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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est à la suite d'un échange sur Babelio au sujet de Primo Levi que je découvre Charlotte Delbo (Merci Doriane).
Il n'est pas dans mes intentions de comparer ces deux ouvrages, ils racontent chacun avec une tonalité différente l'holocauste et la Shoa.
Charlotte Delbo nous parle de l'enfer des camps du point de vue des femmes dans un style riche en métaphores, j'ai ressenti une distanciation dans sa façon d'évoquer ses souvenirs, distance qui lui a été apparemment nécessaire pour ne pas sombrer dans la folie et renoncer. le récit alterne tantôt les scènes brutales et insoutenables et tantôt des descriptions métaphoriques proches d'un cauchemar éveillé.
J'ai trouvé le style très suggestif, comme une succession de tableaux que l'auteure commente avec un recul certain, une distance, je n'ai pas de mot plus précis, elle semble vouloir nous montrer quelque chose qu'elle ne veut pas voir. J'ai eu l'impression de lire un poème parfois, c'est déroutant.
Je ne comparerai pas ces deux livres, mais je peux comparer mes ressentis, j'ai été plus ému et durablement marqué par Primo Levi dont la sensibilité m'a ébranlé, sa conscience de la perte d'humanité notamment.
Cela dit le récit et le témoignage de Charlotte Delbo valent d'être lus, huit semaines d'un calvaire effroyable, chaque voix a sa propre note pour exprimer une même souffrance.
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C'est un témoignage de sensations. Pas un témoignage de faits.
Mais c'est tout aussi fort, aussi prenant, tout aussi horrible et insupportable comme tous les témoignages qui relatent les souvenirs des camps.
Tout en pudeur, à la limite de la poésie parfois, Charlotte Delbo partage ses pots, partage ses émotions.
Merci Mme Delbo. Pour ne jamais oublier ! Car il ne faut pas que cette partie de l'Histoire tombe dans l'oubli !!
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Bon je sais vous allez me dire que je choisis une période où l'on lit (écoute) en principe que des ouvrages plutôt réjouissants mais moi j'ai trouvé que c'était finalement le bon moment, parce qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise période pour lire des témoignages sur les camps de concentration, que ce soit Primo Levi ou Ginette Kolinka ou regarder des documentaires sur ce sujet (de temps en temps bien sûr) comme un devoir de mémoire nécessaire et utile non pas par morbidité ou pour me plomber le moral, non plutôt pour ne pas oublier ce que l'humain est capable de faire dans le domaine de l'horreur, ce que l'humain est capable de vivre quand il est confronté à l'horreur, de faire vivre par haine de l'autre (ou peur) et pour garder une vigilance vis-à-vis de certains courants, idées..... 

 Charlotte Delbo a été arrêtée et emprisonnée à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück de Janvier 1943 à Avril 1945 après avoir été arrêtée avec son mari (fusillé au Mont-Valérien) comme résistants, camps dont elle est revenue vivante. Dans ce témoignage bouleversant elle décrit les conditions inhumaines dans lesquelles vivaient, elle et les autres femmes, côtoyant la mort à chaque minute à l'ombre des chambres à gaz et des fours crématoires, suspendues à tout instant à la sanction de vivre ou de mourir, les sentiments qui les traversent, désir de tenir ou de mourir, la faim, le froid, la peur.

Charlotte Delbo était une femme de lettres et on le ressent dans le choix des mots, de la répétition de ceux-ci afin de les rendre plus forts, de donner même du rythme au récit comme par exemple dans les longues marches dans le froid, sur la brutalité des geôliers voire leur sadisme s'attachant énormément aux sentiments, pensées intimes, questionnements.

La voix de Dominique Reymond, linéaire, fluide, sans dichotomie dans les tons, neutre donne beaucoup de puissance au texte et même en lecture audio, il m'a fallu parfois faire des pauses car la narration du quotidien, des exactions perpétrées font monter en vous les images qui de toutes façons seront toujours en-deçà de la réalité vécue.

J'ai plusieurs ouvrages dans ma PAL pour tenter de comprendre comment l'humain peut-il arriver au mal absolu, à la volonté d'extermination et son ingéniosité des méthodes mises en place à cette fin et surtout, pour moi c'est très important d'essayer de comprendre (s'il y a quelque chose à comprendre) comment la conscience de ces humains les laissait en paix. 

