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3,58

sur 754 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La transmission de la violence et les saccages du patriarcat hantent l'oeuvre de Jean-Baptiste del Amo. Dans ce nouveau roman, ces thèmes sont observés à travers une fenêtre et une temporalité resserrées : celle d'une petite famille, dans laquelle le père revient après des années d'absence.
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La tension, présente dès les premières pages, ira crescendo jusqu'à un final paroxysmique. La langue est étourdissante, précise, et les éléments naturels s'y déploient avec une force élémentaire et primitive. Comme dans Règne animal, j'ai aimé la présence incarnée et signifiante des animaux et du vivant, dans ce récit à l'atmosphère presque chamanique.
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Car par le truchement des dialogues, des flashbacks et d'un prologue grandiose, le poids des ancêtres se dépose dans chacun des gestes des personnages. Et cette lucarne sur une petite cellule familiale laisse à voir ce que ces fracas ont d'ancien, de primordial et de systémique. Des humains et des animaux qui se débattent sur une terre déjà chargée de sang.
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Un roman puissant, presque une tragédie grecque, un retour à la nature âpre et sans concession.
Le retour du père sombre, violent, inquiétant, brutal, jaloux. Une mère fragile, pleine d'amour pour son fils.
Et le fils qui observe, qui cherche à comprendre, à protéger.
Un destin tragique, un grand roman, un coup de coeur.
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Soudain réapparu après des années d'absence et de silence, un homme convainc sa compagne, enceinte d'un autre, et son fils de neuf ans, de le suivre aux Roches, une bâtisse difficilement accessible et à peine habitable, perdue loin de tout dans la montagne. Leur rustique séjour au vert tourne rapidement à l'aigre, alors que le père, dévoré par le passé et par la jalousie, révèle peu à peu ses véritables intentions, en même temps que les signes d'une folie grandissante. La mère et le fils réalisent bientôt qu'ils sont prisonniers des Roches…


Aucun nom ne personnalise le récit, qui, construit autour des seules mentions, à consonance biblique, d'un père, d'une mère et d'un fils, se pare de toute évidence de la portée universelle annoncée par le titre et soulignée par le prologue. En commençant par nous renvoyer aux âges préhistoriques, dans l'évocation accablante d'êtres usés par la constante lutte pour leur survie, selon des règles sauvages et violentes transmises de père en fils, l'introduction du roman nous place d'emblée face à la perception de notre insignifiance et de notre infinie solitude dans l'immensité glacée et minérale de l'univers. le malheur semble inhérent au destin humain, dans une éternelle tragédie rejouée à chaque génération. Et comme son père avant lui, l'homme au centre de la narration ne manquera pas de transmettre la malédiction de la douleur, de la violence et de la haine.


Désespérément noire, la tonalité du récit n'autorise aucune éclaircie. D'emblée chargé d'angoisse, le texte avance au rythme des observations du fils de neuf ans, instinctivement conscient de la menace en germe dans l'étrangeté du père. Pour épouser la progression de son regard sur cet homme sorti de nulle part qui tient pourtant son sort et celui de la mère dans ses mains, la narration se nourrit des dialogues elliptiques, puis des monologues paternels de plus en plus hallucinés, qui laissent entrevoir en pointillés un passé tourmenté. le langage corporel, retranscrit avec une exceptionnelle précision, prend le relais d'une analyse psychologique totalement absente. Et, tandis que se précisent les failles d'une personnalité en train de reproduire une histoire en de maints points semblable à celle vécue une génération plus tôt, l'isolement dans une nature magnifiquement décrite dans tout ce qu'elle peut comporter de menaces et de dangers quand on s'y retrouve abandonné comme un nourrisson sans ressources ni défenses, achève d'alourdir le climat anxiogène qui pèse sur le lecteur depuis la première page.


Il ne se passe au final que peu de choses dans cette histoire. Mais le pessimisme accablant et l'atmosphère menaçante du récit entretiennent un sentiment vivace de vulnérabilité face à l'impondérable tragédie de la destinée humaine. Travaillé dans son expression et son vocabulaire, le style s'élève souvent vers d'admirables hauteurs, et, nonobstant deux infimes mais surprenantes incohérences, c'est un livre en tout point remarquable qui réussit ici à nous régaler. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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A son retour après quelques années d'absence, le père rejoint sa femme et son fils et décide de les emmener hors de la banlieue agitée vers ce qui pourrait être un havre de paix où ils arriveront après un long trajet en voiture, véhicule stoppé net sur le chemin barré par un arbre à terre. Après une longue marche ils arriveront « aux Roches », destination imposée par le père, au coeur de la nature sauvage qui cache une petite barraque délabrée. Ce qui devait être simple séjour va devenir la demeure depuis laquelle le père va exercer sa domination, exprimer sa jalousie.
Nous comprenons alors que les lieux ont gardé une mémoire, celle entretenue par les souvenirs« car ils n'attendent en réalité que cela, que l'on vienne les tirer de leur profonde torpeur pour resurgir et répéter sans cesse les mêmes hantises, les mêmes désastres ». Ne s'agit-il pas de la répétition de notre existence ?

