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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman politique délicieusement loufoque : "Les sorcières de la République", de Chloé Delaume, aux éditions du Seuil.

Le pitch : Alors que la fin du monde, prévue en décembre 2012… N'a pas eu lieu, les déesses grecques ont décidé de quitter le charme cosy de l'Olympe pour s'infiltrer dans la population française, instaurant ainsi une sorte de matriarcat avec l'élection d'Elisabeth Ambrose, membre du Pari du Cercle, à la Présidence de la République. Mais trois ans plus tard, c'est le drame, et le 21 juin 2020, la France vote oui à 98% sans abstention pour le Grand Blanc, autrement dit l'amnésie générale, l'effacement de trois années apparemment peu glorieuses.
C'était il y a 42 ans. Mais ce lundi 06 février 2062 annonce la fin de la politique de l'autruche. En effet, sous l'impulsion de l'actuel Président, Barnabé Pouguel-Castelain, s'ouvre au Tribunal du Grand Paris (plus communément appelé « Stade de France ») le grand procès du XXIème siècle en vue de déterrer ces trois années rayées de l'Histoire de France, avec pour seule présente sur le banc des accusés la Sybille, 29213 ans au compteur, dont on a hâte d'apprendre ce qu'il s'est réellement passé…

Membre du Cercle des Lecteurs du Furet du Nord, c'est dans ce cadre que j'ai eu l'immense privilège de recevoir ce livre. Quatrième de ma sélection, j'apprenais avec horreur et appréhension qu'il s'agissait d'un roman politique… Autant vous dire que c'est sans enthousiasme que je me suis jetée à l'eau… Et grand bien m'en a pris puisque la magie a rapidement opéré, me procurant ainsi un excellent moment de lecture que je vais essayer de partager !

Au terme d'une performance de haute voltige remarquablement réalisée, l'auteure nous entraîne ici en 2062 dans une République fantaisiste, où les places du fameux procès se sont arrachés à prix d'or, où les scellés sont vendus aux enchères, où la greffière est une égérie de mode, où les concours permettent de gagner des visites chez le dentiste, où les ténors du FN ont été transformés en bichons maltais et Jean-François Coppé en pain au chocolat, où le Président de la République est aimé et adulé… Vous voyez, fantaisiste… Mais aussi un pays qui a dû ouvrir des Centres de réfugiés climatiques et a rétabli le Franc comme monnaie nationale… Fantaisiste, oui mais… « A même la peau, le réel brûle », comme dit si bien l'auteur…
Sous couvert de fantaisie donc, l'auteure ne manque pourtant pas de livrer une critique parfois acerbe de notre société, bien actuelle cette fois-ci, mettant en exergue les grandes questions politiques, économiques, religieuses et environnementales, qui font tant débat de nos jours et qui pourraient un jour nous conduire au drame si nous ne sommes pas en mesure de les aborder. « Il fallait un pays où la foi fut une blessure, la déception une habitude, la notion d'avenir une boutade. Un pays en attente d'un miracle politique, qui était prêt à croire en la magie du « Dire c'est faire ». (…) Un pays de bonne volonté, mais qui rechigne aux sacrifices et est expert en grommellements. (…) Où l'ascenseur était en panne et les escaliers hors service »…
Ayant l'art de la formule savoureuse, de la citation délicieuse et autres truculents jeux de mots que l'on rencontre avec plaisir au fil des pages tant la plume est de grande qualité, l'auteure use et abuse d'humour et de folie tout en glissant subtilement quelques notions pourtant fort inquiétantes telles que le « programme participatif obligatoire » ou « l'empowerment ».
Et plus qu'elle ne tente, l'auteure même ose ! Est-il seulement possible d'envisager un seul instant pouvoir, dans un roman dit politique, glisser une citation de Buffy Summers, célèbre tueuse de vampires qui a bercé toute ma jeunesse, et balancer l'adresse mail de Jésus Christ en personne (d'ailleurs pour les personnes intéressées, c'est jesus-christ.superstar@royaumedescieux.org), Artémis disant de lui « T'es trop puiss comme keum, je suis mdr » ? Impossible, me direz-vous ? Mais impossible n'est pas Chloé !

