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3,58

sur 1881 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
CHALLENGE ATOUT PRIX 2015/2016 (20/20)

Prix Renaudot - Général - 2010

Pardonnez mon manque de culture mais Virginie Despentes, je ne connaissais pas. Parcourant ma PAL monumentale faite souvent de livres troqués ou achetés dans des brocantes, à la recherche d'un prix littéraire pour terminer mon challenge Atout Prix, voilà que je tombe sur ce roman à la couverture jaune fluo et au titre plutôt marrant qui m'évoquait les tribulations d'une mère de famille et de sa progéniture... Ceux qui connaissent comprendront ma méprise. Ma lecture terminée, en me penchant sur sa biographie, je découvre que cette auteure est spécialisée dans le trash et je ne peux désormais que confirmer.

Je suis pourtant entrée très facilement dans l'histoire de Lucie, cette détective privée plutôt banale, chargée par la grand-mère qui la soupçonne de mener une double vie, de suivre Valentine, une adolescente issue d'un milieu bourgeois. Cette dernière ayant échappé à sa vigilance s'est évanouie dans Paris, Lucie se voit donc obligée de partir à sa recherche. Doutant de ses compétences, elle s'adjoint les services de La Hyène, jeune femme aux multiples contacts en tout genre et spécialiste de la traque. La longue descente aux enfers peut commencer car l'adolescente pour oublier sa solitude et le manque d'intérêt de sa famille se réfugie dans le sexe et la drogue et fréquente les milieux les plus sombres.

Virginie Despentes nous dépeint une société moderne dans tout ce qu'elle a de plus laid, où il est très facile pour des jeunes livrés à eux-mêmes de se laisser entrainer dans toutes les dérives. Rien ne trouve grâce aux yeux de l'auteure à part les relations homosexuelles féminines qui occupent une grande partie du roman. Pourtant, malgré la débauche et la violence décrites, j'ai quand même apprécié l'écriture où perce un humour caustique et la finesse de la plume lorsqu'elle n'est pas trempée dans le vitriol. J'ai aimé aussi la construction du roman où les chapitres avec Lucie comme narratrice de son enquête, alternent avec les portraits des différents personnages qui ont côtoyé Valentine.
Ce roman très dense est à la fois un polar d'une noirceur parfois insoutenable et une satire sociale sans concession où l'on s'aperçoit que la richesse ne comble pas le désespoir du cœur chez les adolescents. Évidemment, il faut aller au bout de la lecture pour comprendre le titre. Une lecture assez particulière à laquelle j'accorde un 13/20.

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Valentine a disparu. Fugue, enlèvement, meurtre? Pour Lucie, détective privée, il ne va plus s'agir de la suivre mais de la retrouver. La prime justifie les moyens : elle se fait aider par la Hyène, dont le surnom est à l'image du personnage.
On est alors embarqué dans un tourbillon de personnages plus déglingués les uns que les autres, chacun bien droit dans les bottes de sa propre logique, sur les traces de cette gamine paumée, égarée au sein de sa famille tuyau-de -poêle.
Personne n'y échappe. Avec une acuité cynique et clairvoyante, Virginie Despentes dézingue. Les bourges, les ratés, les nantis, les pauvres, les cons et les intelligents, tous dans le même panier. C'est toute notre société qui est passée au décapant, non dilué.

Le style est abrupt, mais adroit, les dialogues plus vrais que nature. Ni métaphore ni euphémisme, du brut de décoffrage. Et ma réticence à le lire (mes précédentes incursions dans l'univers de l'auteure n'avaient pas été, loin s'en faut, une expérience extatique) s'est trouvée métamorphosée en un vrai plaisir de lecture, d'autant que le mystère de la disparition de la gamine agit comme une carotte devant le nez d'un âne.

Même si l'on est conscient de ne pas vivre au pays de Candy, ou des Bisounours, il est certain cependant que cette vision du monde est celle du verre à moitié vide. Et il vaut mieux ne pas être trop dépressif pour ressortir indemne de ce type de roman.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Despentes met son enquêtrice préférée, La Hyène, motarde cloutée, homo inconditionnelle, à la fois nounou cynique et semeuse de trouble bienveillante, sur les traces d'une ado rebelle, Valentine - et surtout paumée- qui est tellement à l'ouest qu'elle devient un danger potentiel pour elle...et pour les autres: cette petite-là, entre de mauvaises mains, c'est de la dynamite...

Comme à son habitude, V.D. émaille son enquête de portraits pleins de chair et de relief, focalisant son récit sur une pléiade de personnages auxquels on s'attache, chemin faisant, et qui sont autant de minis voyages dans le grand périple de l'enquête elle-même, - son récit...ou plutôt celui de son avatar, la timide Lucie, narratrice et "privée" à la gomme qui a bien besoin d'un coup de main, voire d'un coup, tout court, un bon, si possible, pour sortir de sa léthargie de gourdasse hétéro...Heureusement, il y a Barcelone, La Hyène attentive et ses amazones secourables...La gourdasse va être très vite initiée à une autre vie...

