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sur 92 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voyage au bout de l'enfer
Une journée particulière pour quatre hommes, victimes d'un accident sur les routes argentines. Un huis-clos bouleversant.

7h 35. Une journée pas tout à fait comme les autres commence pour Wolfgang, Vadim, Simon et Alexandre. Les quatre hommes se retrouvent pour rejoindre Mendoza où un avion doit les mener jusqu'à Buenos-Aires. Au fil des pages, nous allons découvrir le parcours de chacun d'eux, les liens qu'ils ont noués, leurs projets respectifs. Vadim, chercheur en physique des particules, prend le volant aux côtés d'Alexandre qui a installé les panneaux solaires du centre de recherche. Avec eux voyagent aussi Wolfgang, un astrophysicien, «spécialiste des noyaux actifs des galaxies et des rayons cosmiques» ainsi que Simon, chargé de rédiger un article sur les rayons cosmiques pour le CNRS. « Ils sont partis à 8h 30. Ils avaient 450 kilomètres de route à parcourir, dont 200 km de piste. Ils viennent de passer la borne rouge et blanc qui indique le kilomètre 3456 de la route qui symbolise l'Argentine tout entière, et traverse le pays sur 5224 kilomètres, de l'extrême sud de la Patagonie jusqu'à la provience de Jujuy à la frontière bolivienne: la route 40.»
Rien de particulier à signaler durant la première heure de route, si ce n'est la vitesse de croisière de Vadim, un peu trop rapide pour cette piste empruntée par le Paris-Dakar un mois plus tôt.
À 9h 21, ils croisent une routarde hirsute qui a campé sur le bord de la route et qui leur adresse un petit salut auxquelles nos machos répondent par un nuage de poussière. Mathilde, sur laquelle nous reviendrons, s'en souviendra.
À 9h 23 min 58 s « C'est la fin du voyage. La voiture bondit. Elle sort de la piste, elle pulvérise des cailloux sur le bas-côté et le choc brutal renverse instantanément le Suzuki. Il part en tonneaux. A l'instant qui précède le premier impact, Alexandre essaie de se tenir à la poignée du plafonnier et Wolfgang et Simon sont suspendus, en lévitation au-dessus de leurs sièges, les yeux mirés sur la trajectoire erratique de la voiture. Personne ne prononce le moinde son, pas de houlà, pas d'insulte, pas de putain, pas de merde, pas le temps.
Après le premier choc d'une violence extrême, la voiture se met à tourner sur elle-même dans le sens des aiguilles d'une montre. Elle frappe d'abord sur le côté droit de l'habitacle, du côté d'Alexandre et de Wolfgang. Dans un bruit de tôle froissée, elle cogne cinq, six, sept fois le sol désertique. »
Le roman prend alors une toute autre dimension. À compter du moment où on voit la mort de près, on est un autre homme. Il y a cet instinct de survie, ce besoin de bouger pour voir si la mécanique répond toujours, l'envie de se confier ou encore, la névessité de laisser un message, de donner une image de soi plus juste.
Alexandre, sur son brancard, théorise sur les femmes qui sont passées dans sa vie, sur l'amour «qui existe puisqu'on l'a inventé» et pense à Léna qu'il a rencontré sur la route. Ne se fourvoie-t-il pas avec son besoin maladif d'être aimé ? «Ne pourrait-on pas vivre heureux sans amour, concentré sur ses tâches, libéré des baisers ?»
Wolfgang, quant à lui, n'est pas surpris outre mesure. Cela tient sans dout edu miracle qu'à 58 ans il soit encore en vie, car il a failli perdre la vie à de nombreuses reprises, à commence rpar le jour de sa naissance ! de là vient sans doute aussi son goût pour la rêverie solitaire.
