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sur 698 notes
Histoire d'un papa dont le fils a été victime de viols commis par un prêtre.

Certains passages sont difficiles à lire. Il s'agit d'un roman mais on sait que ça a été la réalité pour de nombreux enfants et le sera encore malheureusement. Les choses évoluent mais le sujet reste encore tabou. J'ai ressenti de la gêne sur certaines descriptions et parfois de la colère pour les propos tenus par le prêtre qui essayait d'expliquer, de justifier son comportement.
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Grégoire Delacourt signe ici un roman coup de poing !
Un sujet d actualité brûlant et dérangeant : la pedophilie au sein de l église catholique ...
J ai hésité, je l avoue à commencer cette lecture que je prévoyais difficile émotionnellement parlant ... alors oui c est une lecture certe difficile mais justement elle marque l esprit et le chamboule même et force à la réflexion face à l inconcevable, l inacceptable ...
Mon père, donc, référence d une part au lien de parenté et d autre part, à l homme d église. « Mon père », deux mots qui évoquent , à eux seuls, le respect et la confiance de l enfant envers l adulte. Mais qu en est-il quand confiance et respect sont bafoués, salis ?
Ainsi, le récit, dans un huis clos oppressant et pesant, met face à face les deux pères : le bourreau et la victime mais les rôles, cette fois, s inversent ... C est un père ravagé qui arrive dans la demeure de Dieu, un père qui vient d apprendre que son fils a été la victime d un homme d église. S en suit un face à face glaçant, les émotions explosent : colère, haine, violence mais aussi désespoir, culpabilité, remord ...
Édouard, ce père éduqué dans la religion catholique par une mère très pieuse, ne vient pas uniquement à la rencontre du Père-monstre pour se venger mais surtout dans un besoin viscéral de comprendre ce qui peut pousser un être à commettre l irréparable, l inconcevable ...
C est un père poussé par l Amour aussi. Par Amour pour son fils, il se doit d affronter l horreur des révélations de cet homme afin de panser les peines et le traumatisme de son enfant plongé dans le mutisme.
Alors oui, comme je l évoquais plus haut, cette lecture est difficile et bouleversante. On n en sort pas indemne.
C est un somptueux appel : briser ce silence morbide ! Silence des bourreaux et des autorités ecclésiastiques et aussi silences de ces jeunes victimes, détruites, privées de leur innocence, de leur enfance ...
« Il faut parler, il faut crier, car qui ne parle pas, qui ne crie pas laisse triompher le monstre et devient son propre assassin. »
Merci Grégoire Delacourt pour ce sublime appel ! Qui plus est, écrit sans nul doute avec les trippes et d une écriture juste et intelligente.
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Un roman que j'ai lu d'une traite, ou presque… Il a fallu que je le repose à plusieurs reprises pour reprendre mon souffle. Essuyer une larme aussi.
Parce que c'est un sujet fort : les enfants victimes de la pédophilie passée sous silence dans l'Eglise catholique.
Parce que je suis maman d'un garçon, maintenant grand, mais que certaines situations angoissantes ont là ressurgi.
Parce que la justice, dans notre pays, est de nouveau montrée du doigt pour ses insuffisances et ses complaisances honteuses : « Elle l'estimera à une peine de trente ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté de dix-huit à vingt-deux ans et laissera des pervers continuer à englander des enfants contre la modique somme de trois ans de prison dont un avec sursis. »

