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Citations sur Les pêcheurs d'étoiles (61)

Les deux mains élégamment posées sur le pommeau de son parapluie qui ne le quittait jamais, Erik Satie se rengorgea, partagé entre l'envie de sourire et celle de protester. A bientôt cinquante-neuf ans, il avait enfilé les existences comme d'autres les conquêtes féminines, ne s'attachant à aucune, glissant sur les modes comme sur les cercles de pouvoir et les chapelles, se protégeant du Tout-Paris grâce à une carapace patiemment ciselée dans l'humour, le mépris silencieux ou le sarcasme.
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De toute façon, je ne connais rien de plus barbant que les littérateurs qui parlent de leurs bouquins. Ils se croient toujours obligés d'expliquer pourquoi et comment ils ont écrit telle ou telle chose, et pas telle autre. Mais quand le lecteur ouvre un bouquin, il n'a pas de notice d'explication, que je sache. Le livre marche tout seul ou bien il ne marche pas.
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Il était l'un de ces hommes que la Grande Guerre avait mâchonnés, leur broyant les nerfs, les rendant insensibles à tout, un de ces pauvres hères qui n'avait pas le sou et que l'alcool ne parvenait même plus à saouler convenablement. Par le peintre Modi, un fameux client celui-là, le bistroquet avait appris qu'il se faisait appeler Cendrars, Blaise Cendrars.
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J'y suis bien parti au Brésil. Tu peux être tranquille là-dessus (...) Ce n'est pas le paradis, bien sûr, mais c'est différent d'ici. C'est autre chose, quoi. Sur le "Formose" quant on est entrés dans la baie de Guanabara, j'étais heureux comme un roi, riche comme un milliardaire, libre comme un homme.
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Blaise Cendrars à Erik Satie : Quoi qu’il en soit, je me suis endormi ce soir-là à la même heure qu’aujourd’hui. Quand je me suis réveillé, j’avais écrit ‘’les Pâques à New York’’. Je n’étais plus Frédéric Sauser, Freddy, Fritz, Freddy Sausey, Jack Lee ni même Diogène, un autre de mes noms de plume d’avant cette nuit-là. J’étais devenu Cendras. Blaise Cendrars. Le premier de mon nom, puisque je l’avais inventé de toutes pièces. J’étais devenu un pêcheur d’étoiles. Tout comme toi, mon vieux. Quand on y réfléchit, on n’est ni plus ni moins que ça. Des Terriens qui embarquent sur une felouque pour partir à la pêche aux étoiles.
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Le poète avait connu les usines à charcuter de 1915, en pleine guerre, après la Ferme Navarin. Il avait été rapatrié en urgence vers les lignes arrières dans un hôpital improvisé entre les murs du lycée Lakanal, à Sceaux. Des corps, plus ou moins vivants, geignant ou gueulant de douleur, débarquaient par camionnettes entières, encore empuantis par l’odeur de la poudre et du feu. Submergés par les patients, les docteurs jugeaient de l’état des nouveaux arrivants en seulement quelques secondes, ordonnaient des amputations, des cautérisations, des injections de morphine, la pose de pansements ou d’attelles. Avec froideur et science, ils dirigeaient en chefs d’orchestres cette symphonie discordante qu’interprétaient ces musiciens se vidant de leur sang et de leurs tripes. Tout juste survivants du laminoir de la guerre, les hommes tremblaient sur leurs civières comme des chiens de pauvre sous la pluie. Ils priaient, gémissaient, imploraient, partaient sans raison dans des rires sardoniques, juraient, blasphémaient, guettaient la mort au milieu du tourbillon des infirmiers aux blouses tachées de sang comme le sont celles des équarrisseurs des Halles.
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Paris s’était complètement réveillé, gorgé de sève comme un fruit encore vert s’offrant à mûrir aux rayons d’un soleil juvénile.
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Après s'être installé sur le lit, le musicien observa le poète durant de longues secondes, la tête penchée sur le coté. Enfin, il souffla, plein de malice :
"Dites-moi, Monsieur Cendras ? Rassurez-moi, nous ne venons pas de parler de littérature, n'est-ce pas ?
- Quand ça ?
- Là, à l'instant.
- Non. On a parlé de miracle. De miracle et de New York, ça n'a rien à voir."
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Dans son pardessus à gros drap râpé jusqu'à la corde, avec sa large cravate froissée, ses pantalons trop courts et ses chaussures crottées, c'était un solitaire. Il était l'un de ces hommes que la Grande Guerre avait mâchonnés, leur broyant les nerfs, les rendant insensibles à tout, un de ces pauvres hères qui n'avaient pas le sou et que l'alcool ne parvenait même plus à saouler convenablement. Par le peintre Modi, un fameux client celui-là, le bistroquet avait appris qu'il se faisait appeler Cendrars, Blaise Cendrars.
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Au même instant, le taxi repris son cours dans le flot du boulevard de l’Hôpital où les automobiles, grondantes, vrombissantes et klaxonnantes, faisaient de leur mieux pour noyer les dernières charrettes qui tentaient encore de résister à la modernité en marche.
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