En bref, un défi réussi avec brio pour l'auteure de ce roman aussi loufoque que révélateur ! Peuple de France, un conseil : Lis ce livre !
Lien : http://deslivresetmoi7.blogs..
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2062 : La Sibylle est au tribunal ; elle doit raconter comment entre 2017 et 2020, le gouvernement de l'époque a effacé 3 ans de l'histoire, des mémoires …. Elle doit aussi restituer ce qui s'est passé, pourquoi on en est arrivé là.
Elle va donc, à sa façon, remonter le cours de l'histoire, de façon un peu décousue, afin de donner les causes profondes des évènements. Un jour, les déesses de l' Olympe se sont lassées d'être tenues pour secondaires… Héra, Hestia, Déméter, Artémis, Athéna , Aphrodite, aidées de la Sibylle vont donc se révolter : d'abord elles tuent les dieux, puis décident de mener le combat pour les femmes, pour le pouvoir donné aux femmes sur terre ; elles choisissent la France et dès 2012, lancent des petites opérations ( Lucidator : ouvrir les yeux des femmes sur les vêtements fabriqués par des gens surexploités en Asie = échec). puis en vue des élections de 2017, elles fondent le Parti du Cercle, qui fera élire une femme Elisabeth Ambrose et donnera tous les pouvoirs aux femmes, grâce à la magie…mais tout finit dans un tel drame, qu'il deviendra nécessaire de gommer ces 3 années ; le Grand Blanc effacera tout : archives, mémoires, objets…. Seule La Sibylle gardera des documents qui feront preuve lors de son procès.

Livre inclassable : parodie de journal (Canal+, TF1), critique acerbe du monde masculin machiste qui est le nôtre, des dégâts écologiques créés par l' Homme, des hommes et femmes politiques, des religions monothéistes ou polythéistes. Les échanges de mail entre Jésus Christ et Artémis sont un régal.
La discussion entre les déesses pour la prise de décision de commettre un putsch , est émaillée de référence qu monde du travail, de la politique , des médias (ménagère de moins de 50 ans, cahier des charges, le révisionnisme d' Homère).
J'ai aimé ce livre parodique, sarcastique , critique de notre époque.
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Quand j'avais lu le Cri du sablier il y a quelques années, Chloé m'était déjà apparue comme une sorcière (au sens Starhawk du terme), une fille qui avait l'air chouette parce qu'elle se servait des mots comme des incantations efficaces, et j'avais super envie de lui payer un chocolat pour la remercier.

Si t'as pas lu le Cri du Sablier, fais-le. Il fait partie de mon top cinq des livres que je préfère. Juré craché.

[krprkt]

Les Sorcières de la République, ovni plus que réussi selon moi de l'auteure, une fiction qui te fera je pense beaucoup beaucoup rire. Rire c'est bien mais tu pourras aussi en sortir plus intelligent parce que Chloé te fait quand même pas mal de cours sur la mythologie, qu'elle décortique avec beaucoup de psychologie. Je sais ça fait beaucoup de mots en ie mais c'est pas fait exprès alors on s'en fout dac ?

Les Sorcières de la République raconte comment en 2062, Sybille, prophétesse du Parti du Cercle est entendue lors de son jugement (l'inquisition façon new generation). Porte parole d'un groupe féministe qui a pris le pouvoir de 2017 à 2020 suite au mandat de François Hollande. 2020 bicause on se rend compte qu'en fait il y a des choses qu'on ne maitrise pas tout le temps.

Par contre Chloé maitrise plus que parfaitement les exercices de style, passe du théâtre à la poésie le temps de claquer des doigts, parsème son récit d'idées féministes, mêlant aussi déesses grecques et droits LGBT, culture populaire et parraine chaque chapitre de grands noms qui donnent le ton (Huxley, Duras, Buffy Summers, Roland Barthes).

Dans cette France de 2062, dont certaines régions ont été achetées par des grandes corporations, on trouve ça dingue, on jubile à la lecture du nouveau testament émasculé, de la relation virtuelle entre Artémis et le coming-out de Jésus Christ, fils de.

Oh et puis à propos de Barthes en fait on se rend compte que ce livre pourrait se ranger dans sa bibliothèque juste à coté de la 7e fonction du langage de Laurent Binet. Et puis comme elle fait un clin d'oeil à Simon Herzog et son moignon on trouverait ça encore plus légitime (faut que t'aies lu le Binet sinon tu peux pas comprendre, krkrkr).