Roman après roman, Grégoire Delacourt étoffe l'aspect émotionnel de l'écriture. Il s'appuie ici sur la parabole, issue de l'Ancien Testament, d'Isaac, que son propre père, Abraham, a prévu d'offrir en sacrifice à Dieu. L'ange Gabriel était alors intervenu pour arrêter le bras paternel meurtrier, et placer un bélier sur l'autel et Isaac alors, put survivre.
Comment un fils peut-il se construire, et devenir père lui aussi, suite à un évènement pareil ? le silence. Ce silence qui est censé panser les plaies et faire oublier : « Nous savions et nous n'avons rien dit parce que dire était faire exister l'horreur, donner une odeur au sang ».
Alors quand Edouard va apprendre que son fils a été abusé, dans le cadre du catéchisme imposé par sa mère dévote et très pieuse, il va réclamer son propre talion, et va, dans un huis clos de trois jours, demander des comptes à ce curé qui a osé toucher son fils.
C'est violent, puissant… Epoustouflant aussi.
Il va me falloir du temps pour « digérer » ce roman.
A lire absolument.
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Lu d'une traite. Je n'aurais peut-être pas eu la force de le rouvrir sinon. J'avais déjà lu quelques récits au sujet d'enfants victimes de viols, mais jamais du point de vue de leurs parents. C'est donc chose faite, et bien faite.

La situation de départ et le contexte ne sont peut-être pas très réaliste : le père de l'enfant abusé séquestre le prêtre coupable, et je l'ai plutôt lue pour ma part comme la transcription d'un rêve mauvais, d'un fantasme de vengeance du narrateur. Mais le contenu de cette confrontation me paraît extrêmement bien rapporté. Crûment, mais avec les mots justes, qui font mal, les souffrances de l'enfant violé, du père trop longtemps aveugle, et les veuleries criminelles du prêtres nous sont dévoilées.

En revanche, j'étais exténuée à la fin de ma lecture, et je n'ai pas le courage de m'y replonger, alors si certains lecteurs pouvaient m'éclairer quant à leur interprétation aussi bien littérale que symbolique du dénouement, je les en remercie d'avance.
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Les mots me manquent, littéralement. Par où commencer ? Peut-être par dire que, l'ultime page tournée, il y a ce silence lourd et sourd qui vous étouffe. Vous vous retrouvez seul, face à vous-même, en proie à cette noirceur qui vous ronge de l'intérieur car oui, vous venez de vous imprégner de la souillure des abysses de ce que l'humanité a de plus vile en elle. Sujet délicat et exercice ardu que celui de s'attaquer à la profanation de l'intimité de l'enfance, dans ce qu'elle a de plus crue, sans basculer dans une diatribe stérile aux tons trop manichéens.

Bénéficiant des plus ardents éloges de la part des Babélionautes et étant sensible à l'univers religieux, tout comme aux causes de l'injustice contemporaine et l'oppression des plus vulnérables, c'est donc en toute logique que je décidai de me procurer un exemplaire de Mon Père afin de me forger mon propre avis. Si Grégoire Delacourt aborde ces thématiques à travers le prisme de la violence - tant physique que morale - âpre et massive, parti pris audacieux au service d'une immersion optimale il faut le reconnaître, il fait quelquefois preuve de maladresse en ne nuançant pas suffisamment son propos qui peut alors sembler un tantinet trop dualiste.

L'auteur dévoile également une plume des plus gracieuses, parfois étonnamment sublime dans l'abjection qu'elle dépeint, empreinte de célestes teintes métaphoriques et ponctuée de fragments bibliques divinement illuminés. le dénouement quant à lui, même si prévisible et légèrement douceâtre face à la toute-puissance du récit le précédant, s'inscrit dans la continuité du fil rouge déroulé tout au long de l'histoire et se veut percutant et incisif. Sans atteindre le paroxysme émotionnel convoité, l'écrivain signe toutefois une éminente peinture noire, sans concession, de ces âmes meurtries dans leur sanctuaire et prisonnières de leur silence intérieur. Ebranlant par sa rudesse, Mon Père ne vous laissera pas indifférent et vous marquera à jamais.

