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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cécile Delalandre est un cas. Contrairement à nombre d'apprentis écrivains besogneux qui pullulent comme autant de candidats à la FB academy et qui s'échinent péniblement à singer la coqueluche du moment généralement américaine, tous ces Céline au petit pied, ces Buko en Chantelle, ces Maurras de pacotille, la Delalandre, elle, continue son chemin, droit devant elle, avec son sourire espiègle d'amuseur public qui se moque de tout à commencer par elle, mais jamais des autres, tant elle est gourmande avide des autres et de la vie, autant que des arts, en quête permanente d'un texte, d'un tableau d'une musique qu'elle nous offre en partage. Et lorsqu'elle s'est gavée à satiété de cette pâte humaine dont elle est si friande, elle retrouve son goût profond de la solitude, se retire dans son monde, sa forêt, et elle écrit. Des textes, qui lui ressemblent. Et comme la Delalandre ne ressemble à personne, ses textes ne ressemblent à rien de connu. Bien sûr on peut tenter de lui trouver des affinités. Comme Lewis Carrol ou encore Boris Vian, elle nous fait d'emblée pénétrer dans son univers, un monde étrange, peuplé de créatures très réelles ou bien imaginaires. Et puis il y a le style, incomparable. par son vocabulaire 3 ou 4 fois plus riche que celui de n'importe qui d'un peu cultivé mais surtout par la manière dont elle joue avec les mots, avec leur sens et avec leur sons, avec les images, les odeurs, le toucher qu'ils évoquent, sollicitant non seulement notre cerveau par leur télescopage, mais tous nos sens dans une fête paysanne, sensuelle et parodique, somme toute baroque. C'est du Brueghel du Bosch ; il ya du surréalisme mais un surréalisme qui a pris de la chair et des tripes et qui pourtant peut traverser des paysages que balaient un vent glacial (Hopper, De Staël). Et elle nous sert cela en vaste louchée de tripes, qu'il faut déguster lentement, parce qu'en trois mots elle nous campe tout un univers.
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Il est des écrivains sur la pointe des pieds, dont la petite musique vous oblige à prêter une oreille attentive et d'autres qui se ramènent avec tambours et trompettes, vous balancent sur la table leurs tripes encore fumantes, vous en mettent plein les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, en vous laissant pantois, hagard, sonné, comme un pantin embrasse l'air, dans une danse hallucinée, puis s'effondre à genoux, vagissant, plié en deux, comme un enfant qui vient de naître.
Littérature à l'estomac, comme disait Julien Gracq.
Cécile Delalandre est de ceux-là.

Le Bateau ivre
Lien : http://lebateauivre.fr
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« Un livre à lire à chair ouverte et en pleine conscience.
Un livre qu'il est nécessaire de relire pour identifier le goût de certaines mignardises qu'une première approche, trop rapide, n'aurait pas permis de savourer.
Une étrange lecture qui, sous une note de tête jubilatoire cache une note de fond dramatique.
J'ai lu Tess et Raoul précédé de Breuilles cet été et - alors que cette lecture m'a enchantée – j'ai reporté depuis, de jour en jour, l'écriture de mes impressions de lectrice.
Comment mettre des mots sur un texte qui nous offre un tel feu d'artifice de sensations ?
Mes mots ne risquent-ils pas de desservir un univers dans lequel on entre par la lecture d'un poème d'Henri Michaux, suivi par un premier chapitre intitulé Lemme – un accès en littérature par une porte qui promet au verbe un beau déploiement.
« Ma première défense fut un cri, un cri comme un morphème sorti de mes entrailles et dont le son me plut. Sa désinence en si primal, n'en finissait pas de chanter dans ma bouche… » Ce livre provoque un électrochoc, il bouscule, tant la beauté et l'horreur (mais peut-être n'est-ce pas le mot juste) se disputent le premier rôle. On croit s'aventurer dans un chapitre bucolique et la réalité devenue loup, tapie derrière le buisson d'un paragraphe, nous surprend au détour de notre chemin de lecture.
« Tess a le coeur jaune depuis qu'à sa fenêtre elle a vu des coquelicots avaler goulûment le pré de son carré. C'est un Mardredi gris. Elle s'en fout, son herbe est rouge ; elle exhale comme des notes bleutées d'un instrument à Vian… » (extrait de Tess peint)
Il y a de la couleur, de la musique, de la poésie, de la Commedia dell'arte et de la tragédie grecque dans cette écriture et un tempo fou tenu par des percussions de grande portée où se mêlent les sonorités du Symphonic Metal au rythme du Jazz.
Vous l'aurez compris cette lecture rend les synapses joyeuses et ce malgré un final en apothéose qui donne raison, en toute logique, au réalisme d'une force pénétrante, à la manière d' Egon Schiele.
Pour finir un extrait d'Accroc :

« le gilet de laine noire de Tess a un gros trou juste sous son sein gauche par-dessus son coeur ploum. Des courants d'air glacial s'y plantent comme des morsures de rats. Ils s'infiltrent dans ses tripes pour y larguer des crampes qui s'agrippent méchamment aux parois de son vide. Ça lui fait des spasmes à l'âme et ça déchire la toile de son intime gouache. Elle a mal. »
Carmen Pen Ar Run

Lien : http://parmotsetparcouleurs...
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