En commençant son roman avec un témoignage ancestral sur l'errance d'une tribu primaire,
Jean-Baptiste del Amo plante son décor au coeur d'une nature violente et implacable. Avec cette mélopée, l'insignifiance de l'homme s'inscrit dans la majesté de la nature.
Lorsque le père débarque après six ans d'absence au domicile de sa femme et son fils, l'instinct de prédation hante encore mon esprit. Et pourtant, le père parvient à convaincre sa femme d'un possible renouveau en passant l'été aux Roches, une maison en pleine forêt appartenant autrefois au grand-père.
L'enfant est très proche de sa mère, aimante et douce malgré les fortes migraines qui parfois la terrassent.
Il garde certaines réserves envers ce père retrouvé. L'homme tente pourtant de lui faire plaisir en l'emmenant à la fête foraine, en lui faisant découvrir des fossiles, en lui fabriquant une fronde ou lui apprenant à tirer au pistolet.
Mais souvent, la folie semble posséder cet homme, hanté par l'éducation d'un père sauvage et autoritaire. Cet homme ne croit plus en l'amour et perpétue la violence de son enfance.
Malgré quelques pauses magiques comme ce moment de complicité entre la mère et le fils lors d'une baignade dans le torrent ou les balades en forêt jusqu'à un troupeau de chevaux sauvages, la tension est omniprésente.
Un acharnement du père à créer un potager dans un sol pierreux, un orage violent qui finit de transformer la maison en ruine sont autant de menaces impalpables comme l'annonce d'un drame imminent que rien ne pourra empêcher.
Aux côtés de cet enfant qui découvre la cruauté du monde des adultes, nous sommes plongés dans une spirale implacable. La tension monte graduellement jusqu'à l'horreur, l'indicible. Et pourtant, dans sa langue enveloppante, avec ses descriptions remarquables d'une nature belle et sauvage, l'auteur nous enchaîne à un récit puissant impossible à lâcher.
Une très belle découverte d'auteur. Et fort heureusement, j'ai deux autres titres qui attendent dans ma pile à lire.
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