus, le Japon des années 30, c'est le décor parfait pour ce roman. Une société rigide, des conventions étouffantes, une pression sociale qui écrase tout. Yozo essaye de s'adapter, de jouer le jeu, mais il est un peu comme un poisson hors de l'eau. Il se sent exclu, déconnecté, et ça forcément ça résonne minou.e, que ce soit justifié ou pas, on a tous connu ce sentiment d'être un peu à côté de la plaque, nan ?

Yozo est un bouffon, usant autant d'humour que d'ironie. Sa quête incessante de sens et son incapacité à se conformer aux normes sociales amènent à réfléchir sur notre propre place dans le monde.

Ok, c'est une grosse place à l'introspectif, faut en avoir envie, mais c'est bon de savoir que ça existe. Ça transcende les frontières culturelles, alors le jour où t'es cap de te triturer le cerveau, go.

C'est bon comme un Cioran que t'aurais encore jamais lu bb.

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Ce roman est assez court : 100 pages. Une histoire très certainement autobiographique. L'auteur nous conte l'histoire d'un jeune homme qui cherche en vain sa place dans un monde trop fade pour lui. Il donne le change pendant plusieurs années en jouant un rôle de bouffon afin de se faire accepter d'une société bourgeoise dans laquelle il se sent en décalage. Sous l'emprise de son statut et d'un ami qui se joue de ses faiblesses, Yôzô n'arrive pas à s'émanciper. Il n'a pour seule ambition que d'être artiste peintre mais sa peur des conflits et sa léthargie constante le font échouer. Anesthésié émotionnellement, il est incapable d'entretenir une relation amoureuse avec une femme, il s'enfonce dans un état dépressif devient en peu de temps alcoolique puis morphinomane tout comme l'auteur...

Ce roman est poignant, la détresse de cet homme est palpable, d'une tristesse profonde le texte prend aux trippes surtout quand on sait ce qu'il est advenu de l'auteur.
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Je coule... mais avec une forme de dignité et de retenue toute japonaise.
A lire.
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J'en ai mis du temps à le finir... Ce livre est court mais est-ce moi le problème ou bien l'auteur qui a un style d'écriture particulier ? J'ai pu voir dans les critiques que certains déconseillent cette lecture aux âmes dépressives et mélancoliques. En ce qui me concerne, à la fin je me suis dit "Ah... Bah tout compte fait, il y a pire que moi !". Oui, ce roman est d'une tristesse ascensionnelle telle une fleur qui fane et qui se meurt à mesure que le temps s'écoule, portant bien son titre "La déchéance d'un homme", car c'est pourtant là un homme qui a tout pour réussir (une famille de la haute société japonaise, des relations sociales, un caractère aimant et charmant, bienveillant, etc.) mais on le sent pourtant perdu dès son plus âge... C'est comme s'il était toujours en décalage avec lui-même, ce qu'il ressent, ce qu'il désire et la société. Ainsi, il enchaîne mauvais choix sur mauvais choix, allant jusqu'à sa propre déchéance, emportant avec lui des souvenirs toujours plus douloureux... Oui, c'est un livre triste, très triste et empreint de pitié, qui ne laisse pas indifférent une fois terminé, même si le style de l'auteur (que je trouve particulier) n'aide pas à la compréhension et mémorisation de tous les détails qui se succèdent page après page.
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J'étais très intrigué par ce roman, étant donné qu'un des personnages de "Bungo Stray Dogs", une série que j'adore, en est fortement inspiré de par son nom, son pouvoir qui porte le nom de ce roman, mais aussi par son écriture.

Autant le dire tout de suite, ce genre de roman n'est absolument pas fait pour moi. Pour autant, c'était une belle expérience de lecture ! Malgré le fait que le récit soit très cru tout du long, je me suis accroché. Étant sensible à quelques sujets, certains passages m'ont mis dans une position d'inconfort.

Le point de vue de l'auteur était intéressant, bien que je ne sois pas sur la même longueur d'onde à certains moments. La vie misérable du personnage m'a pas mal bouleversé, surtout dans ses moments de rechutes.
J'ai beaucoup apprécié suivre son histoire, et son "l'évolution". le fait qu'il retrouve l'envie de vivre pleinement sa vie, bien qu'elle n'ait été faite que de souffrance, est admirable.

J'ai aussi vivement apprécié la tournure que prend la fin de ce roman ! Je suis contente d'avoir pu découvrir cet ouvrage qui m'attirait depuis un long moment !
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j'ai lu ce livre parce que j'étais déjà adepte de littérature japonaise et que beaucoup de gens en parlaient sur tiktok. Pour moi c'est sur côté sûrement car le public l'ayant acclamer n'était pas consommateur d'auteur de même genre et était donc accablé par sa nouveauté. Il est assez pauvre comparé à du ryu murakami que j'adore bien que j'ai trouvé ça beau et avec une histoire intéressante juste pas assez pour moi ! Je compte tout de même lire d'autres oeuvres de l'auteur car je pense qu'en lisant sans attentes je serai plus satisfaite. Un passage m'a cependant attiré : « Cependant bien que ces mots de solitude ne soient jamais sortis de ses lèvres, tout son corps était enveloppé des effluves d'un isolement affreux ; à son contact mon propre corps s'enveloppait des effluves de la mélancolie plus ou moins cuisante que je portais en moi ; toutes ces émanations se mêlaient. » Très beau selon moi
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Un très bon roman autobiographique ! Merci à Kafka Asagiri pour nous avoir fait découvrir cet auteur. Ce livre est triste et magnifique à la fois.
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D'un nihilisme noir et fascinant
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