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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un été brûlant. Une petite île au large de Naples. le soleil, la pêche, la plage. Un adolescent, plus tout à fait un enfant, pas encore un homme. Une fille, belle, mystérieuse, étrangère. Des sentiments forts, au-delà de l'amour de vacances. Et puis la guerre...

Le temps d'un été pour faire d'un gamin un jeune homme. Un été particulier pendant lequel il ne partage plus les jeux de ses camarades. Il apprend la pêche et la vie auprès de Nicola, le taiseux, sur le bateau de son oncle. Il fréquente la bande de son cousin, des garçons et des filles plus âgés que lui qui cette année-là accueillent une nouvelle, Caia. Un prénom étrange pour une fille pleine de secrets, venue sur l'île pour s'étourdir de soleil et de baisers. L'adolescent taciturne sait bien qu'il n'a aucune chance de la conquérir et pourtant ils vont se chercher, se trouver, comme s'ils s'étaient toujours connus. Un geste, un regard et Caia retrouve dans ce garçon un être cher qu'elle a perdu. Il devient alors son protecteur, son vengeur. A travers elle, il perçoit les tourments de cette guerre qui vient de s'achever et que tous passent sous silence. Ses parents évoquent à mi-voix les bombardements sur Naples, Nicola parle de sa honte d'avoir combattu dans le mauvais camp. le garçon veut toujours en savoir plus. Qui sont les vainqueurs de cette guerre ? Les américains qui se comportent à Naples comme en territoire conquis ? Les allemands qui reviennent sur l'île, en touristes, lavés de tout péché ? Caia n'a pas les réponses mais elle lui fait entrevoir la souffrance de ceux qui ont tout perdu.
Erri de Luca nous livre ici l'histoire originale d'un amour de vacances pas comme les autres. Onirique, poétique, ce récit initiatique possède la sincérité de l'enfance, la magie du premier amour, la violence du passage à l'âge d'homme.
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Le temps d'un d'été sur une île, le temps d'un apprentissage, dans les années cinquante, dans cette Italie encore blessée. Le jeune garçon apprend l'Histoire entre les mots qui s'échappent des adultes et d'une jeune fille qui surgit comme une balafre sur cette île du soleil, du bonheur, des corps qui sentent le sel et la pêche, des pieds nus sans entraves.

Il entre dans le secret de sa vie, il comprend la blessure. Une blessure qui devient sienne ; Tu moi. Mieux que dans les livres, plus vraie, la guerre parvient jusqu'à lui, par l'expérience de ceux qui ont combattu malgré eux, qui ont été des marionnettes. Pour ces hommes, la guerre est comme une maladie de l'homme, elle passe et ensevelit. Ils ne font pas de politique. Leur vie est simple et saine, jusqu'à ce que cette guerre les prenne dans ses filets. Puis l'Histoire ravale ses larmes, la poussière revêt les corps. Il reste les regrets de ne pas avoir su contrer le mal, d'en avoir été complice, et l'envie d'enfouir au fond de soi sa honte…

Le garçon veut savoir, il veut des réponses. Il en aura certaines. Mais à chacun son expérience, à chacun ses réponses. « L'éveil de sentiments personnels ne venait que de l'expérience, pas de l'histoire. »

Une belle façon de raconter la guerre, presqu'en douceur, sans détails, mais avec des mots qui pénètrent, qui vont au fond des choses alors qu'ils ne semblent que les effleurer. Comme un tour de magie.


