Dans un petit village au pied de la montagne, un homme est un passeur aidant des clandestins à franchir la frontière. Un jour, l'Eglise lui confie un travail étonnant : restaurer une croix de marbre, un Christ vêtu d'un pagne. Il doit retrouver l'état originel de cette oeuvre : enlever le pagne et recomposer le sexe du Christ.
Erri de Luca est un poète capable de s'approprier le monde, ses peurs et ses défiances. le protagoniste du roman est un héros, véritable, sincère, réfléchi et plein de doutes. Là où les doutes peuvent stopper ou affaiblir, cet homme les transforme en questionnement, donnant ainsi au temps un grand pouvoir de résolution. le roman, par ses deux parties, questionne le statut d'un artiste car cet homme, passeur de clandestins et petit sculpteur perdu dans les montagnes, est un artiste. Il n'est pas connu (fuit même la célébrité médiatique) mais son travail a imposé sa réputation. Il a une légitimité indéniable. Il est proche du monde, présente des valeurs solides et face au travail de restauration, se lance dans un processus de création, de recréation. Ici, pas d'égo, pas de supériorité. Mais une recherche artistique, sensorielle bouleversante.
Erri de Luca parle du travail d'un artiste, de son respect de son modèle.
De Luca a créé le sculpteur qui doit recréer le Christ. Face à cette oeuvre, l'auteur traite deux thèmes forts : la nudité (le sexe, l'amour) et le Christ, figure religieuse, symbole protégé. Avec un traitement délicat,
De Luca unit les deux sujets souvent opposés pour rappeler l'humanité du Christ, un être auquel le sculpteur redonne son sexe, son attribut d'amour. L'histoire est puissante, l'écriture est bouleversante et le sens politique transparaît dans le moindre paragraphe. Un roman passionnant.
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