Sautera, sautera pas? Entre Valentine et Lucie, le lecteur a du grain à moudre...même si la fin est un peu...téléphonée, si je puis me permettre d' utiliser cette expression..

Au passage V.D. sème à tout vent et à tout va des petits bouts de son existence à elle dans des existences étrangères : celle d' un écrivain "sans réseaux", celle d'une hétéro sans éclat qui soudain a la révélation du saphisme, comme Claudel celle du Christ, derrière son 13ème pilier, celle encore d' une ado sans amour qui voudrait tant qu'on fasse attention à elle qu'elle se perd dans les drogues, le sexe, s'abîme dans le viol, la prostitution et pire encore, au risque de ne se retrouver jamais..

Tout n'est pas rose, tant s'en faut, dans cette odyssée policière, dans cette autobiographie déguisée, mais il y a toujours l'humour grinçant, le parler trash, les formules à l'emporte-pièce de V.D. pour faire rire ou sourire même aux heures les plus noires.

Il y a quelques longueurs, quelques redites aussi, quand le récit change de focale et qu'on reprend la trame en rétropédalage inversé, comme si on ne pouvait comprendre les ellipses sans remettre pesamment les points sur les "i"......

Dans un genre assez proche, j'ai préféré Subutex 3, roman choral lui aussi, mais plus rapide, plus rythmé , plus abouti- et lui aussi une ode noire et sans garde-fou aux sombres temps des Assassins dont nous avons franchi les portes d'airain en janvier 2015..

Prémonitoire, mais encore un peu trop "apocalyptique" pour y croire, Apocalyse Bébé est encore quelques coudées en-dessous.

Subutex 3 a, lui, le redoutable privilège d'avoir été écrit après l'apocalypse, la vraie, celle de janvier 2015 et celle du 13 novembre.Apocalypse Bébé ne faisait que la pressentir, d'où son irréalité apparente...

Le pire est toujours difficile à prévoir, même dans un roman.
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Je découvre sur le tard Virginie Despentes, après une première incursion plus que réussie dans son oeuvre avec la découverte du formidable Vernon Subutex. Après cet Apocalypse bébé, je commence à me demander s'il ne vaut pas mieux découvrir cette auteure "dans l'ordre", brique après brique, car j'ai eu la sensation que cet Apocalypse était une étape préliminaire d'une construction systémique plus vaste et plus aboutie dont Vernon Subutex serait l'acmé.
D'abord parce qu'y est développé l'incroyable personnage de la hyène, que l'on retrouve dans Vernon, et qui prend ici toute sa puissance et son sombre éclat.
Ensuite parce que déjà se suivent dans Apocalypse les portraits fouillés des personnages saisis dans leur réalisme sans fard, le froid modernisme d'une urbanité glauque et les analyses implacables d'une violence sociale observée depuis différents points de vue.
Mais également parce que l'ensemble est moins réussi, moins serein dans le regard, avec un final un peu too much que je n'ai pas trouvé cohérent avec le parcours de Valentyne, pas assez paumée pour ça.
Toujours est-il qu'on a là une auteure qui a des choses à dire à voix haute et le regard droit, des choses qui ne sont pas écrites comme ça ailleurs, et pour cela je vais continuer de loin en loin à la lire avec intérêt.
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Une plume incisive et crue que celle de Despentes... et j'adore ça !!! Pas de détours, pas de demi-mots, pas flafla... ça va droit au but, et j'adore ça. Cela peut heurter quelques sensibilités, mais bon, quand on sait qui est Despentes et ce qu'elle a fait, on joue le jeu et on s'y attends... Un rythme soutenu, des images fortes, une intrigue plus que captivante, un personnage principal qu'on aime.... Bref, super moment que j'ai passé.... et puis, ça se lit très rapidement !!
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Paris, Barcelone : deux détectives privées traquent une ado fugueuse, fille d'un romancier.
Ça, ce n'est que la trame de l'intrigue.
Son fil de chaîne, lui, est tissé d'innombrables rencontres, depuis les groupes de musique hardcore jusqu'à l'ultragauche, en passant par les salafistes de banlieue et la grande bourgeoisie parisienne.
À chaque étape on entend la voix de personnages hauts en couleur, dont le passé est détaillé, la personnalité exposée, disséquée, nous offrant un panorama fascinant et impitoyable de la société française des années 2000.
C'est le petit reproche que je ferais à ce roman : à force de vouloir coller à la réalité d'une époque, certains passages ont mal vieilli.
Mais c'est bien le seul reproche. Car Despentes, clairement, s'inspire de ses propres expériences pour dépeindre toute la violence de cette société.
D'ailleurs la fin du roman s'ouvre sur une dystopie d'autant plus effrayante qu'on peut en apercevoir des prémices aujourd'hui.
L'écriture m'avait ébouriffée dans King Kong Théorie. Ici dès les premières lignes le style est trépidant, essoufflé presque, et pour pouvoir tordre ainsi la langue Virginie Despentes montre à quel point elle la maîtrise superbement.
Challenge Départements (Meurthe-et-Moselle)
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Mon premier Despentes, et sans doute pas le dernier, car j'ai beaucoup aimé Apocalypse bébé.