« Ce monde ne sera guéri que lorsque les victimes seront nos Rois »
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"Toi, Delaunoy, ogre des aulnes, mon couteau va te pénetrer comme tu as pénétré mon fils, te déchirer le ventre, comme tu as déchiré le sien. le mal que tu lui as fait doit t'être rendu car la justice est l'équilibre. "


On avait arrété un peu de lire les romans de Grégoire Delacourt, La première chose qu'on regarde, un roman qui parlait de cinéma et de Scarlet Johannson, et on avait trouvé que l'écrivain, pourtant tant apprécié des lecteurs ne brillait pas vraiment par la légéreté de sa plume et avait quand même tendance à accumuler les maladresses stylistiques

Heureusement, Mon Père, le huitième roman de l'auteur, qui met en scène l’abus sexuel sur les enfants, et poignante réflexion sur le besoin de se venger ne souffre aucunement de ces scories et fut un des belles surprises littéraires de ces dernières semaines.

Grégoire Delacourt réussit d'un sujet vraiment délicat , un sujet sur le fil du rasoir avec ce cri du coeur d'un père, qui vient saccager l'église d'un prêtre que son fils de dix ans a accusé de violence sexuelle contre lui.

Ce père profondément meurtri et anéanti veut absolument tout connaitre et demande la confession de ce présumé coupable, afin de tenter d'absorber le martyre de son fils en qui il avait une absolue confiance.

Suit un huis clos tendu et éprouvant, qui interroge le fait de savoir si libérer la parole et crever l'abces suffit à rendre un peu d'humanité et de dignité à une enfance bafouée ..Pendant trois jours , va se mettre en place un dialogue pendant lesquels les mensonges, les lâchetés et la grande violence intrinsèque vont ressortir.

Avec ce beau "Mon père", Delacourt interroge l'impuissance d'un homme dans sa capacité à aimer et à protéger son fils, ainsi que celle d'une institution , l'église qui doit aimer et protéger ses enfants, et qui ne le fait pas toujours non plus .

Beaucoup plus que dans ses récits précédents, Grégoire Delacourt ose l'épure, élimine l'emphase et le pathos ( seuls les passages d'Isaac et d'Abraham sont un peu lourds et hors sujets) pour se concentrer sur ce roman toute en colère et en empathie avec ses personnages, aussi faibles et perdus soient ils .

Un sujet brûlant d’actualité, en lien avec le récent film de François Ozon ( lire chronique ici même) et un roman puissant et prenant !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le sujet est malheureusement d'actualité. Non qu'il se produise plus qu'auparavant, mais aujourd'hui il se dénonce. Les cas de pédophilie dans les rangs de la prêtrise ébranlent l'institution religieuse. Et l'Église n'a plus le pouvoir de l'étouffer. C'est cela qui est nouveau et c'est tant mieux.

Ma perception de cet ouvrage a du mal à se déterminer. Certes les pratiques qu'il dénonce, s'agissant d'un crime contre l'innocence, sont impardonnables. Et aujourd'hui tout ce qui peut rompre le silence est à prendre. Car le plus difficile est là.

La question étant de savoir si ce genre d'ouvrage, dans une version minimaliste, tient plus de l'exploitation commerciale qu'il ne sert la cause des victimes. Je vais quand même pencher pour cette dernière. Si cela peut permettre à des parents de ne pas avoir de la merde dans les yeux, comme se le reproche son héros dans la crudité de son langage.

Mais comment rester propre dans son langage en pareille situation ?

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Quel uppercut ! Je n'ai pas pu lâcher ce livre de la première à la dernière page… C'est poignant, violent mais nécessaire…

Poignant car pendant deux cents pages, on partage la douleur du père de famille. Édouard est déboussolé par les actes qu'a subi son fils alors qu'il pensait que l'église était un refuge… On partage avec lui sa détresse mais je pense que ce qui le ronge c'est la culpabilité, il se sent coupable, coupable de ne pas avoir su protéger son fils, coupable de l'avoir exposé aux yeux d'un prédateur sexuel.

Violent car la plume de Grégoire Delacourt est chirurgicale, glaçante, percutante quand il nous raconte en détail les abus dont a été victime le petit Benjamin. Ce livre montre encore une fois qu'il est facile d'abuser de la confiance d'un enfant mal dans sa peau et également de la naïveté d'un si petit être…

Nécessaire car nous ne sommes personne pour prendre l'ascendant sur autrui et pour se permettre de détruire une vie… Et qu'il est grand temps que certaines personnes enlèvent leurs oeillères ! Tout le monde est soumis à la justice et personne ne peut être couvert pour avoir volé l'innocence ou la vie d'un enfant.