Parler de ce roman est difficile tant le commentaire ne peut rendre la force d'un récit porté par la beauté de l'écriture de Jean-Baptiste del Amo : la richesse du vocabulaire, sa précision extrême, la forte présence des personnages, l'impact de la folie du père, la détresse de la mère, la sensibilité et l'instinct du fils. Et pourtant, la psychologie ne s'impose pas face au drame qui se joue au sein d'un décor magique, la nature sauvage.
le père, la mère, le fils… les trois personnages principaux ne sont jamais nommés ; ce qui peut être gênant au début de la lecture contribue à installer l'atmosphère froide et angoissante.
Un très roman, ou plutôt, une belle fable


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Au risque de me répéter, Jean-Baptiste del Amo est l'une des plus belles plumes de notre littérature nationale et le fils de l'homme m'en a encore apporté la preuve.
Une justesse d'écriture et une richesse de vocabulaire incroyable, pour un roman à la limite du noir.
Qui est-il, ce fils ?
À part son âge et qu'il vit avec sa mère, on ne sait rien de lui.
Et l'homme, d'où vient-il, lui que l'on semblait avoir oublié ?
On en sait pas plus, on va juste apprendre à le connaître au fil des pages, son passé, son présent et l'avenir qu'il envisage pour les siens.
Un fils, une mère et... un père.
C'est ce trio anonyme que nous invite à suivre l'auteur, dans ce coin perdu, lui aussi sans nom, au coeur d'une forêt, au milieu des montagnes.
Le lecteur est observateur, curieux.
Il y a peu de paroles entre ces trois-là.
Tout est dans l'attitude, dans les regards, dans les gestes, tout ce que sait si bien décrire le romancier.
C'est lent, on ne sait pas où l'on va, on se doute bien qu'à un moment, tout va basculer, la tension est palpable.
Si j'osais (et là, j'avoue que c'est osé) une métaphore, je repense à la fameuse scène d'ouverture d'Il était une fois dans l'Ouest, tous ces personnages qui s'observent, la caméra qui passe d'un visage à l'autre...
Ici, bien sûr, nous ne sommes pas dans un film et encore moins un western, mais c'est cette image qui me vient quand je repense à ces trois personnages.
Malgré les mains qui caressent, les bras qui enlacent, les bouches qui embrassent, il y de la méfiance,  de la défiance, même.
Pourquoi sont-ils là ?
Del Amo va nous le révéler par petites doses et nous offrir un final.... qui m'a laissé sans voix.
Coup de coeur pour ce roman de la rentrée littéraire 2021.
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Si la quatrième de couverture résume parfaitement l'histoire (sans révéler le dénouement bien sûr), elle ne dit pas ce qui fait la force de ce roman, les choix narratifs et le style de l'auteur.
Curieusement le récit commence à la préhistoire : un fils fait auprès du père l'apprentissage de la chasse, scène violente reprise à la fin du roman quand l'enfant, personnage principal, la découvre peinte sur les parois d'une grotte où il se réfugie pour fuir le père devenu fou.
L'auteur choisit le point de vue de l'enfant d'une dizaine d'années qui note, observe tous les détails des comportements des adultes, ce qui permet au lecteur d'anticiper le drame à venir.
Le roman est aussi un hymne à la nature et au vivant sous toutes ses formes, au lien puissant qui relie la mère à l'enfant.
Il montre enfin comment, par une sorte de fatalité, l'être humain reproduit les mêmes violences de génération en génération.
Une histoire poignante, une très belle plume que je découvre.
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Quel choc ce livre ! Certes c'est un livre ardu qui exige beaucoup du lecteur, sa parfaite attention notamment.
Mais la récompense est à la hauteur de l'effort fourni.

Le prologue qui décrit avec minutie et poésie la vie rustre, obscure et brutale des hommes préhistoriques au sein d'une nature sauvage peut décourager plus d'un lecteur à aller plus loin. Ce serait dommage car l'intrigue plus contemporaine qui suit ce long prologue est plus accessible et vite addictive.

Tout est réussi et impressionnant dans ce livre hors normes à mes yeux.

D'abord l'intrigue. A priori, celle-ci ne me disait rien. JB del Amo nous raconte l'histoire d'une homme jeune qui réapparait dans la vie de sa compagne et de son fils de 9 ans après une longue absence dont on ne saura rien ou si peu. Cet homme les emmène tous deux dans une maison isolée et lugubre en pleine montagne, qu'il vient d'hériter de son père. le père, la mère et l'enfant (dont on ne saura jamais les prénoms) apprennent à vivre tous les trois dans cette masure hostile au milieu d'une nature sauvage splendide. Ce huit clos devient vite oppressant et inquiétant jusqu'au dénouement final magistral.

Je me plains souvent que les personnages de roman me restent étrangers car ils n'ont pas de cohérence ou que le romancier n'a pas su leur insuffler corps et vie. En l‘espèce c'est tout le contraire. JB del Amo a un don particulier pour nous rendre ses personnages familiers, vivants, crédibles de bout en bout. Les 3 personnages sont décrits tout en finesse au travers de leurs pensées intérieures mais aussi de leur gestuelle propre qui les rend vivants à nos yeux. Les personnages de l'enfant et de la mère, si humains et fragiles, sont très attachants et inoubliables. Celui du père, inquiétant, incarne la fatalité, la transmission de la noirceur et de la violence de père en fils.