Simon ressemble le plus à l'auteur qui confiera qu'il a aussi été victime d'un accident en Argentine : « Il y a eu un mort, j'étais vraiment à la place à côté du mort et j'ai vraiment marché des kilomètres. »
Parti chercher des secours, il va croiser Mathilda qui, elle, a choisi sa galère. « À 59 ans, un beau jour de novembre, Mathilda n'est pas rentrée chez elle. Elle a laissé deux messages brefs, un à son mari (« ne me cherche pas ») et un à ses enfants (« je vous aime »). Elle a vidé son compte en banque, elle s'est acheté de nouveaux vêtements, elle a pris un billet d'avion pour Anchorage, loué une voiture, vivoté de motel en motel pendant quelques semaines, avant de devenir l'heureuse propriétaire d'un vélo VTL de marque Raleigh avec lequel elle a parcouru du nord au sud, de l'Alaska à l'Argentine, pas loin de 13000 kilomètres. Elle en a bavé. »
La confrontation des parcours respectifs des protagonistes est saisissante. Jusqu'à 22h 10, au terme de cette journée quelques certitudes vont vaciller, quelques itinéraires vont dévier de leur trajectoire.
Si nous sommes ici dans un registre totalement différent des souvenirs d'enfance d'Un parfum d'herbe coupée, on retrouve cette faculté de l'auteur à raconter des histoires, également présente dans le goût du large. Une jolie performance, surout lorsque l'on sait que parallèlement Nicolas Delesalle s'est beaucoup investi dans le lancement de l'ebdo, en kiosque ce 12 janvier, un «journal d'information, sans pub, indépendant et inspirant» a qui nous souhaitons également bon vent !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Après avoir découvert Nicolas Delesalle et sa plume dans "Le goût du large", j'ai plongé dans son troisième livre avec beaucoup de plaisir.
Son écriture est directe, percutante, parfois amusante, toujours plaisante.
L'histoire nous emmène aux côtés de Vadim, Simon, Alexandre et Wolfgang, qui, lors du retour d'une semaine de recherches astrophysiques en Argentine, vont avoir un accident de la route, au coeur d'une immensité désertique.
Cet accident est le prétexte pour l'auteur à des allers retours dans le passé de ses personnages et des réflexions fort intéressantes sur le sens des choses et de la vie.
C'est un livre qui se parcourt tout seul avec beaucoup de plaisir.
Un petit bémol sur l'histoire de la cycliste sud-africaine que l'on retrouve à plusieurs reprises dans le récit, mais qui je trouve n'apporte pas grand chose au récit.
Une lecture très sympa en tout cas, il me reste à découvrir de l'auteur "Un parfum d'herbe coupée"...
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On peut faire confiance à Nicolas Delesalle quand il propose de nous ouvrir les yeux sur le monde qu'il a lui-même parcouru de long en large dans sa vie de reporter. On peut aussi lui faire confiance pour nous offrir un regard décalé, résultat de ses propres observations, réflexions et même engagements. Son précédent récit, le goût du large invitait à l'ouverture et à l'introspection le temps d'un voyage en cargo. Changement de décor et de genre cette fois... Cap sur l'Argentine, le désert d'Atacama pour un roman qui nous propulse dans les pas de quatre personnages réunis pour une mission professionnelle. Un voyage qui va profondément changer leur destin...

