Citations sur Bye Bye Blondie (130)
Elle a poussé la porte d'en bas, cage d'escalier, ça lui démontait la poitrine : souvenirs à l'assaut, pêle-mêle. Kaléidoscope d'impressions, éclats de voix, chuchotements et souvenirs divers, entrechoqués, elle a monté les marches jusque chez eux, surprise par la netteté autant que par l'anarchie vivace des bribes d'instants passés ensemble. "Tous les deux", ces trois mots valsaient dans son coeur, et la remplissaient de ferveur. Rien ne pouvait les séparer. Et surement pas quelques années.
« Et à votre avis, pourquoi refusez-vous d’être une femme ? »
Gloria pensa à garder tout commentaire pour elle-même. Alors comme ça, accepter d’être une femme, c’est prendre des coups sans vouloir les rendre. OK, connard, bien entendu.
Il voulait jouer contre le reste du monde, avoir raison contre toutes les évidences, il pensait que c'était ça, l'amour. Il voulais prendre ce risque avec elle, et qu'ils arrivent sur l'autre rive, sains et saufs
Elle n'était plus ni furieuse, ni triste, ni coupable. Elle était blanche, comme en suspens, ou comme vidée. Elle était retranchée, quelque part tapie en elle-même. Pareil qu'au bord d'une eau glaciale, ou d'un torrent trop pollué, duquel on s'éloigne, prudemment.
Il avait pris ce visage, qu'elle provoquerait souvent par bien des moyens chez d'autres hommes, la gueule du mec qui est désolé mais qui va foutre en l'air ta vie.
Elle connaît cette chanson, à force, elle la connaît par coeur. La douleur ne se fait pas moins intense avec l'âge, au contraire. Mais elle sait qu'il n'y a rien à faire, à part attendre, jour après jour, attendre que ça devienne supportable.
Encore un truc brisé, comme d'hab, encore un truc raté.
J'étais désolée qu'il ne comprenne rien, je ne voulais pas que ça se passe comme ça. J'aurais voulu savoir le consoler le serrer dans mes bras lui dire ce qu'il attendait être ce qu'il attendait, l'être spontanément. Je ne voulais pas faire pleurer mon père mais je ne voulais pas non plus crever vive écrabouillée dans la vie qu'il voulait pour moi.
il faut aux évènements cruciaux un peu de temps pour s'épanouir, comme une plante dans l'âme, porter leur fruits et se déclarer dans la réalité.
Elle s'est sentie méchamment bête, une connasse de l'enfer. D'avoir attendu avec toute cette confiance. De s'être sentie aussi bien avec lui. D'y avoir cru, ne serait-ce qu'une seule seconde, imaginé que ça pouvait lui arriver, un joli truc, lumineux et pas compliqué. "Pauvre connasse", se répétait-elle, "ça t'apprendra à vivre, pauvre pute imbécile".
Parcours jonché des mêmes enseignes que si elle marchait dans n'importe quelle ville d'Europe : Footlocker, Pimkie, H&M, Body Shop… des vitrines moches, trop éclairées, aseptisées. Jamais rien de mal foutu, de traviole ou de surprenant.