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Erri de Luca figure dans mon Panthéon littéraire. Il m'enchante par la lumière de ses mots mais n'oublie jamais de me surprendre, de m'égarer, comme ici dans ce très court roman, Tu, mio, un titre qui ressemble presque davantage à une chanson d'Umberto Tozzi ou de Ricchi e Poveri...
Le cadre de ce récit d'ailleurs pourrait tout pareillement nous tromper. Tout se passe sur une île de la Tyrrhénienne, l'île d'Ischia, au large de Naples, avec ses bateaux de pêche, l'été, les vacances, les pieds nus, une guitare qui n'est jamais loin, l'insouciance, un endroit paisible, heureux, presque endormi, et en arrière-pays la fin de l'enfance, l'adolescence qui s'éveille sur le sable fin, les filles dont on rêve déjà, les premiers émois amoureux en pensant au reflet du soleil sur leur peau nacrée...
Je dois avouer que j'ai craint tout d'abord lire une bluette estivale...
Mais l'histoire se passe dans les années cinquante. L'écho de la seconde guerre mondiale résonne encore dans les mémoires, le fascisme aussi... Nous sommes dans l'Italie juste après la guerre, celle qui panse ses plaies, voudrait tourner la page, oublier, passer à autre chose... Brusquement une jeune fille sort de l'horizon avec son histoire, écorchée. Elle s'appelle Caia, elle est roumaine, elle est juive. le narrateur en tombe éperdument amoureux, tout comme son copain Daniele, presque comme un grand frère pour lui. Mais c'est un tout autre rendez-vous qui l'attend. Un saut dans le monde adulte, la surprise d'un battement de coeur qui se trouve pris dans la nasse des souvenirs douloureux qu'on croyait éteints. Il ne tardera pas à découvrir que Caia est orpheline.
Il y a tout d'abord cette amitié très forte avec Nicola, le pêcheur. J'ai beaucoup aimé ce personnage mutique, la patience des marins qui vient dans ses yeux, dans ses gestes. Il a connu la guerre, il s'en souvient comme si c'était hier. Son coeur est hanté par le remords d'avoir combattu dans le mauvais camp. D'ailleurs, c'était hier ou presque. Les plaies sont encore à vif, il ne suffit pas de grand-chose pour éveiller les blessures dans le désordre de la mémoire. La mémoire, c'est comme du sel qu'on jette sur les cicatrices...
C'est l'été. Entre les sorties de pêche et la fête le soir en bord de mer, les jours passent avec lenteur. Parfois au loin une chanson s'élève en sourdine dans l'air moite. Pour le narrateur, c'est l'été de ses seize ans. Brusquement, il est admis à entrer dans un autre monde, celui de s'approcher des jeunes filles, espérer un baiser et peut-être plus encore...
Le passé des personnages surgit parfois empli comme une vague, comme le sirocco que l'on voit s'éveiller et souffler brusquement venant du large, celui que l'on craint ; c'est un passé chargé d'échos et de douleur.
Caia aussi, derrière l'insolence de sa jeunesse, traîne derrière elle un passé qui la hante comme une ombre qui passe de temps en temps dans ses yeux, éteint un bref instant le soleil qui s'y penchait. Il y a le souvenir de son père qu'elle retrouve dans les yeux du narrateur et contre toute attente, c'est un tout autre amour qui naît entre ces deux-là... quelque chose de presque filial, un lien secret, invisible, comme une promesse, quelque chose qui protège du malheur.
Il y a dans ce récit initiatique, solaire, quelque chose qui tient d'une étrangeté presque onirique. L'écriture poétique d'Erri de Luca enrobe les gestes de ce garçon et de cette fille qui font l'apprentissage d'un amour pas comme les autres.
J'ai aimé ce récit d'un premier amour raconté avec beaucoup de délicatesse, comme une manière de dénoncer la barbarie humaine. Tendre et bouleversant à la fois.
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Une belle surprise ce Tu, mio d' Erri de Luca. Une douce et une belle promenade littéraire ilienne, le temps d'un été, qui a réveillé mes nostalgies adolescentes. L'amour qui prend forme dans le sourire d'une fille, se concrétise en fils dorés délicats effleurant les épaules, provoque les premières déceptions d'un baiser refusé et la tristesse des départs sur fond de promesse éternelles jusqu'aux prochaines vacances. L'arrière-plan est plus grave, comme la vie qui confronte toujours le merveilleux avec le plus terrible. le temps de la lecture, j'ai retrouvé mes 16 ans et l'envie d'écrire un prénom sur le sable...
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Livre emprunté avant les grandes vacances attirée par l'auteur et la belle photo de la couverture qui sentait bon l'été.

