J'avais déjà été emporté par
Dust, et
Quand la neige danse, dans
Récidive, Sonja élargit l'univers de Hanah Baxter, par rapport aux deux autres tomes. Ici, les enquêtes prennent moins d'importances au profit d'une profondeur dans les portraits psychologiques des personnages. le fil rouge du roman tourne autour de la famille de Hanah, son père bien sûr, sa mère, son oncle, mais il y aura aussi bien d'autres surprises.
Comme a son habitude, Sonja nous offre une très belle écriture, très différente des polars habituels. Une dose de poésie dans ses descriptions font aussi vivres les lieux.
Ici les côtes sauvages de la Bretagne…
C'est un univers très visuels. Sonja conçoit ses romans comme des scénarios. Les flash-backs récurants, les différentes histoires qui s'entrecroisent, chaque petit détail compte, ses descriptions sont pointues et méticuleuses. Les actions et les événements s'enchaînent les uns derrière les autres, ne laissant aucun répit aux lecteurs et ce jusqu'au final…
J'ai trouvé ce tome plus puissant que les deux premiers. J'ai ressenti une implication de Sonja peut-être “plus personnelle”. J'ai eu l'impression qu'elle y a mis ses tripes. Hannah est malmenée tous le long de ce roman, et de thriller… j'ai glissé petit à petit vers un univers noir sans concessions…
Bravo Sonja, c'est du grand art !!!
Extrait :
“Le brouillard s'intensifie, les chutes de neige redoublent. Il est 22h53. le capitaine a les yeux rivés sur le rocher où se trouve le phare. Ses paupières brûlent. Une fraction de seconde, il croit distinguer une lumière. Enfin ! Mais aussitôt, une nouvelle nappe de brouillard la voile. Puis elle réapparait. Un faisceau lumineux qui passe de rouge au vert.
C'est lui, c'est le phare du Grand Jardin ! On est sauvé ! Exulte William Gregory. C'est le moment, la chance d'entrer dans la passe et d'arriver au port. le capitaine donne ses ordres, la manoeuvre délicate est amorcée.
Et soudain, le choc, d'une violence inouïe, dans un fracas épouvantable. La coque du navire se déchire sur les arrêtes des récifs sombres émergeant des flots à tribord. Les passagers sont propulsés dans tous les sens comme des pantins. Des têtes heurtent le sol, les tables. le sang jaillit déjà sur le Hilda. Des étagères se décrochent vont s'écraser les unes sur les autres, des piles d'assiettes valsent, des vitres explosent. Des pleurs, des cris de détresse emplissent l'intérieur du paquebot. On cherche ses proches, on tombe, on tente de se relever, tombe de nouveau pour, parfois, assommé ne plus se relever.
Mary serre ses deux enfants contre elle, les battements de son coeur soulèvent sa poitrine. Elle sent les leurs sur son ventre. Elle sait qu'ils vont mourir. Tous les trois, ensemble.“