Lucie, une détective privée assez minable, est chargée par sa grand mère de surveiller Valentine, une adolescente à problèmes. Mais quand celle-ci disparaît, elle va devoir la retrouver avec l'aide de la hyène, une enquêtrice hyper douée à la personnalité explosive.
Au fil de leurs recherches, Virginie Despentes dresse une galerie de portraits incroyables dans un style qui n'appartient qu'à elle. On s'attache à ces personnages à fleur de peau, cabossés par la vie. On passe de l'humour au désespoir. La construction du livre est parfois un peu déconcertante, mais chaque épisode de cette chronique sociale vaut le détour, jusqu'à la fin qui est absolument époustouflante et fait prendre son sens à l'ensemble. Je ne m'attendais pas à cela au vu du titre du livre et j'ai été bluffée.
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Comment continuer à vivre quand on a la lucidité de Virginie Despentes ?

Non qu'elle soit dure ; je la dirais même plutôt indulgente malgré ses yeux lasers qui traquent l'humain jusqu'en ses tréfonds les plus anthracite.

Tout sonne vrai dans "Apocalypse bébé", et pourtant les personnages sont presque tous des archétypes, depuis celui de l'adolescente malaimée à celui des faux gauchistes, des paumés en tous genres (drogués, musiciens de heavy metal, terreurs de banlieue), des lesbiennes, des hétéros, des écrivains ratés... Sans compter les clivages sociaux, barrières infranchissables plantées entre les hommes.

Ce qui est toujours aussi fascinant, chez Despentes, c'est la rigueur et la précision avec lesquelles elle donne à voir le fonctionnement des groupes, cercles, familles, meutes : on croit entendre le frottement métallique des rouages en action, des crans s'interpénètrant le long de la chaîne en mouvement : en sortent les individus, plus ou moins amochés, plus ou moins finement broyés, si ce n'est, comme ça arrive, totalement décérébrés.

Car le réel est difficile à regarder en face.
L'espérance en prend un sacré coup.
Comment rester debout, comment supporter ?

Eh bien ! la compassion, camarade... Oui, la compassion, qui au fond ne fait qu'un avec l'amour : la seule chose qu'il faut poursuivre envers et contre tout, nous suggère l'auteure. Non qu'elle le dise carrément. Mais ça émane...



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Pour ceux qui ont lu la trilogie Vernon Subutex, ils auront la joie de retrouver la Hyène sur une enquête de disparition d'ado, l'auteure distille les moments croustillants à souhait tout au long du voyage qu'elle nous propose entre Barcelone et Paris. Des personnages hauts en couleurs, des situations savoureuses, ce livre est du Virginie Despentes pur jus, un moment de bonheur et de détente pour beaucoup, un moment vulgos et de peu d'intérêts pour d'autres.
Pour ma part je conseille, ça fait du bien de péter un coup des fois ;)

Très bon moment passé dans ces feuilles.
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Valentine, ado issue d'un milieu bourgeois et parisien, a disparu. Une détective, ni très douée ni très motivée, part à sa recherche. Elle est aidée en cela par la Hyène, privée aux méthodes peu orthodoxes. La recherche de la jeune fille va les mener de Paris à Barcelone.
On retrouve donc dans ce livre le personnage (atypique !) de la Hyène que l'auteur reprendra dans Vernon.
Après la trilogie Vernon, je poursuis à rebours ma lecture de Virginie Despentes.
Comme dans Vernon, la fin du roman ne m'a guère convaincue voire déçue, mais ce n'est pas très grave car sinon quel plaisir de lecture ! C'est vivant, fluide, très facile à lire. Les formules claquent, la plume est acérée. Virginie Despentes a un don pour camper un personnage en quelques lignes. Il y a aussi beaucoup d'humour….noir souvent !
Apocalypse Bebe me semble moins abouti que Vernon mais j'y ai retrouvé avec grand plaisir la plume de cet auteur.
Pour ceux qui aiment les belles histoires et les héros positifs, passez votre chemin. Pour les autres je recommande !
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