Les grands espaces, toujours. L'homme confronté à l'immensité de la nature. le décor planté par Nicolas Delesalle est grandiose, de ceux qui font rêver tous les aventuriers en herbe. Simon, Vadim, Alexandre et Wolfgang sont là pour une mission autour de l'installation de panneaux solaires sur les cuves de l'observatoire astronomique Malargie supervisée par Alexandre. Simon, journaliste pour le CNRS est l'organisateur du voyage tandis que Vadim et Wolfgang sont des ingénieurs directement impliqués dans le projet. Alors qu'ils sont sur le chemin du retour vers l'aéroport, sur des pistes désertes à l'horizon infini, alors que Vadim roule un peu trop vite, pour un instant d'inattention c'est l'accident. Quelques tonneaux, le temps suspendu et le silence... Vadim le taiseux, Simon L hypocondriaque, Alexandre le beau gosse immature sont seuls face au cadavre de Wolfgang et seuls face à eux-mêmes.

Unité de temps (une même journée) et de lieu (ce désert si beau mais si hostile) pour un récit rythmé et imagé qui interroge sur la solitude, sur le regard que l'on porte sur soi-même sur ce qui nous pousse à fuir. Car chacun de ces hommes est confronté à ses doutes, ses failles, obligé de décider, d'agir pour ne pas mourir. La silhouette de Mathilda, une femme mûre originaire d'Afrique du Sud et qui a tout quitté du jour au lendemain pour entreprendre la traversée de l'Amérique à vélo, d'Anchorage au Canada jusqu'à la Patagonie vient ponctuer la narration et interroger sur l'inclination à la fuite et la nécessité de toujours avancer.

"C'est le salut des êtres humains esseulés quand ils croisent d'autres congénères. A force d'isolement, ils oublient à quel point ils détestent ces gens par la faute desquels ils ont décidé de partir un jour."

Où se situe l'aventure au 21ème siècle ? Maîtrise-t-on jamais sa vie quand il suffit d'un grain de sable (a priori dans le désert) pour que tout bascule ? Tout en nous proposant un vrai roman d'aventures, haletant, Nicolas Delesalle nous parle du monde avec une acuité mordante et un humour tout en retenue et porte sur les faibles humains que nous sommes un regard certes lucide mais empreint d'une bienveillance narquoise qui fait sourire autant qu'elle interroge et réconforte. L'auteur a mis de lui dans son livre mais semble désormais s'autoriser à laisser le romancier prendre plus de place. Et c'est tant mieux.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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En route avec Nicolas Delesalle l'espace de quelques heures dans un endroit totalement reculé d'Argentine, pour partager l'intimité de quatre hommes partis en toute insouciance pour une mission scientifique, et, dont la vie va basculer en quelques secondes lors d'un accident de voiture. Un livre qui interroge, avec force, sur le sens de la vie, et la réaction que l'on peut avoir face à un événement aussi imprévu que brutal. Comment réagir face à un drame : l'affronter, le contourner, l'accepter ?
Vadim, chercheur en physique des particules était au volant du véhicule, est présenté comme un taiseux. Alexandre était venu installer des panneaux solaires. Wolfang est astrophysicien. Enfin, Simon est journaliste, venu écrire un article pour le CNRS. Confrontés à l'immensité de la nature, la solitude et la mort de l'un d'eux mais aussi l'urgence de réagir, ces personnages vont révéler chacun à leur façon leur instinct de survie, leur besoin de se rassurer face à leur propre impuissance. Chacun réagira différemment, avec rage ou au contraire fatalisme, en faisant appel aux banalités et futilités de la vie passée pour fuir l'horreur du présent, en faisant ressortir ses névroses…
La forme est quant à elle parfaitement choisie : le nombre réduit de pages et le huit-clos siéent tout à fait à l'histoire, tandis que l'heure affichée en guise de titre de chaque titre, marque du temps qui s'écoule tel un goutte à goutte pratiquement comme des arrêts sur image, renforce ce sentiment de huit clos. L'auteur fait par ailleurs preuve d'un grand talent de description, tant quand il s'agit de décrire factuellement l'accident, que les paysages, ou l'état d'esprit des personnages. Je passerai juste sous silence Mathilda, car pour être tout à fait honnête, je n'ai pas saisi ce qu'elle apporte au roman !
Au total, Nicolas Delesalle signe un roman assez oppressant mais très réaliste : il nous incite à nous arrêter et à réfléchir au sens de la vie, à l'essentiel, au superflu. Un coup de coeur !
Lien : https://accrochelivres.wordp..
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Une journée, quatre hommes et une femme. Des heures qui s'égrènent dans la pampa argentine. C'est le décor que nous plante Nicolas Delesalle dans ce troisième roman. Nous suivons le récit de trois scientifiques – Vadim, Alexandre et Wolfgang – du journaliste Simon et de Mathida une dentiste.

Un accident a lieu sur la piste argentine. Après l'événement vient le choc, la sidération puis les sentiments d'impuissance et de culpabilité. Chacun réagit comme il peut et surtout chacun dresse son bilan de vie. le changement de vie ou les épreuves interrogent sur nos choix, sur nos aspirations et fondamentaux. C'est ainsi un roman sur le sens que l'on donne à sa vie. Comment des personnages ordinaires, dans un contexte extraordinaire, parviennent à se (re)trouver ?

