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Un petit bijou de délicatesse pour un sujet terriblement indigne et révoltant.
Une plume aussi belle que le sujet est abject.
Une couverture légère face à l'inhumanité écrasante de certaines vies et notre indifférence humiliante.
Nous devrions toujours rester du côté de l'effarement sous peine de ne devenir que de vils pantins automatisés et désarticulés.
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La narratrice s'adresse à elle, Madame, ce tas de chiffons qu'elle a croisé un jour sur les marches de la Basilique Saint Marc, en face du café Florian. Son fils lui tenait la main, à hauteur de misère.

Depuis, elle ne cesse de penser à cette pauvreté dans nos rues, et nous parle de ce mendiant de la boulangerie qu'elle croise tous les matins.

Sans fards, sans langue de bois ni faux-semblants, la narratrice nous donne à voir cette pauvreté à hauteur d'enfant. Comment leur expliquer ?

La répétition de l'apostrophe à Madame donne un corps à cette pauvreté.

La narratrice convoque également les pages de Victor Hugo et les sonnets de Baudelaire.

Une lecture qui vient nous démanger dans notre quotidien.

L'image que je retiendrai :

Celle de la narratrice appelant sébile un gobelet McDo.
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=1968
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Ma chronique: http://www.leslecturesdelily.com/2016/03/les-ames-et-les-enfants-dabord-ecrit.html#more

Extrait de mon avis:
Les âmes et les enfants d'abord est un roman rempli de compassion et d'empathie.
C'est l'histoire d'une femme (la narratrice) qui est en vacances à Venise avec son fils. Pas de détails sur la ville, pas de descriptions qui font rêver, non là, nous sommes dans la transmission des sentiments et non dans celle des paysages et couleurs qui font toute la beauté de ce lieu. L'enfant et sa maman rencontrent une personne, une dame sans domicile fixe, assise là, sur un bout de trottoir. Ils ne voient de cette inconnue que sa main qui dépasse d'un bout de tissu afin de quémander quelques pièces aux passants. La narratrice continue son chemin, un peu gênée par cette vision, mais une fois rentrée chez elle, l'image de la femme de la rue va constamment la hanter. Cela va lui permettre d'effectuer une remise en question sur elle-même, sur son comportement face aux personnes qui sont dans le besoin et d'analyser le pourquoi elle n'a eu aucune réaction et aucun geste pour aider cette femme.
Des immigrés aux sans-abri, des plus démunis aux mendiants, la narratrice nous parle de ces gens que l'on croise chaque jour et pour qui nous n'avons pas un seul regard. Comprendre pour se sentir mieux et pour transmettre à son fils l'importance d'un sourire, d'une pièce offerte avec générosité ou d'une petite attention qui peut réchauffer le coeur de la personne qui la reçoit.[...]