Inutile d'en dire plus. Vous l'avez compris j'ai été bouleversée par ce témoignage et dire que je l'ai beaucoup aimé pourrait sembler de mauvais goût mais oui je l'ai beaucoup aimé car il faut, je pense, beaucoup de courage à ceux et celles qui l'ont fait car cela leur demandait de revivre une période de leur vie qu'ils auraient voulu oublier, mais comment oublier ?
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Magnifique écriture et à la fois si limpide dans un monde aussi obscure. de courts chapitres, des moments de vie dans cet endroit de mort, de survie plutôt, je comparerais à "si c'est un homme" mais dans le monde des camps de la mort pour femmes.
Pour ceux que ce thème intéresse, ce livre est un incontournable,
Ames sensibles s'abstenir.
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Que dire de ce livre, sinon qu'il est le témoignage o combien tragique de ceux qui sont revenus d'ou l'on ne revient pas. Doit elle sa survivance à son extraordinaire courage, sa lucidité, son sens de la camaraderie, une santé particulièrement robuste, un désir de vivre, de survivre peu commun, ne jamais renoncer... voici le témoignage d'une époque que l'on a la chance de ne pas avoir vécu...
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lu en 2018
Dans ma liste des auteurs à lire, Charlotte Delbo y figurait. Premier tome de sa trilogie. Difficile de trouver les mots exacts pour définir son style et pour qualifier le contenu. C'est percutant. Un concentré de Primo Levi, George Semprun et Robert Antelme réunis. La description de l'horreur sous toutes ses formes : la soif abominable, le froid, la peur, la faim, la douleur, la mort, l'amitié. Par la force de ses mots, on est avec elle (elles), on vit les situations à l'identique et on se demande comment on a fait pour survivre !
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Je n'avais lu aucun de ses livres.
Une voie personnelle parmi les témoignages sur Auschwitz.
Une écriture qui rend sensible les sensations, douleurs, absence de sensations des corps, qui nous plonge dans l'horreur... sans autre commentaire que l'aveu de sa propre faiblesse et de l'entraide qui a permis pour certaines, dont elle a fait partie, que le désir de vie se maintienne - la pitié pour celles qui ne l'ont pas pu.
Aucune philosophie affichée, juste la force des faits, et le soin mis à rendre la langue assez souple pour coller au réel, le rendre dans la mesure du possible.
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Passionnée par les récits de vies et autres témoignages de rescapés de la Shoah et des camps de concentration, voici plusieurs mois que j'avais entendu parler des livres de Charlotte Delbo, sans vraiment parvenir à les trouver. C'est aujourd'hui chose faite avec ce tome 1 de la trilogie Auschwitz et après (trouvé à l'espace culturel Leclerc, aux Editions de Minuit, collection double).

Charlotte Delbo (née en 1913) a été déportée (par le convoi du 24 janvier 1943 dont seules 49 femmes sur 230 reviendront) pour son appartenance au Parti Communiste Français et pour faits de Résistance. Son mari (Georges Dudach), lui, a été fusillé au Mont-Valérien le 23 mai 1942. Elle restera à Auschwitz jusqu'au début de l'année 1944, date à laquelle elle est transférée à Ravensbrück jusqu'en avril 1945 (soit 27 mois de déportation).

Ce livre, elle l'a écrit à son retour, dans un cahier. Sans doute pour ne rien oublier des images qui la hantaient. Elle ne le publiera qu'en 1970 sans doute après avoir retravaillé à sa rédaction afin de le rendre plus supportable pour qui n'a pas connu de tels faits et après l'avoir complété de textes plus "poétiques" mais néanmoins très réalistes.

Car, faut-il le dire, cette lecture n'est pas une partie de plaisir !
De la même façon que l'a fait Alain Resnais avec son film documentaire Nuit et Brouillard sorti en 1956, Charlotte Delbo contribue, avec ce témoignage qui n'est pas un récit mais qui a néanmoins une valeur universelle, à informer sur ce qui a été et la façon dont elle l'a vécu, à faire un devoir de mémoire vis-à-vis des victimes et, peut-être, en l'écrivant et en le partageant, faire oeuvre de catharsis.

Sur le fond, Charlotte Delbo met des mots et des images insoutenables sur ce qui a fait son quotidien à Auschwitz et la façon dont celui-ci s'est imprégné dans son esprit, son corps et son coeur : la durée interminable des appels ; le froid qui tétanise ; la poussière qui assoiffe ; la faim qui dévore ; la soif inextinguible ; les nuits très courtes et agitées dans la vermine et les poux ; la peur au ventre de faire, de ne pas faire, de mal faire ; l'hygiène déplorable quand le corps ne peut plus rien retenir ; les travaux harassants ; l'omniprésence de la violence et de la barbarie ; la mécanique bien rôdée de l'extermination de masse... Mais aussi, la déshumanisation, la délation, les mécanismes de survie qui se mettent en place et tendent à ne plus se défendre ni protester, à ne plus aider, à ne plus agir et réagir quand, à son côté, l'une des leurs se laisse tomber et finit par mourir. Et également, cette peur insidieuse chronique qui, tel un linceul, colle à la peau au point, à un moment donné, de penser préférer la mort à la vie.