Voilà, moi j'attends toujours de me sortir les doigts du cul pour lui payer un chocolat. de sortir de mon cocon de timidité, d'apprendre à encore m'écraser en tant que garçon et tout et tout.

Lien : https://www.instagram.com/lo..
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J'ai beaucoup aimé l'idée générale du livre, le rapport à la mythologie et à la religion, d'un point de vue actuel, avec des remises au goût du jour (bien que ce soit parfois un poil trop exagéré, et rarement dans le bon sens), le rapport aussi à la magie et à la sorcellerie, la façon dont ça pourrait servir à changer le monde (là encore, je pense que ça aurait pu être mieux exploité). J'ai aimé l'impulsion féministe, les déesses, le Parti du Cercle, au service des femmes, pour sauver l'humanité.

Ce qui m'a déçue, c'est le côté un peu dépravé, désabusé, la façon dont ça aurait pu donner beaucoup de force au mouvement féministe et où finalement on a l'impression ici que ce sont les femmes qui ont fait n'importe quoi, et qu'encore une fois ce sont leurs actes qu'on efface de l'Histoire. Et, surtout, qu'on se rende compte que tout ça n'a servi à rien, et que le monde est toujours plus capitaliste, qu'il courre toujours autant à sa perte. Alors, quel était le but, déjà, si ce n'est de dire que l'humanité, le monde, la société, ne peuvent pas être sauvés et méritent juste une finalité rapide (ok, certes) ? J'ai aussi pas mal tiqué sur le fait que ça reste énormément centré sur des standards esthétiques, intellectuels et psychiques très très normés, et que le reste est souvent moqué (notamment un recours à un lexique un peu psychophobe sur les bords quand le Grand Blanc est évoqué).

Voilà, de bonnes réflexions de base, une volonté de changer les choses, de repenser une spiritualité 2.0, de bousculer une République qui s'enfonce toujours plus dans la boue, de repenser le monde pour éviter des catastrophes plus grandes encore, une volonté de féminiser le gouvernement, de remettre en question le capitalisme... Mais, au final, sans plus. Les dieux et déesses en prennent pour leur grade, autant que l'humanité, il n'y a plus ici de grandeur ni de grandiose, juste une décadence sûre et certaine. C'était intéressant à lire - d'autant plus que l'autrice joue avec différents styles narratifs -, mais le dénouement se passe un peu vite et je trouve que le livre n'a pas eu la force qu'il aurait pu avoir (que j'en attendais). Au regard de la politique française actuelle, ça aurait été d'autant plus fort que ce livre ait été écrit quelques années après, et en tout cas, on retrouve dans le gouvernement et le monde de 2062 ce qui commence déjà ici et maintenant, avec le gouvernement Macron (mais ça aurait été un peu compliqué de programmer ça, c'était juste une réflexion comme ça). Bref, à lire plus comme un livre parodique et caricatural que comme un livre particulièrement militant ou féministe (en considérant que le soulèvement de la République par le Parti des déesses pour les femmes a duré 3 ans, pour terminer sur un Grand Blanc et pour que soixante ans plus tard le monde ait turbo-capitalisé : un peu comme si le militantisme féministe ne servait à rien au final - de destructif oui, mais pas de constructif). Je tenterai bientôt Mes bien chères soeurs, qui sera peut-être plus dans le goût de ce que j'attendais de celui-ci.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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Dans un futur ou Paris n'a plus que des habitants qui sont payés pour y habiter afin de satisfaire les touristes, où la ville de Nice vient d'être vendue aux Chinois, où les personnes se doivent de consommer pour le bien de l'Etat et sont hyper connectées a lieu le procès de la Sybille (+ de 29000 ans… et plutôt bien conservée) au Tribunal du Grand Paris anciennement Stade de France (où les places s'arrachent comme des petites pains mais à des prix faramineux…).
Les français vont devoir la juger car elle est la seule « survivante » de l'ancien gouvernement matriarcal ayant géré le pays pendant 3 ans de 2017 à 2020 et que tout le monde (du moins 98% de la population) a voté pour oublier (le grand blanc). Aujourd'hui en 2062 les gens veulent savoir. Ceux qui n'étaient que des enfants et qui ont vécu avec des adultes qui ne se souvenaient même pas qu'ils étaient leurs parents, qui ont parfois découvert avoir eu des frères ainés dont personne ne se souvient se demandent pourquoi ils ont dû vivre une enfance parfois infernale !
Alors, que s'est-il passé ? La Sybille va donc raconter toute l'histoire, en commençant par la sienne est celles de déesses ayant eu assez de se faire marcher dessus par les éléments mâles de l'Olympe, seuls « aptes » à prendre les décisions, même celles les concernant.
Que dire ? j'ai eu du mal à accrocher au début, j'ai même pensé à laisser tomber. Je m'attendais à un roman plus « sérieux » un peu plus comme le procès de Nuremberg avec des témoins, des preuves à charge, etc. Or ici point de tout cela !
La Sybille qui quelque part est une victime comme les autres n'a rien demandé, au contraire ! Son témoignage nous donne un autre aperçu des dieux et déesses de l'Olympe, et même de la relation entre un Jésus révolté contre son père et une Artemis, déesse de la chasse, elle aussi en rogne contre son paternel, le tout dans des échanges écrits que j'ai trouvé extrêmement drôles.
Au-delà de cette histoire humoristique, il y a aussi critique d'une société où le paraître devient plus important que tout, de l'importance croissante de la télé réalité et où la connexion 7 j/7 est presque devenue la règle.
Par l'intermédiaire des Déesses comme Héra, Aphrodite, Demeter ou Athena, ayant pris le pouvoir grâce au parti du Cercle, l'auteure décrit une société longtemps dominée par les hommes qui se révolte et essaie d'améliorer la situation des femmes. Mais les femmes sont-elles vraiment toutes des victimes ???
En conclusion, il s'agit pour moi d'un de ces livres où j'ai du mal à donner un avis. Je dirai juste que derrière l'humour il y a bien des sujets qui donnent à réfléchir, et que chacun doit lire pour se forger sa propre opinion.
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Délire total laissant supposer une histoire palpitante sortant de l'ordinaire, mais l'intrigue s'essouffle et une nouvelle plus courte aurait plus emportée mon adhésion.
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J'ai beaucoup apprécié ce roman. Il est très clair sur la situation des femmes en France aujourd'hui et sur l'importance du féminisme.