Pour lire la suite rdv sur mon blog www.lesleturesdelily.com
Lien : http://www.leslecturesdelily..
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Difficile d'exprimer mon ressenti à la lecture de ce texte tant les images qu'il renvoie et les questions qu'il pose sont douloureuses.
La réflexion de l'auteur oscille entre cruel réalisme, culpabilité latente et compassion la plus sincère. Elle restitue au plus juste des mots l'effroi suscité par cette cour des miracles sous nos yeux, le dur contraste entre misère et opulence indécente mais se garde bien de donner une leçon (pas plus qu'elle n'offre de solutions - y en a-t-il ?).
Le texte, court mais fort, résonne de poésie, emprunte ses paroles à Victor Hugo et frappe au creux de l'estomac : sommes nous si inhumains, si déshumanisés en croyant se donner bonne conscience lorsqu'on lâche quelques centimes dans une sébille ?
A mettre entre toutes les mains, pour réfléchir.
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« Les âmes et les enfants d'abord » Isabelle Desesquelles (Belfond 105p.)
Lettre ouverte (non postée)
Madame Desesquelles
D'abord permettez moi une réflexion en forme de question (mais ce n'est pas la première fois que je me la pose) : la littérature a-t-elle un sexe ? Bien que partageant modestement l'avis de Belinda Cannone, ma figure féministe de référence (grosso modo : « les différences de personnes, interindividuelles, sont plus prégnantes que les différences de genres ») je finirais presque par penser que oui, en tous cas la vôtre ; avant de commencer ce court récit, j'ai jeté un oeil sur Babélio : 16 critiques, dont 15 de lectrices, une seule d'un lecteur… Ce qui donne matière à réfléchir, avant même de vous lire.
Ensuite, je vous en veux. de quel droit avez-vous volé mes mots ? Ou plutôt, qu'est-ce qui vous autorise ainsi à écrire, avec talent, des mots que je ne sais, que je n'ose, que je ne peux ni ne veux écrire ? Des mots qui m'embêtent, mais qui sont les miens, des ressentis qui me chahutent, moi ? Car enfin, face à cette mendiante croisée un jour dans un hiver vénitien, et qui vous poursuit de son regard absent, de sa main tendue, de sa pauvreté insupportable, de ses vêtements en loques, et dont le souvenir vous taraude et vous bouscule à chaque nouveau pauvre croisé dans les rues de Paris, face à chaque nouvelle question de votre enfant à propos de ces incompréhensibles injustices, à chaque étalage indécent de richesses aussi obscènes qu'inutiles quand la faim tord des ventres en bas de chez vous, face à tous cela, vous dites « Je »… Alors que ce « Je » que vous évoquez, c'est bien moi (nous) ! C'est bien mon (notre) regard fuyant dont vous me (nous) renvoyez l'image, c'est bien de ma (notre) surdité égoïste dont vous parlez. Ces arguments qui n'en sont pas, ces excuses à ne rien faire, à s'enfermer dans mon (notre) confort, ce sont les miens (les nôtres). Cette culpabilité qu'on cherche à effacer, c'est bien la mienne.
Madame Desesquelles, vous me (nous) dérangez ! Vos mots qui semblent a priori si autobiographiques, me (nous) secouent. Vous perturbez ma (notre) sieste satisfaite, vous titillez inconsidérément ma (notre) lâcheté.
Mais, au fait, n'est-ce pas justement le travail d'un écrivain de talent, de tout véritable auteur, de me (nous) déranger ? Il n'y a parfois même pas besoin d'en faire tout un roman, vous y êtes fort bien parvenue ici sans chercher la fiction.
Alors, finalement, merci Madame Desquelles de m'avoir secoué un moment. Ce que je vais faire de cette secousse ? Je n'en sais rien, et d'ailleurs la blessure était déjà là, vous avez juste mis le doigt (vos mots) dessus, au moins en ravivant un peu la plaie, vous me rappelez qu'en dehors de mon aquarium confortable, dans la jungle au pas de ma porte, ou juste à ma frontière…
Merci pour cela, Madame Desesquelles.
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Quelle belle lucidité nous offre Isabelle Desesquelles avec ce texte ! Misère, individualisme et culpabilité se côtoient, dépeints avec justesse dans une société où rien ne prédispose à l'abnégation.
Mme Desesquelles fait preuve d'une honnêteté intellectuelle qui force l'admiration.
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Venise. Place Saint Marc. Une forme à terre ou plutôt un amas de guenilles qui couvre une femme. Elle tend sa paume "ouverte vers un ciel aveugle" au passage de la narratrice accompagné de son fils. Cette femme qu'Isabelle Desesquelles appelle Madame est une mendiante ( et il ne faut pas voir de l'ironie dans cette dénomination de la part de l'auteure).

Nous croisons forcément dans des différents lieux ces mains ou ces verres en plastique en guise de sébile. Quel est est notre regard, notre pensée ? Que fait-on ?
Sujet tabou, délicat même difficile. On peut se chercher des excuses, se donner bonne conscience et puis on oublie jusqu'à la prochaine personne qui elle-aussi demandera quelques pièces.

Ce court texte nous questionne, nous renvoie à nous-mêmes. Il n' a y aucun jugement de porté. Non, juste ces situations et les constats d'un monde fracturé. Il n'y a pas non plus de solution miracle ou utopiste d'apportée ou de préconisée.
Que dit-on à nos enfants comme la narratrice devant la pauvreté? Qu'on n'y peut rien, que ce n'est pas de notre ressort? Crier ou chuchoter honteusement notre impuissance ?

