Aaah, ça m'avait manqué ! L'optimisme à toute épreuve, la joie de vivre et le ton exalté qui caractérisent cette sacrée boute-en-train de
Virginie Despentes ! Depuis que j'avais quitté Vernon en 2018, je n'avais plus goûté à cette fraicheur ni à cette légèreté.
Il était grand temps d'y revenir pour achever sur une note positive cette belle année 2020 !
Quel enchantement, quel plaisir de suivre Valentine au long de ses pérégrinations, de humer de loin en loin son délicat parfum de jeune fille candide !
Au début de ce joli conte métaphorique, la voilà qui décide en effet de prendre la poudre d'escampette pour partir à la découverte du vaste monde, et nous lecteurs sommes sur ses talons.
Ah, la friponne, ah les joies de l'école buissonnière !
Et que dire des deux sympathiques inspectrices chargées par la famille de Valentine de suivre discrètement la trace de la charmante bambine (qui sait, la pauvrette pourrait faire de mauvaises rencontres ?)
L'une des deux enquêtrices - répondant au doux surnom de la Hyène - m'était d'ailleurs connue depuis le trilogie Subutex, et j'ai été ravi d'avoir de ses nouvelles, de l'entendre développer à mots choisis sa jolie rhétorique ou étayer en finesse, pudeur et élégance sa philosophie de vie toujours empreinte de tolérance, de juste mesure et de sérénité.
Apocalypse bébé : le feel-good book qu'il vous faut, pile-poil dans l'esprit de Noël, à offrir d'urgence à vos proches de 7 à 77 ans !
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[ Et là vous vous dites : il n'a rien compris au bouquin, le pauvre garçon !
Sisi je vous rassure, j'ai tout bien compris ... et j'ai quand même beaucoup aimé ! Je voulais juste éviter d'en rajouter, en ces temps moroses, avec la noirceur générale et absolue du présent roman (une vraie fresque à la Pierre Soulage !), l'acidité des sujets de société abordés, la déprimante caricature de notre monde occidental décadent, l'échec de l'intégration, le spectre du terrorisme, les dérives des réseaux sociaux ("cet anonymat crapuleux, litanie d'insultes obstinées, délivrées par des incompétents, [...] le dixième cercle de l'enfer"), la vacuité morale et intellectuelle des élites, le cynisme omniprésent et les réflexions acerbes qui claquent page après page avec la douceur d'un reflux gastrique...
Nouvelle galerie des horreurs à la Despentes, nouvelle photographie glaçante d'une époque agitée et nouveau plaisir de lecture délicieusement licencieux.
A consommer tout de même avec modération. ]