J'ai été vite happée par ce récit comme si ma vie de lectrice en dépendait. J'ai fait défiler les pages avec un sentiment d'urgence, j'avais l'impression d'être à côté de ces personnages en difficulté. L'écriture de Nicolas Delesalle permet justement une lecture vive, intense. le roman est autant rythmé par les heures qui s'écoulent que par le style de l'auteur. Une profonde humanité en ressort bien évidemment. C'était déjà le cas dans ses précédents romans mais là, le travail est plus abouti. On ressent bien les émotions, les questionnements de chacun des personnages. La part autobiographique est tellement importante que l'on comprend vite pourquoi tout sonne si juste.

Si vous n'avez encore jamais lu Nicolas Delesalle, je vous le conseille sans hésiter. Pour ceux qui sont déjà familiers, vous avez là son meilleur roman.
Lien : http://www.leslecturesdumout..
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Une chose est sure, cette lecture fut marquante!

Contrairement à ce qu'en dit la critique jointe je n'ai pas trouvé sa plume "limpide" (trop de phrases composées d'énumérations à rallonge pour que j'utilise ce terme pour en parler) mais par contre je suis tout à fait d'accord avec le choix de "musicale".
En effet l'écriture de ND qui au début me perturbait, me semblait hachée, m'est vite apparue rythmée et entraînante, on tourne les pages sans les voir défiler et avec un plaisir intense! Même les longues énumérations sont écrites avec un style permettant d'aimer (sous couvert d'un minimum de concentration pour ne pas perdre le fil de l'idée de base!).

L'intrigue en elle-même est assez triste voir sordide, mais donne un prétexte aux personnages pour se lancer dans une réflexion profonde sur leur vie et par là-même sur la notre...
Réflexion parfois triste, parfois joyeuse, toujours pertinente!

J'ai ri, j'ai pleuré, j'ai été chamboulée. Ce qui est sur c'est que malgré l'écriture qui m'avait déroutée initialement ce livre fut dévoré d'une traite et m'a fait faire un ascenseur émotionnel!
Et à la fin du roman, ses tournures de phrases étaient comme des amies et ne me heurtaient plus du tout!

Je vous recommande donc de vous rendre chez votre libraire le 10 janvier pour vous procurer vous aussi cette petite perle qui ne vous laissera pas indifférent j'en suis sûre!!
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Alors j'ai particulièrement aimé la plume de l'auteure, très légère malgré le sujet, poétique aussi...
L'histoire en elle-même de ces 4 hommes réunis ne m'a pas transcendée mais on se rend compte à quel point la solitude nous guette dans un endroit inconnu, désert et on comprend que les souvenirs de chacun remontent si violemment à la surface.
Alexandre et son amour perdu Lena, sa poupée russe envolée avec un bel Italien. Vadim et les mots qu'il ne dit pas, Simon et son hypocondrie et puis Wolfgang lui....
Je n'ai pas tout fait compris le pourquoi de l'histoire de Mathilda... mais cela m'a vraiment plu de me retrouver avec elle sur la piste de la pampa.
Cette Afrikaner vieillissante, qui a tout lâché d'un coup, famille, boulot pour se lancer dans une course contre la montre à vélo sans aucun but précis.
Bref je me réjouis déjà de lire un second roman de cet auteur dont j'ai vraiment apprécié l'écriture et que j'aimerais découvrir avec un autre style de roman 😁
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L'auteur zoom sur le destin de nos quatre personnages. Les émotions sont décuplées puissantes. Il y a un paradoxe saisissant entre le silence du désert et le bruit des pensées de nos protagonistes qui se bousculent. Tout ce joue ici. Dans ce qu'il reste de lucidité. Comment réagit un homme face à l'horreur ? Comment réagit-il quand il sent que tout peut se terminer en une seconde ? Que ressent-il ? L'espoir. Un putain d'espoir qui pousse à tourner en dérision ce qui peut arriver. Parce que c'est ça le but. Relativiser. Reculer pour mieux sauter.⁣
Lien : https://loeildem.wordpress.c..
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Un huis clos au milieu de nulle part, un drame, des amis. Il n'en fallait pas plus pour ce petit livre qui m'a fait passer un moment de lecture agréable surtout que les paysages décrits sont magnifiques. de jolis passages également que j'ai pu noter.
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