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Critique de Charybde2


Au filtre du désert, comme paysage et comme humanité, l'étonnante fusion d'une esthétique et d'une politique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/04/15/note-de-lecture-le-desert-allers-et-retours-raymond-depardon/

Fort peu de textes parviennent aussi bien à mêler de très près le livre d'art, le traité technique, la passion pour un certain type de paysages et de géographies, et le contenu politique sous-jacent de cette passion, de cette technique et de cet art, que les 110 pages de ce « le désert, allers et retours », long entretien du photographe et cinéaste Raymond Depardon avec l'écrivain et auteur Éric Hazan, entretien assorti de 70 photos et de 2 cartes, publié à La Fabrique en 2014.

Du Tchad à l'Arabie Saoudite, de l'Algérie au Mali et du Niger à la Mauritanie, de Djibouti à l'Égypte en passant par le Soudan, du Mexique à la Patagonie, de l'Arizona à l'Atacama, Raymond Depardon a multiplié au fil des années les traversées et les immersions, les imprégnations du paysage, bien sûr, les rencontres et les échanges peut-être aussi surtout. Parmi les superbes personnages minuscules croisés au hasard des oasis et des carrefours, les rebelles instinctifs ou analytiques, les figures tutélaires et les artistes, en face-à-face ou à travers des écrits surgissant au moment nécessaire, l'auteur évoque aussi avec plus ou moins de détails, Théodore MonodMéharées »), Wilfred Thesigerle Désert des déserts »), Gus van Sant (« Gerry »), ou encore Chris Marker (« Si j'avais quatre dromadaires »).

Il faudrait sans doute chercher du côté du véritable pendant fictionnel de cet ouvrage que constitue le magnifique et toujours trop méconnu « Mon cri de Tarzan » de Derek Munn (même si la savane s'y substitue largement au désert), ou du côté d'un récit documentaire à propos de Rimbaud, de louma et de causses, justement filmé lui-même à la louma, l'incroyable « le dormeur » de Didier Da Silva, pour ressentir avec une intensité comparable la fusion d'éléments techniques et esthétiques (le morceau de bravoure sur le grand angle et l' »enterrement de la caméra », par exemple) avec un contexte géopolitique toujours discrètement présent, et surtout avec une intimité humaine traitée sans emphase, avec la simplicité d'une évidence, mais avec toute sa juste puissance politique, précisément.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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