Après un début où l'auteur cherche un peu son style, viennent l'humilité, le respect et des phrases qui sont des uppercuts, et au fil des pages on ressent toute l'humanité de l'auteure.
Plus que marquante, cette lecture est nécessaire.
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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Des récits, j'en lis peu. Je préfère les romans, je préfère la fiction, je préfère croire que ce que me racontent les auteurs ne peut exister, ne peut être réel. Sauf que dans ce livre, c'est notre réalité, notre société qu'Isabelle Desesquelles observe.

Alors que ses pas croisent une mendiante à Venise, au milieu de tous ces touristes bourrés d'argent, au milieu d'une place Saint Marc envahie de costumes, la réalité s'expose, la misère se dévoile. Alors, comme pour exorciser, Isabelle Desesquelles raconte combien cette vision bouleversa les mois et les années qui suivirent, son rapport aux mendiants, aux SDF, à ceux qui restent dehors quand nous fermons les portes de nos appartements surchauffés.

Isabelle Desesquelles, dans ce récit, pose un regard ironique, cynique et sans concession sur notre société mue par l'argent et l'appat du gain. Elle nous aide à ouvrir les yeux sur ceux qui parsèment nos virées de shopping, nos courses quotidiennes et desquels nous préférons bien souvent détourner le regard. Pas vu, pas pris, pas réels.

Alors que les migrants tentant de rejoindre l'eldorado européens sont de plus en plus nombreux à périr à bord de canaux de sauvetage au milieu de la Méditerranée, voilà un ouvrage qui remet de l'humanité dans nos âmes et qui redonne à ces êtres invisibles une place dans notre monde.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Un soir d'hiver à Venise, devant la basilique de la Place Saint Marc, la romancière se trouve face à un tas de chiffons qui gêne l'entrée. L'effroi la gagne quand elle réalise qu'il s'agit d'un être humain. "A moins de vingt mètres de votre main, on protège les mosaïques avec des tapis, pendant que vous restez à même le sol par moins cinq degrés".
Ce genre d'effroi, nous l'avons tous eu. Notre conscience nous a titillés un moment mais nous avons continué notre chemin, impuissants et honteux. Au mieux, nous avons donné quelques pièces avant de tourner la tête dans une autre direction.
Je ne vis pas dans un lieu ou je suis confrontée au quotidien à cette misère. Mes enfants n'ont pas côtoyé des "pauvres" en allant à l'école chaque matin. La narratrice, en revanche, doit passer devant des mendiants chaque jour. Elle tremble à l'idée que bientôt, il s'habituera comme nous tous à ce triste spectacle.
"Le chemin de l'école redevient une cour des miracles que pas un enfant ne devrait traverser. Pour grandir, il lui faudra d'abord regarder le malheur dans les yeux. Tout comme ses parents, il s'y habituera vite, et arrivera le moment où la misère le dépassera.
Elle est où l'humanité ?"
Pour la dame de Venise, pour son enfant, pour nous tous, Isabelle Desesquelle a rédigé ce petit texte poétique, comme une bouteille à la mer. Cette bouteille je l'ai ouverte mais que vais-je faire du message que j'y ai trouvé ? le faire suivre, le coeur lourd, en vous encourageant à faire de même. Ce n'est que par une prise de conscience collective qu'un jour, peut-être, les choses bougeront.
Une centaine de pages qui en disent long sur l'inhumanité de notre monde. Un récit lucide mais non moralisateur, à mettre dans toutes les mains.
Lien : http://www.sylire.com/2016/0..
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Un court récit qui nous fait réfléchir sur notre habitude de croiser la misère sans plus nous apercevoir. La narratrice en comme hantée, non pas par la première personne sans-abri qu'elle a croisée, mais par cette femme croisée sur le parvis d'une église lors d'un séjour touristique à Venise. Notre vision de ces personnes dans le besoin, mais aussi ce qu'en comprennent les enfants fait réfléchir...
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