En 2062, on juge la Sybille. Sous sa gouvernance, entre 2017 et 2020, une amnésie collective a été votée à 98% de la population. Que s'est-il passé pour qu'une majorité choisisse l'oubli ?
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On assiste au procès médiatique de la "Sybille", qui est considérée comme responsable d'une période sombre de l'histoire de la France, entre 2017 et 2020, et pour cause, puisque personne ne sait ce qu'il s'est passé dans ce laps de temps, appelé "le grand blanc", et qui s'est achevé en 2020 par le vote par referendum d'une "amnésie nationale". Les familles se sont réveillées le lendemain sans se souvenir des 3 années écoulées : les rencontres, les naissances, les évolutions, le néant total.
Nous sommes donc en 2062, et la "Sibylle" expose à tous (à grand renfort de # et d'exclusivité journalistique en direct du tribunal) ce qu'était la société française avant 2017, avec un regard plutôt critique, des références à des événements récents et des attitudes générales (on souligne particulièrement l'archaïsme de la vision de la femme). L'auteure varie les tons, les discours, retranscrit un échange de mails entre Jésus et Artemis, au langage "djeuns", place entre deux chapitres des annonces (des messages à caractère productif du ministère, #Warning sécurité laïcité lorsqu'on parle un peu trop de l'Olympe...).
Un livre dense et intense. Avec des passages en alexandrins que j'ai trouvé vraiment savoureux. La distance dans le temps permet un regard (et une ironie) très original et le mélange avec la mythologie m'a beaucoup plu. Des longueurs, parfois, il m'a fallu du temps pour le finir, d'où l'impression de "densité".
Un OVNI, donc, inclassable, qui questionne sur la construction de l'histoire nationale, individuelle (comment faire lorsqu'un matin, on se réveille avec un conjoint qu'on ne connait pas, puisqu'on l'a rencontré pendant l'amnésie, et un enfant tout aussi étranger), des rapports aux autres et aborde le thème central de la place des femmes dans notre société actuelle et du chemin qu'il reste à faire.
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