Inutile de vous dire que ce livre m'a retourné les tripes. J'ai fini K.O et il va me falloir un peu de temps pour m'en remettre. C'est dur mais c'est fait avec tellement de finesse qu'on arrive très rapidement à la dernière page. Encore une fois, c'est un carton plein !

Je pense que la colère qui survient après cette lecture s'explique aussi par le fait qu'aucun de nous ne peut jamais savoir s'il est à la hauteur, s'il parvient réellement à protéger les siens, dans un monde dont nous avons voulu oublier la violence…

Il m'a fallu deux petites heures pour lire ce livre et prendre une belle claque, une belle leçon de vie mais également d'amour. Si ce n'est pas encore fait, courrez vous offrir ce petit ouvrage et lisez-le sans attendre !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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J'ai lu tout les livres de Delacourt et mon père est son meilleur. Je m'attendais absolument pas à ce sujet en entamant cette lecture. J'avais acheté le bouquin un peu mécaniquement alors même que ces précédents récits étaient loin de m'avoir tous enchantés - tiens un nouveau Delacourt, aller vendu.
Je pensais naïvement et bêtement me plonger dans l'histoire d'un fils qui ferait une sorte d'éloge à son père, je sais pas pourquoi c'est ce que mon imagination a provoqué avec le titre.
Erreur totale, mais c'est bien de se planter. Le texte est poignant, enfin d'ailleurs tout les mots me semblent faibles vis à vis de l'horreur racontée, la pédophilie dans l'église.
J'ai trouvé le ton très bon, les mots utilisés excellents, la langue riche, un bon niveau de vocabulaire. Je l'avoue bien volontiers, j'ai découvert quelques mots avec cette lecture ou des mots oubliés, petite révision du champ lexical de l'église pauvre mécréant que je suis. Et en bonus, le récit cite de multiples autres œuvres aussi bien littéraires, musicales que cinématographiques. C'est toujours bon d'apprendre deux trois bricoles en cours de lecture. Ainsi, j'ai découvert les champs d'honneur de Jean Rouaud (prix Goncourt) que j'ai bien envie de lire.
J'ai la version poche dans laquelle figure le petit conte "Lucas dit", j'ai bien aimé également, c'est simple efficace bref c'est un bon outil de prévention et il peut très bien être utilisé à des fins pédagogiques par les parents, les professeurs.
J'ai lu dans certaines critiques que le propos de Delacourt est trop violent, trop brut, trop difficile. Mais c'est précisément le rôle de la littérature que de choquer, de transgresser, de dénoncer, de déranger nos paresses intellectuelles. Son essence même, sa raison d'être. Si la littérature ne le fait pas alors qui le fera ?


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Ça y est... j'ai terminé Mon père de Grégoire Delacourt... comme c'est un petit livre, je n'ai pas lu d'avis, ni de résumé... Je me suis donc lancé les yeux fermés. Sincèrement, je croyais qu'il nous avait pondu un livre sur son enfance... Je me suis trompée royalement !!! Une bien sombre histoire que celle-ci !!! J'ai tellement ragé pendant ma lecture... et j'avais mal pour ce père, pour ce fils !!! Certains passages sont très durs à lire. On est loin de la première chose que l'on regarde ou La liste de mes envies !!! Mais j'ai aimé ma lecture, bien qu'elle fut difficile. Un sujet très délicat, mais Grégoire s'en tire très bien. On comprends bien tout l'amour que le personnage du père (le vrai) porte à son fils et la peine immense, la colère, la rage, la haine, l'envie de tout massacrer que va causer la découverte de cette enfance salie de son fils par une personne d'autorité. Un livre qu'on lit la peine dans l'âme.
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