Sur la forme, ce témoignage est particulièrement atypique. D'une part, car il ne s'agit pas d'un récit linéaire mais d'une succession de courts textes, de formes et de tailles différentes, qui s'impriment dans l'esprit du lecteur comme autant d'instantanés pris sur le vif. A plusieurs reprises, l'auteure écrit qu'elle est au café en écrivant ses textes... Il y a là comme une distorsion entre une réalité heureuse et une narration particulièrement macabre, comme pour témoigner de la déchirure (voire la culpabilité) qu'elle continue de ressentir face à ce retour. Elle dit d'ailleurs, à un moment, qu'elle n'est pas tout à fait revenue.
Et puis, d'autre part, il y a ce rythme des phrases et des mots. Des phrases pas toujours ordonnancées comme on l'attendrait : entre autres "Aucun de nous ne reviendra" qui reviennent comme un leitmotiv témoignant qu'elles ne se faisaient plus trop d'illusions sur leur prochaine libération, mais aussi, là encore, que celles qui en sont revenues, ne seront plus jamais les mêmes.
Les mots : la description du froid ressenti sur les corps, la soif ressentie par Charlotte qui l'obligera à prendre des risques, les ordres aboyés par les Allemands et les kapos, la description des "fantômes" du block 25 et des cadavres dénudés qui s'amoncellent et qu'il faut charrier, les odeurs... des mots choisis, concis, pesants, crus même, répétés, martelés, accompagnés d'adjectifs précisant encore plus les choses... contribuent à ancrer dans les yeux et l'esprit des lecteurs des images insoutenables... comme pour dire, nous allions à marche forcée vers la mort...
Faites en sorte, lecteurs, de ne jamais oublier ce qui a été fait là !

Et Charlotte Delbo de préciser en exergue de son livre : "Aujourd'hui, je ne suis pas sûre que ce que j'ai écrit soit vrai. Je suis sûre que c'est véridique."

Pour ma part, au-delà de l'aspect informatif que je connaissais déjà, j'ai été bouleversée la concision de ses écrits, par le poids de ses phrases, de ses mots, et des images très (trop ?) réalistes qu'ils génèrent.
Une fois de plus, je reste pantoise face à l'indicible qu'elle parvient ici, avec le recul, à mettre en mots et je n'arrive toujours pas à comprendre comment ce peuple de gens éduqués qu'étaient les Allemands ont pu en arriver là. Comme j'ai pu le ressentir face au visionnage de Nuit et Brouillard, cela dépasse mon entendement. Et je suis encore plus abasourdie lorsque j'entends dire, ici ou là par d'habiles révisionnistes, que cela n'a jamais existé. Mais peut-on inventer de telles images ? de tels ressentis ?

J'ai été aussi particulièrement touchée et émue aux larmes de voir comment des femmes fortes, responsables et courageuses (elles étaient pour la plupart politisées et résistantes) ont pu, du fait des privations, des travaux exigés et des mauvais traitements, devenir cette masse soumise, indéterminée et nauséabonde, sans plus aucune dignité ni individualité, souvent plus désireuses de la mort que de la vie.
Et je suis encore plus abasourdie par cette extrême capacité de résilience qui a permis à certaines d'entre elles de s'en sortir et de continuer, bon an, mal an, à avancer dans la vie tout en assumant d'importantes responsabilités.
Qui aurait aujourd'hui le courage de ces femmes ?

Les tomes 2 de la trilogie Auschwitz et après sont :
Une connaissance inutile (1970)
Mesure de nos jours (1971)
Dans un autre livre publié en 1965, l'auteure évoque le convoi du 24 janvier.

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Charlotte Delbo, rare rescapée d��uschwitz, témoigne de cet enfer vécu et de son incapacité à oublier toutes les atrocités subies.

Ce rouleau compresseur nazi qui déshumanise chaque être dans une totale incompréhension.

Dans la lignée de « si c��st un homme » de Primo Levi, voici un ouvrage nécessaire et important pour ne surtout pas oublier.
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Très beau livre émouvant qui raconte son parcours difficile dans les camps de la mort. Un roman autobiographique à absolument lire !
Mêlé d𠆚necdotes qui paraissent anodines mais qui en disent long sur cette épreuve.
Certes à des moments très littéraires mais est abordable à tout âge ( connaître l’histoire est primordial avant de commencer cette lecture)
Faites néanmoins attention c𠆞st un livre très explicite, qui m𠆚 provoqué énormément d’émotions. Une très bonne auteure.
Hâte de lire le II. Car néanmoins la fin est coupée à un moment qui aurait été bon à savoir ( l𠆚près, la reconstruction...) d’où le 4/5.
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