La nature est omniprésente dans ce livre et les longs passages décrivant avec minutie chaque pan de terre, chaque changement de temps, toute la vie animale et toute la flore de la montagne peut lasser mais le style est si éblouissant et poétique qu'il n'en a rien été pour moi. Je me suis laissée emportée par tant de beauté.
Le style de cet auteur m'a impressionnée du début à la fin du livre. J'ai rarement lu un roman aussi bien écrit, aussi puissant et imagé.

Le dénouement, aux scènes presque insoutenables, est tragique et magnifique à la fois.

J'ai découvert un livre exceptionnel et un auteur brillant dont le talent force l'admiration. Je recommande ce livre à tous ceux qui aiment la vraie littérature exigeante qui grandit le lecteur.
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Après plusieurs années d'absence, il est réapparu. Il annonce au garçon de neuf ans qui lui a ouvert le portillon rouillé du pavillon ouvrier qu'il est son père. Plus tard, de retour de son travail, la mère le trouve endormi à l'étage. Ni elle, ni le garçon ne savent pourquoi il fait irruption dans leur vie. Lui seul sait qu'il est là pour ressusciter sa propre légende, celle du « Fils de l'homme », l'héritage du sang, l'héritage de la haine…
Le récit alterne deux époques qui se déroulent sur un même lieu, « les roches », une maison perdue dans les montagnes dans laquelle le père a passé son enfance et où il emmène sa compagne et son fils afin qu'ils se « retrouvent ». Ce saut dans le passé permet de comprendre ce qui anime les protagonistes et surtout la volonté de ce père de finir une tâche inachevée, de transmettre au fils son héritage, celui-ci eût-il été destructeur. Mais c'est sa façon à lui de triompher de sa propre histoire, de la mort.
La première particularité de l'histoire de Jean-Baptiste del Amo est qu'il n'y a pas de dialogue. Les personnages de cette histoire sont comme des étrangers les uns pour les autres. Ils n'échangent pas leurs idées, leurs souhaits, ils sont portés par le cours de leur vie, téléguidés vers leur destin pourvu que la transmission du père au fils se fasse. Ils n'ont pas de prénoms ni de nom, ils sont tout le monde et n'importe qui.
La deuxième particularité du « Fils de l'homme » est qu'il n'y a pas de fin. le récit se termine abruptement et laisse au lecteur le soin de conclure. C'est aussi une façon d'inscrire la relation père-fils dans une boucle qui se lit à l'infini et répète inexorablement le même schéma, le même sentiment, en l'occurrence la haine.
Pour rompre la malédiction de cette boucle infernale, il faudrait au fils le courage de renier son principal repère : son origine, « D'où viens-je ? ».
« le fils de l'homme » est un très beau texte, remarquablement bien écrit qui mérite que l'on s'y perde. C'est une auberge espagnole où chacun y trouvera un peu de ce qu'il a déjà en lui.
Editions Gallimard, collection blanche, 239 pages.
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Le thème : Elle vit avec son fils, Lui les avait quitté, et Lui revient sans s'annoncer, puis entraîne Elle et leur fils dans la sorte de maison malpratique construite en grosses pierres, totalement isolée dans la montagne. Leur situation sera-t-elle idyllique ? Changera-t-elle ?

J'ai apprécié : Un roman fabuleux, je reste surpris qu'il n'ait pas eu un des prix littéraires de premier plan. le style capture très fortement le lecteur (j'avais envie de dire "férocement"). Un climat s'installe dans l'histoire, on craint et on espère à chaque page. Les descriptions de la nature sont extraordinaires. On n'est pas en train de lire des descriptions de la forêt, de la nuit, du vent, des herbes : on est DANS la forêt, DANS la nuit, DANS le vent, DANS les herbes.

J'ai moins apprécié : vers la toute fin, un regret.
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Avec ce roman bestial, Jean-Baptiste del Amo nous parle d'une histoire de la violence.

Après des années d'absence, un père franchit à nouveau les portes de sa maison. Il est bien décidé à se réapproprier son dû : sa femme et son fils. Pourtant, le retour du père glace le sang de toute la famille.

Quelques semaines après sa réapparition il emmène sa femme et son jeune fils aux Roches, un paysage montagneux inhospitalier et reculé. Ce décor est celui de son enfance. En effet, le père a grandi dans ses montagnes avec son propre père. Il a encore sur lui la marque indélébile de son géniteur. Malgré les conditions de vie précaires, il est bien décidé à vivre aux Roches avec sa famille. Avec effroi, le jeune fils sera confronté à son père et au poids de son hérédité…

Ce roman, où la tension monte à chaque page, nous dresse des portraits sans concession et d'une très grande puissance. Un sentiment d'oppression se noue de manière grandissante jusqu'à l'apothéose finale. Ce livre brutal interroge l'héritage de la violence qui contraint et enserre les êtres… Remarquable !
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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