-Non c'st parce que dans ma tête je m'appelle Alex. Ahmed, c'est le passé de mes parents. Une terre que je connais comme un touriste, sur laquelle je suis un étranger. Mais moi, ça je le sais. Ceux que tu verras dans les cafés, ils n'y ont jamais mis les pieds au bled. Il ne savent pas ce que ça signifie vivre là-bas. Ils croient qu'ils pourront continuer à porter des Nike, à avoir des téléphones portables à mille euros en trafiquant, bref à être les rois du monde tout en gagnant le droit d'être de vrais et bons musulmans. Ils veulent Allah et le capitalisme en crachant sur le capitalisme et sans donner leur vie à Allah. Ils sont nés au pays de la culture mais ils sont ignorants ! (p310)
On apprend beaucoup avec le temps. Et quand ce que l'on espérait ne se produit pas, il peut en résulter deux choses. Soit on conçoit une frustration violente, un sentiment de ne pas être à la hauteur ou de de ne pas avoir mérité les choses, soit on s'aperçoit qu'on n'en avait pas forcément besoin pour continuer à être heureux.
... et je pourrais compléter avec la manière dont un gouvernement profite d'une situation de peur collective voire l'alimente, pour prendre des mesures réduisant la liberté en atrophiant l'esprit critique des citoyens.
Hélène aimerait prendre des photos mais la règle de l'instant et de l'abandon de tout appareil au début du séjour, la ramènent à admirer en silence pour garder la splendeur de ce spectacle comme un souvenir et non comme une image.
L'information quotidienne, c'était le grand voile noir posé sur ce qu'on ne doit pas savoir. Il l'avait intégré petit à petit. L'information ne racontait rien de profond, seulement les choses qui étaient arrivées mais presque jamais pourquoi, comment et par qui elles arrivaient réellement. L'information ne servait qu'à déclencher des réactions en chaîne et en masse, la peur, l'indignation, le détournement d'autres intérêts, l'enthousiasme démesuré... Rien n'était neutre.
Fermée, boisée de bouleau et de chênes, la forêt ne laisse que peu de lumière passer. Boulot et chaînes ! Intéressante la forêt !
Se battre contre soi-même est un combat que l'on redoute de gagner. C'est ce qui en fait une tragédie et une lutte de longue haleine.
Chaque être contiendrait alors le poison et son antidote. L'autre ne serait pas à combattre frontalement, mais à atteindre en chacun, là où sa résonance est extrême. L'autre n'aurait pas la bonne ou la mauvaise solution, il ne serait pas la vérité ou le mal incarné. Il serait -la raison d'aimer- (...)
Voilà. C'est juste ça, se dit-elle. Chacun est dépecé par ses propres empêchements. (p. 336)
Très vite il s'était aperçu que la présence d'Hélène n'avait pas seulement changé sa vie, mais avait modifié son regard sur la totalité de son environnement. (p. 282)
Ne pas faire d'un lieu un endroit quotidien qu'on ne regarde plus...Ce doit être valable aussi pour les êtres avec lesquels on vit. (p. 120)