Cette lecture fût lumineuse, la chaleur de l'été irradie cette histoire, les corps exultent.

Un livre sur l'adolescence et ses fulgurances et ses hésitations. On nous parle d'un premier amour.

e roman traite aussi des plaies terribles à panser à la fin de la guerre. Des jeunes générations ( ceux qui sont encore vivants...) qui doivent faire avec ce lourd héritage et reconstruire et aussi se reconstruire ...

Erri de Luca nous décrit à merveille la saison d'été sur cette île du sud. Et puis les personnages nous attirent.

Le corps est au centre de ce livre, la mer, le soleil et le vent aussi.

C'est un "petit" roman que l'on ressent et qui nous imprègne d'une chaude saison d'été où les rencontres façonnent et font grandir.

Erri de Luca ne me déçoit pas, après "Montedidio" (lu bien avant mon blog) et "Les poissons ne ferment pas les yeux" lu en 2015

J'aime profondément son style qui attise mes sens
comme le vent sur des braises.

Vous souhaitez encore un peu plus de chaleur ?

N'hésitez pas, ce livre est un beau livre. Je vous le recommande chaudement !


Lien : https://imagimots.blogspot.f..
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Un bon livre d'Erri de Luca (mais y'en a-t-il de mauvais de ce pilier de la littérature européenne contemporaine ?). Dans ce qui a tout l'air de ses souvenirs de jeunesse, il nous conte l'histoire d'un été dans les années 1950, celui de ses seize ans, passé chez son oncle sur une île napolitaine. Il y a son cousin Daniele, Nicola le taiseux d'origine serbe, et puis la rencontre d'une fille un peu sauvage et libre, Caia...orpheline, ses origines sont obscures, peut-être roumaines ? Au fil de leurs nombreuses parties de pêche en mer, ces garçons vont sentir secrètement monter une attirance pour Caia, qui ne se prive pas de fricoter avec d'autres garçons. Le narrateur apprend de Nicola qui l'a deviné que Caia est juive...ses sentiments grandissent pour celle qui s'appelle en réalité Hàiele, en même temps qu'un désir de vengeance à l'encontre d'allemands en vacances sur l'île qui un soir à une terrasse insultent la jeune juive, provoquant une bagarre...
Erri de Luca parvient une fois de plus à nous faire ressentir toute la force et le sel de la vie : la découverte du sentiment amoureux, le développement d'une conscience historique et humaniste, l'esprit de responsabilité et la maturité qui se forgent pour devenir adulte...Ce que je trouve peut-être de plus remarquable chez cet immense écrivain est sa capacité à nous faire saisir la puissance d'exister dans le présent, avec la nature : on ressent les effets du soleil, du vent, de la mer sur les esprits et les coeurs, le plaisir de la pêche...on sent du respect pour le maniement des outils du pêcheur et pour le poisson...Chaque page, chaque ligne est gorgée d'émotion, ce serait comme se délecter d'une bouchée tirée d'une figue fraîche. On y est, là, sur ce bateau de pêche, à manier les filets, tirer sur la corde, pendant qu'une jolie fille à demi étendue sur le pont prend le soleil et l'air marin tout en vous observant d'un oeil à la fois admiratif et amusé...car si elle s'arroge volontiers quelque possessivité sur vous (Tu, mio), elle sait qu'ELLE n'appartient à personne. Alors il faut profiter de ces instants privilégiés mais éphémères, mais avec humilité, c'est l'apprentissage de la vie...
Toute la littérature ou presque d'Erri de Luca tourne autour de ses souvenirs d'une jeunesse napolitaine d'après-guerre, hantée par les horreurs que l'homme a été capable de commettre, par le respect des gens pauvres, simples, qui savent défendre des valeurs d'honneur, de respect de l'autre, de l'étranger, de la nature, dans une légère nostalgie non larmoyante, et tout cela magnifié par une écriture d'une élégance remarquable. Personnellement, je ne m'en lasse pas !
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C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur et cette fois encore, j'ai été fascinée par son style et son univers intérieur, poétique et dur à la fois.

