« Savoir qu'on n'a plus rien à espérer n'empêche pas de continuer à attendre » « a aussi écrit
Proust » dit le narrateur du livre «
Mon Maître et Mon Vainqueur » de François-René Désérable.
Et ce vers de
Verlaine «
Mon Maître et Mon Vainqueur » accompagne notre lecture.
Une lecture délicate, légère, fleurant la poésie, personnage à part entière du récit.
Celui
de l'amour fou, l'
amour passion de Vasco et Tina.
Celui de la déchirure de la rupture.
Deux hommes, une femme.
La raison, la passion.
Jusqu'à la déraison.
Jusqu'à l'ultime possible.
Jusqu'à l'impossible…
Un juge compulse le cahier de Vasco, essaye de décoder les
poèmes écrits et de comprendre ou pas l'état de l'homme en souffrance.
Le narrateur raconte sereinement, presqu'à mots feutrés, l'histoire de son ami, les actes, les lieux (une description de la BNF, des hôtels littéraires qui font rêver, des anecdotes (Hugo et son « Demain dès l'aube »…) les chemins aux noms édifiants pour les soins en psychiatrie à Sainte-Anne, etc…) et l'histoire est belle, tendre, triste comme un ciel gris où « les merveilleux nuages »…
Baudelaire,
Verlaine,
Rimbaud,
Aragon,
Stendhal,
Apollinaire … bercent l'histoire de leurs élans, de la beauté de leurs mots.
Ah! Cette phrase de
Verlaine après la mort de
Rimbaud : « Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et ne veut pas s'éteindre ».
L'
amour « par-dessus le toit berce sa palme » et demeure en sa puissance absolue telle que l'a vécue Vasco.
Un livre riche de références littéraires, un livre tout en sensibilité et tact, un livre que l'on repose et qui résonne.
Grand Prix de l'Académie française 2021