On retrouve des thèmes obsédants pour l'auteur: le passé récent de la seconde guerre mondiale, le passage de l'adolescence à l'âge adulte, la mer envoûtante.

le narrateur, adolescent de 16 ans , passe ,comme toujours, l'été dans la famille de son oncle, sur une île de pêcheurs, dans les années cinquante. Il occupe son temps à pêcher avec Nicola et son oncle et fréquente , un peu en marge, un groupe de jeunes gens dont son cousin Daniele est le chef.

Et puis, un jour, parmi ces jeunes, il y a Caia, au prénom étrange, qui dit être roumaine et orpheline. Elle le fascine, il se sent très vite un lien fort avec elle. Il devine en elle un secret.

C'est Nicola, qui, indirectement, le lui révèlera: elle est juive. Et cela exacerbe encore plus les questions dérangeantes que le narrateur posait à sa famille, concernant la guerre, leur comportement passif selon lui, leur manque d'initiative.

Un glissement d'identité se fait alors en lui, il devient pour Haeile ( prononciation juive de son prénom) Tate, le père de celle-ci, disparu. Elle le reconnait à travers le jeune homme.

Même si cette rencontre sera source de drame , elle est aussi pour le narrateur ouverture, découverte de soi-même, lumière de vie. " Te rencontrer a été comme le soleil qui fend la peau et l'aspérité du rocher qui durcit la plante des pieds. Tu as fait pousser une autre enveloppe sous la mienne , tu m'as donné une entrée dans le monde en me déclarant tien."

" Tu, mio", lui murmurait Caia. L'acte final du narrateur en est un témoignage.






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Un adolescent de la ville vient passer ses vacances chez son oncle pêcheur sur une petite Ile italienne face à Naples. dans les années 50.
La mer, le soleil, la pêche, le premier amour sur fond d'après-guerre.
Chaque personnage que côtoie l'adolescent apporte une histoire, une note, sociale, romantique, culturelle, historique, intimiste voire tragique.
Erri de Luca tisse ces mois d'été avec élégance, précision, quelles que soient les facettes de l'histoire qu'il aborde.
Remarquable de sensibilité d' intelligence, avec un contenu informatif et culturel, j'ai beaucoup apprécié le premier roman que je lisais de cet auteur.

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C'est un beau roman ♫ c'est une belle histoire ♫ c'est une romance ... des années 50. D'Erri de Luca, j'ai lu il y a quelques années « Sur la trace de Nives », dont je garde un excellent souvenir. Dans ce roman-ci il a le don de trouver les mots justes, des phrases simples pour décrire la complexité des émotions adolescentes. Il nous transporte dans ce cadre rêvé ; une île italienne, en été ... des jeunes gens, leurs émois, les vacances ... Mais aussi le travail des pêcheurs - Métier biblique à la symbolique forte -. Et puis les souvenirs de cette guerre pas si lointaine, de certains plus âgés, de leurs non-dits. Alors oui, l'adolescence est une période de basculement, de perte d'innocence, et par petites touches, en filigrane l'auteur nous dit aussi que l'Histoire a ses basculements et ses pertes d'innocence. Qu'il y a chez l'humain des vérités intemporelles mais aussi des réalités générationnelles que lui impose l'Histoire. Un très beau petit roman nuancé et complexe mais sans être compliqué. 4* donc.
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Méfiez-vous des petits (dans la longueur, je veux dire, le mot correct serait « courts ») romans d'Erri de Luca, ils sont généralement aussi puissants qu'un uppercut en pleine figure.
Et ce « tu, mio » ne fait pas exception à la règle. C'est un condensé de force et de justesse. le genre de livre qu'on lit une première fois pour connaitre l'histoire, puis qu'on reprend plus à son aise pour en savourer chacune des phrases.
A conseiller donc !
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